CULTE DE LA MOISSON – CULTE D'ACTIONS DE GRACES

(Prêché à Glain, le dimanche  25 octobre 2015 par le pasteur Claude Besson) (Retranscrit dans un style parlé) CB/sa 

 

Je suis admiratif de ce culte d'actions de grâces, ce culte de reconnaissance. On perd parfois ce simple geste et cette simple relation où nous pouvons dire à Dieu : "Seigneur, je te rends grâces."

 

En pensant à ce culte, j'ai pensé à un passage où Paul a prêché à des non-chrétiens, et où il était question du Dieu qui leur donne des moissons.

 

J'aimerais lire avec vous un passage de la Parole de Dieu dans Actes 14:8-19 : "A Lystre, un homme impotent des pieds se tenait assis; il était infirme de naissance et n'avait jamais marché. Il écoutait Paul parler. Celui-ci fixa les regards sur lui et, voyant qu'il avait la foi pour être sauvé, il lui dit d'une voix forte: Lève-toi droit sur tes pieds! Il se leva d'un bond et se mit à marcher. A la vue de ce que Paul avait fait, la foule se mit à dire tout haut en lycaonien: Les dieux sont descendus vers nous sous une forme humaine. Ils appelaient Barnabas Zeus, et Paul Hermès, parce que c'était lui qui prenait la parole. Le prêtre de Zeus, dont le temple était à l'entrée de la ville, amena des taureaux avec des guirlandes vers les portes. Il voulait, de même que la foule, offrir un sacrifice.  Quand ils apprirent cela, les apôtres Barnabas et Paul déchirèrent leurs vêtements et se précipitèrent vers la foule en s'écriant: Pourquoi faites-vous cela? Nous aussi, nous sommes des êtres humains de la même nature que vous, et nous vous apportons une bonne nouvelle en vous appelant à renoncer à ces idoles sans consistance pour vous tourner vers le Dieu vivant qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve. Dans les générations passées, il a laissé toutes les nations suivre leurs propres voies. Pourtant, il n'a pas cessé de rendre témoignage à ce qu'il est par le bien qu'il fait: il vous envoie du ciel les pluies et les saisons fertiles, il vous comble de nourriture et remplit votre cœur de joie. C’est à peine s’ils purent, par ces paroles, empêcher la foule de leur offrir un sacrifice. Alors arrivèrent d'Antioche et d'Iconium des Juifs qui gagnèrent la foule. Après avoir lapidé Paul, ils le traînèrent hors de la ville, pensant qu'il était mort."

 

Prions: "Seigneur, que ta Parole soit semée dans des cœurs qui sont préparés. Pardonne-nous pour la dureté et pour l'incrédulité que tu peux lire dans nos cœurs. Seigneur, nous voulons être touchés par la parabole du semeur, que cette Parole ne tombe pas dans le chemin extérieur, qu'elle ne tombe pas non plus dans une terre peu profonde, qu'elle ne soit pas étouffée par les ronces et par les épines des préoccupations. Seigneur, nous te demandons que notre cœur soit une bonne terre et que ta Parole puisse produire du fruit. Seigneur, je te le demande au nom de Jésus. Amen."

 

Relisons le v.17: "Pourtant, il n'a pas cessé de rendre témoignage à ce qu'il est par le bien qu'il fait: il vous envoie du ciel les pluies et les saisons fertiles, il vous comble de nourriture et remplit votre cœur de joie." Ce verset est universel et normalement, tous les êtres humains devraient rendre gloire à Dieu pour ces bienfaits-là.

 

Mais universellement, c'est une autre musique qu'on entend: "Si Dieu existait, pourquoi y a-t-il tant de mal?" C'est étonnant que le mal nous interpelle, mais que le bien, on l'attribue rarement à Dieu. Si on suit ce raisonnement, on pourrait dire alors que "Dieu est méchant". Quelle horreur de penser cela! C'est bizarre aussi d'avoir une propension à adresser à Dieu des plaintes et des accusations pour le mal, et rarement spontanément à nous tourner vers lui pour le remercier pour le bien qu'on reçoit.

 

C'est là le problème du péché et c'est une manifestation claire qu'on a un gros problème avec Dieu. Nous sommes prompts à lui attribuer tous les maux et prompts à ne jamais lui accorder ce qui lui revient de droit.

 

Il n'empêche qu'en relisant ce passage, il y a un mot qui m'a interpellé et qui revient cinq fois, c'est le mot "foule".

 

A  Lystre, il y a une foule qui écoute, qui réagit et qui est manipulée. Et simplement je me dis que pour que cette reconnaissance authentique soit au cœur de nos vies, bien sûr, il faut l'action de Jésus-Christ dans nos vies, mais cette action de Jésus-Christ, elle ne s'établit pas en nous d'une manière superficielle. Il faut sortir de la foule pour que ces vérités soient profondément en nous.

 

Dans ce passage, nous voyons que la foule ne s'est finalement pas laissé toucher par Dieu. Pour nous attacher au Dieu que nous révèle la Bible, le Créateur de toute chose et le Sauveur de tout homme, il nous faut sortir de la foule, parce que la foule est émotionnelle, la foule est superficielle et la foule est impersonnelle.

 

Et nous, si nous sommes émotionnels, superficiels et impersonnels, l'Evangile n'aura aucun impact dans nos vies. Les reconnaissances que nous pourrions adresser à Dieu seront très superficielles, très circonstancielles et rien ne se passera dans nos existences.

 

I. LA FOULE EST EMOTIONNELLE, L'EVANGILE CHERCHE L'INTELLIGENCE

 

Je vais presque être provocateur en disant que l'Evangile est rationnel. Selon Dieu, bien sûr, l'Evangile est rationnel, et c'est une logique de Dieu, c'est une sagesse de Dieu. Mais parfois, l'homme se contente de l'émotion et il se laisse guider parfois, et même souvent, par l'émotion.

 

Dans la ville de Lystre, la guérison d'un homme impotent depuis sa naissance chamboule toute une population. Paul et Barnabas sont tout de suite promus au rang de divinité. On voit par là que les émotions fortes ne nous rendent pas toujours très intelligents. Et cette même foule, sous le coup d'une autre émotion, les lapidera dans la même journée (v.19).

 

Paul et Barnabas, dans la même journée, ont donc été déclarés dieux et condamnés à mort à cause des émotions. Par là, nous voyons que les émotions peuvent nous jouer de mauvais tours et nous amener dans des oppositions incroyables.

 

L'émotionnel peut se traduire aussi par de l'admiration sans borne et sans discernement.

 

L'émotionnel peut se traduire aussi par de l'indignation manipulée. On ne dit rien du discours de ceux qui ont incité la foule à changer d'opinion, mais ils ont réussi à retourner cette foule en un rien de temps. Une foule qui est guidée par des émotions est très manipulable.

 

J'ai lu qu'à Lystre, on était animé d'une superstition. On croyait en une légende ancienne selon laquelle les dieux avaient visité Lystre. Comme personne ne leur avait offert l'hospitalité, à part un couple âgé, les dieux étaient mécontents de l'accueil et ils avaient tué les  habitants et récompensé ce couple.

 

Dans cette ville, il y avait une peur culturelle et une superstition, et la foule était très sensible à cela. Cette peur provoquait des réactions qui n'étaient pas celles que Dieu voulait ou par lesquelles il allait amener l'Evangile. La peur nous amène à faire des choses qui ne sont pas intelligentes.

 

Dès lors, la frousse amène la foule à faire de Paul et Barnabas des quasi-dieux qu'il vaut mieux accueillir et qu'il faut apaiser par des sacrifices païens.

 

Si on  ne fonctionne qu'à l'émotion, on ne peut pas s'attendre à ce que l'Evangile fasse son chemin dans les coeurs. Dès lors, comme la foule est émotionnelle, sortons de la foule.

 

II. LA FOULE EST SUPERFICIELLE, L'EVANGILE CHERCHE LA PROFONDEUR

 

L'émotionnel est passager et n'amène pas les décisions en profondeur. L'émotion peut ne toucher que la surface des cœurs.

 

Cependant, c'est vrai que la peur peut susciter de vraies questions salutaires.

 

Avec mon épouse, nous avons annoncé l'Evangile à un jeune homme qui avait dix-sept ans à l'époque et qui a une trentaine d'années aujourd'hui. Il a pris une décision pour le Seigneur, mais il n'est jamais allé plus loin.

 

Cet homme a multiplié les accidents de roulage en état d'ébriété. Après chaque accident il disait : "Il faut que j'arrête mes bêtises, cette fois, j'ai compris la leçon." Et comme il est "croyant", il ajoutait qu'il devait mettre sa vie en ordre avec Dieu. Mais une fois que l'émotion et que la peur étaient passées, il recommençait parce que sa peur était superficielle. Sa résolution, qui était motivée par la peur du moment, n'était que superficielle et sans lendemain.

 

Il faut souligner que dans le cas de ce jeune homme, le puissant moteur de sa vie, et notamment de ses sorties enivrantes, c'est son groupe de copains. Pour que sa remise en question soit profonde et suivie d'effet, il faudrait qu'il se libère de la pression du groupe.

 

Je ne dis pas qu'on doive se retirer de toute relation sociale, mais il ne faut pas que nos relations soient tellement importantes et puissantes qu'elles nous empêchent de prendre de bonnes décisions et qu'elles empêchent une vraie remise en question.

 

La foule est superficielle et nous rend superficiels dans nos résolutions personnelles.

 

Dans le passage que nous avons lu, la foule est suiviste. Elle suit le prêtre dans son initiative de sacrifice (v.13). Elle a l'air de suivre un moment Paul et Barnabas. Et finalement, elle suit ceux qui lapident les apôtres.

 

Une église peut être une foule, et notre assurance peut venir du fait que nous suivons cette foule, même si elle est chrétienne. Il faut faire attention si on est des suiveurs, y compris à l'église, parce qu'on peut très vite tomber dans la superficialité.

 

Béni soit le Seigneur d'avoir établi l'Eglise, mais l'Eglise est faite d'hommes et de femmes actifs. Le Seigneur nous demande d'être actifs et non suivistes. Parce que si on est des suivistes, c'est dangereux et superficiel, et notre décision de dire au Seigneur "Prends toute ma vie" peut être sans lendemain.

 

Il faut sortir non de l'Eglise mais de la foule. Il faut sortir des assurances qu'on met peut-être dans cette foule en disant "Je suis chrétien parce que je vais à l'église". Que le Seigneur sonde nos cœurs pour savoir où réside notre assurance.

 

Quand on entre dans cette attitude, on pourrait dire : "Seigneur, agis dans l'Eglise pour que ça change", et jamais on ne dira : "Seigneur, agis en moi."

 

Suivre Jésus-Christ, c'est cesser de suivre la foule. Cela demande de la profondeur et de la réflexion. 

 

III. LA FOULE EST IMPERSONNELLE, L'EVANGILE CHERCHE LA PERSONNE

 

Le message du salut est personnel et communautaire. L'Eglise, c'est une communauté, mais l'Eglise est une communauté de personnes qui ont une relation personnelle avec le Seigneur par Jésus-Christ. Avoir une relation personnelle avec Jésus-Christ signifie qu'on a vécu dans sa propre existence l'irruption du Seigneur, où il est le Maître de nos vies; ça ne signifie pas "je pense ce que je veux".

 

La foule est bien commode parce qu'elle déresponsabilise et elle nous fait croire qu'on est invulnérable. L'anonymat du groupe nous laisse penser que nous ne serons pas ennuyés si cela tournait mal.

 

Notre salut ne réside pas dans l'église que nous fréquentons, il réside bien sûr dans le fait que nous avons été personnellement pardonnés de nos péchés par Jésus-Christ. Placer notre assurance dans une foule, quelle qu'elle soit, c'est dangereux et impersonnel vis-à-vis de notre engagement envers le Seigneur.

 

Si Dieu est Créateur et Sauveur, il est aussi le juge de nos vies.  L'Evangile n'escamote pas du tout cette vérité. Nous sommes sauvés du jugement et nous sommes sauvés de la colère de Dieu qui se manifestera sur toute vie, parce que Dieu demandera des comptes  à chaque individu pour toute iniquité et tout péché. En Jésus-Christ, Dieu nous propose un pardon inouï et c'est sur cette base-là que nous serons jugés. Dieu nous demandera à nous personnellement : "Qu'as-tu fait de mon pardon?"

 

Chacun et chacune rendra compte pour lui-même sans pouvoir se réfugier dans l'anonymat de la foule. Dieu ne va pas juger les foules en masse et il n'y aura plus d'anonymat possible.

 

Si le jugement est personnalisé, le salut est aussi proposé à chacun personnellement. C'est parfaitement juste et on peut bénir le Seigneur pour cette justice.

 

Dans notre texte, quand la foule s'apprête à offrir un sacrifice en l'honneur de Paul et Barnabas, il est dit que "les apôtres Barnabas et Paul se précipitèrent au milieu de la foule" (Ac.14:14). Il fallait le faire parce que c'est dangereux de se précipiter au milieu d'une foule. Ils diront aussi : "O hommes, pourquoi agissez-vous de la sorte? Nous aussi, nous sommes des hommes de la même nature que vous." (v.15).

 

J'aime cette idée parce que c'est comme s'ils se précipitaient dans cette foule en disant "fini l'anonymat". C'est Dieu qui rentre dans cette foule et qui interpelle chacun en disant : "O homme, ô toi, pourquoi agis-tu de la sorte?"

 

La foule est impersonnelle et l'Evangile cherche la personne, sinon il n'y a pas d'impact. Dieu nous cherche personnellement, pas pour nous faire mourir, mais pour nous amener la vie.

 

Se réjouir des bienfaits de Dieu et lui rendre grâces ne peut se faire que dans une vie touchée consciemment (pas seulement émotionnellement mais avec l'intelligence), en profondeur et personnellement par Dieu lui-même.

 

Quand on est touché consciemment, en profondeur et personnellement, alors l'action de grâces va s'installer de façon durable.

 

Si vous n'avez jamais été touché de la sorte, si votre relation avec Dieu est très superficielle, aujourd'hui, il est possible d'entrer dans une relation profonde avec le Seigneur. En Jésus-Christ, c'est fatalement une invitation à une relation profonde, parce que Jésus  n'est pas venu parler de la pluie et du beau temps. Il est venu parler de notre mal, il est venu apporter une solution unique et à  nulle autre pareille.

 

En Jésus-Christ, ce n'est pas possible qu'on soit dans la superficialité. Si vous trouvez que votre vie est superficielle, que votre relation avec Dieu est superficielle, si elle se fait via une foule même si c'est via l'église, frères et sœurs, laissez-vous toucher par Dieu et demandez-lui d'agir en profondeur en vous.

 

Quand nous prions pour des conversions, apprenons à prier comme le Seigneur le voudrait pour des conversions profondes et radicales. Ne prions pas simplement pour qu'il y ait de nouveaux membres qui s'ajoutent.

 

Le Seigneur fait de tout chrétien un disciple. C'est malheureux que dans nos églises on doive enseigner à des chrétiens à devenir des disciples, c'est la preuve qu'il y a eu un souci dans notre manière d'annoncer l'Evangile. Parce que l'Evangile, c'est une annonce du salut et du service possible et voulu par Dieu pour chacun et chacune, c'est intrinsèque.

 

Je reviens à ce jeune homme à qui j'ai annoncé l'Evangile et qui a très bien compris l'Evangile de la grâce.  Il est donc très cohérent avec ce qu'on lui a dit : "Ce n'est pas une église qui sauve, ce n'est pas une vie sainte qui sauve, ce n'est pas les œuvres qui sauvent, c'est la foi en Jésus." Alors il se dit: "J'ai cru en Jésus-Christ, donc je suis sauvé", mais ce n'est pas suffisant. Je ne lui ai pas parlé de l'Evangile qui parle de son service, il pourrait me le reprocher et il aurait raison.

 

Puisse le Seigneur nous ramener à cette compréhension de l'Evangile qui doit toucher le cœur en profondeur.

 

Faisons confiance au Seigneur même s'il suscite parfois des épreuves et des difficultés. Ne perdons pas de vue que Dieu répond à nos prières et qu'il travaille en profondeur.

 

Prions.

 

"Seigneur, je te demande pardon pour mes propres superficialités. Je voudrais te rendre grâces pour le jour où j'ai compris que j'étais perdu. Je me rappelle de cette nuit où j'ai compris l'Evangile et où j'ai eu de l'angoisse pour mes parents, parce que je comprenais qu'ils étaient perdus. Seigneur, je te demande pardon parce que cette compréhension, je l'ai un peu perdue au fil du temps et j'ai nettement moins prié pour mes parents. Seigneur, je te demande pardon si je me laisse gagner par la foule qui dit qu'aujourd'hui, tout le monde est sauvé, que Dieu est amour et qu'à la fin des temps, il fera grâce à tout le monde. Je te demande pardon parce que ces pensées me rendent personnellement faible, mou et indécis. Seigneur, la vérité, c'est qu'aujourd'hui, tu proposes un salut inouï et qu'un jour, ce salut ne sera plus accessible, parce que viendra le temps des jugements. Aujourd'hui, c'est encore le temps de la grâce et, Seigneur, je voudrais te demander pardon pour avoir oublié ces vérités centrales. Je voudrais te prier pour que nous apprenions à prier nous-mêmes pour ceux qui ne te connaissent pas. Que ton Esprit saint puisse nous enseigner, nous montrer tous ces enjeux et combien c'est une grâce quand l'Evangile est reçu en profondeur. Seigneur, nous te faisons confiance. Tu entends les prières et parfois quand nous voyons les difficultés de ceux pour qui on prie, pardon parce qu'on y voit plutôt des obstacles, alors que ce sont sans doute des réponses à nos prières et que tu es en train d’œuvrer dans des vies. Seigneur, nous te prions afin que nous puissions sortir de la foule, de sa superficialité et de son impersonnalité. Apprends-nous à sortir des émotions qui dirigent parfois tellement nos vies. Seigneur, éclaire notre intelligence. Seigneur, bénis cette assemblée, bénis mes frères et sœurs. Je te rends grâces pour chacun d'entre eux et que ta bénédiction soit sur eux. Que, par ta grâce, tu ajoutes des hommes et des femmes qui te cherchent et qui ont soif de la vie. Je te le demande au nom de Jésus-Christ. Amen."