LE CAUCHEMAR DE DAVID (1Sam.17: 57 à 18:9) (Prêché à Glain, le dimanche 08 octobre 2017 par Edward Wanat)

INTRODUCTION

Je ne sais pas si vous avez déjà vécu un de ces moments, un de ces moments qui, dans la vie, devait être parmi les plus beaux de l’existence, mais qui, pour une raison indépendante de notre volonté, se transforme soudainement en cauchemar, en très grande déception où vous vous êtes dit: "Ah! si j'avais su."

C'est un peu ce qui s'est produit dans la vie de David. Alors qu'il se trouve ici à l’un des sommets les plus élevés de joie et de gloire, s’ouvre en même temps pour lui le début d’un cauchemar. Ce cauchemar a un nom: Saül, car Saül était jaloux de David.

Remarquons d’abord que si David est la cause d’une grande joie pour tout le peuple, eh bien, il n’y est pour rien dans tout ce qui se passe. Ce n’est pas lui qui, un matin, s’est levé et a décidé de devenir le héros qu’il est devenu.

Rappelez-vous: David était seul dans les montagnes d’Israël, en compagnie des troupeaux de moutons que son père lui avait confiés. David n’avait rien demandé, il était bien tranquille. C’est l’Eternel lui-même qui, par le prophète Samuel, est venu le chercher, parce que "Dieu avait vu en lui un roi pour Lui" (1 Sam.16:1).

Aussi, ce n’est pas à lui d’abord, mais à Dieu que David doit le jour de joie et la gloire qui lui est rendue par tout le peuple. Mais voilà...

Il y a dans l’entourage de David quelqu’un à qui cette fête et cette gloire qui lui est rendue ne plaît pas. David, le nouveau héros d’Israël, lui fait clairement de l’ombre. Alors que même les femmes lui prêtent, à lui le roi Saül, un courage capable de tuer des milliers de personnes, elles en donnent des dizaines de milliers à David!

Avant de continuer, je voudrais ouvrir une petite parenthèse et faire un saut de l'Ancien Testament au Nouveau Testament dans Matthieu 13:24-30.

Alors que Jésus était avec ses disciples, il leur raconta une parabole: la parabole de l’ivraie et du blé. Le but de Jésus était de faire comprendre aux disciples que, peut-être contrairement à ce qu'ils pensaient, le royaume de Dieu, dans sa forme actuelle, c'est à dire sur terre, ne serait pas parfait. Deux réalités allaient coexister, cohabiter, et nous allons donc trouver dans le même champ un curieux mélange: le blé et l’ivraie (de l'herbe ou des chiendents), autrement dit, du bon et du mauvais.

Dans la parabole, les serviteurs du maître du champ posent une question: "Seigneur, n’as-tu pas semé de la bonne semence dans ton champ? D’où vient qu’il y a de la mauvaise herbe?" (Mat 13:27). Fermons la parenthèse.

La même question peut se poser ici en pensant à David! Comment se fait-il que ce soit au milieu même de la bénédiction de Dieu que se lève un élément de souffrance qui semble gâcher complètement cette bénédiction?

Alors que tout semble être fait pour que notre ciel soit parfaitement clair et lumineux, comment se fait-il que les choses se passent soudainement autrement, que de sombres nuages arrivent et obscurcissent notre horizon? C’est ce à quoi nous allons essayer de réfléchir ce matin.

I- QUAND LES CHOSES NE TOURNENT PAS COMME ON L'ESPERAIT

Bien que connaissant la Parole et de nombreuses histoires qui en témoignent, il y a une idée avec laquelle, en tant qu’enfants de Dieu, nous avons du mal à nous y faire. Cette idée, si elle n’est pas trop présente dans nos milieux, bien qu’elle y soit quand même, est particulièrement développée dans le message de ceux pour qui "être chrétien" signifie uniquement: être dans une dynamique, une énergie de succès et de réussite permanent, autrement dit, pas de problème, tout va aller comme sur des roulettes.

Mais chers frères et sœurs, la vraie idée est justement celle de l’imperfection et du mélange, l’idée qu'au centre même de la plus grande bénédiction se trouvent souvent mêlés à elle des éléments qui peuvent nous mener à une très grande souffrance. Et j’en prends pour témoin le vécu de nombreuses personnes, dont certaines parmi nous pourraient nous raconter les moments difficiles qu’elles ont endurés et vécus.

Je voudrais maintenant vous partager un cas véridique.

Pour les parents chrétiens de Nick Vujicic qui attendaient un heureux événement, l’attente d’un enfant était une grande source de joie, l’un des plus beaux jours de leur vie! Mais quelle souffrance cependant lorsque neuf mois plus tard, ils donnèrent le jour à un enfant sans bras ni jambe.

A votre avis, à ce moment précis, au fond de leur cœur, quelles ont été les pensées de ces parents? Ils étaient déçus, n'est-ce pas? Ils ont dû se dire: "Est-ce cela ta bénédiction, Seigneur? C’est un fardeau que tu mets sur nos épaules et qui va durer toute notre vie. Ce n’est pas notre bonheur que tu as fait en nous donnant ce cadeau, mais notre malheur!"

Près de 30 ans plus tard cependant, ils ne vous diront plus la même chose, ils vous diront: "Ce que nous pensions être un malheur s’est changé en un bonheur plus grand que ce que nous aurions connu sans lui! Nick a donné sa vie entièrement à Jésus-Christ à l'âge de 15 ans et il est aujourd’hui un prédicateur chrétien évangélique reconnu dans le monde. Le symbole du malheur de ses parents est devenu une source de bénédiction, pas seulement pour ses parents, mais aussi pour le monde entier!

Vous arrive-t-il de penser comme les parents de Nick?

Vous n’avez peut-être pas hérité d’un malheur aussi apparent que le leur, mais pour d’autres raisons vous vous dites peut-être: "Cet enfant que tu nous as donné, Seigneur, je n’aurais pas cru qu’il nous donnerait autant de fil à retordre. Ce boulot que je t’ai demandé et que j’ai reçu, il est bien pour moi, mais je n’aurais jamais pensé que j’aurais eu tant de difficultés avec ce collègue. Ce quartier où j’habite, je sais que c’est toi qui m’y a conduit, mais je ne m’attendais pas à avoir autant de mal avec mes voisins!"

Dans notre vie, il nous arrive à tous de tels moments où nous nous posons réellement la question de savoir si ce qui nous est dit est vrai et juste, ou si c'est une vague promesse ou une illusion. Dans Proverbes 10:22, nous lisons: "C'est la bénédiction de l'Éternel qui enrichit, et il ne la fait suivre d'aucun chagrin." Aucun chagrin? Et pourtant que de larmes versées, Seigneur, sur cette bénédiction que tu m’as donnée et dont, finalement, en y réfléchissant froidement, je me serais bien passé.

Plus d’un psaume écrit par David en témoigne. Dans la pensée de Dieu, sa bénédiction envers nous n’équivaut pas à une vie sur cette terre sans encombre, sans embarras, sans obstacle ou à un bonheur illimité, infini.

Prenons pour exemple les paroles de David dans le Psaume 13: "Jusques à quand, Éternel! m’oublieras–tu sans cesse? Jusques à quand me cacheras–tu ta face? Jusques à quand aurai–je des soucis dans mon âme, et chaque jour du chagrin dans mon cœur? Jusques à quand mon ennemi s’élèvera–t–il contre moi? Regarde, réponds–moi, Éternel, mon Dieu! Éclaire mes yeux, afin que je ne m’endorme pas dans la mort, afin que mon ennemi ne dise pas: Je l’ai vaincu! et que mes adversaires ne soient pas dans l’allégresse, si je chancelle" (Ps.13:1-5).

Mais souvenons-nous-en, chers frères et sœurs, aucune autre personne dans ce monde n’a été bénie de la part de Dieu autant que Jésus.

Quand Dieu le présente à la foule, comme ce fut aussi le cas pour David, Dieu témoigne clairement de ce qu’est Jésus pour Lui: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé! En Lui j’ai mis toute mon affection, en Lui je trouve tout mon plaisir" (Mat.17:5).

Aucun autre homme, justement parce qu’il était le Béni de Dieu, n’a cependant vécu, supporté, enduré tant de souffrances et d’oppositions: "Considérez (n'oubliez pas, observez), en effet, celui (Jésus) qui a enduré de la part des pécheurs une telle opposition contre sa personne, afin que vous ne vous lassiez point, l'âme découragée" (Héb.12:3).

II- UNE JUSTE COMPREHENSION DE LA BENEDICTION DE DIEU

Si la bénédiction de Dieu ne correspond pas à un parcours sans malheur, sans souffrance, sans cauchemar, quelle est-elle? En quoi consiste-t-elle? A quoi, dans la pensée de Dieu, correspond-t-elle?

A. L'obéissance

Plus que dans les choses extérieures que Dieu nous donne (travail, enfants, confort...), la pensée de Dieu est dans ce que, au travers des difficultés, des contrariétés, des oppositions que nous rencontrons au cours de notre vie, Dieu produit en nous.

Un des versets les plus étonnants de la Bible nous dit à propos de Jésus: "Tout Fils qu’il était, Jésus a appris l’obéissance par ce qu’il a souffert" (Héb.5:8). Lisons un exemple d'obéissance de Jésus quand il a dit: "Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux" (Mc.14:36).

Et pourtant, nous qui connaissons l'histoire de Jésus, voyant qui il était et d’où il venait, on aurait pu croire que Jésus n’avait en rien besoin d’être éprouvé pour qu’il apprenne l’obéissance. Or, la Bible dit l’inverse: c’est par les souffrances que Jésus a vécues qu’il a été amené à la perfection dans l’obéissance!

Je vais vous donner une image. De tous les animaux, l’huître perlière me semble être celle qui illustre le mieux le procédé à travers lequel Dieu, dans sa souveraineté, travaille pour atteindre le but qu’il s’est fixé avec nous: nous bénir.

Nous savons tous que si l’huître produit des perles, ce n’est pas de façon naturelle qu’elle le fait. Les perles que produit l’huître sont en fait le résultat d’une contrariété qu’elle subit. En effet, un petit caillou ou un grain de sable s’est glissé dans sa coquille. Étant un mollusque, l’huître n’a aucune possibilité de chasser le grain de sable ou de l’extraire de son habitat. Aussi a-t-elle recours à un procédé ingénieux. Jour après jour, année après année, l’huître produit du carbonate de calcium qui, petit à petit, se cristallise autour du grain de sable sous forme d’aragonite et finit par le recouvrir. Le résultat est que, non seulement la douleur qu’occasionne ce grain de sable dans sa coquille est anesthésiée, mais que, de plus, le grain de sable est transformé en une perle magnifique.

Chers frères et sœurs, la source de souffrance qui est en nous, Dieu la transforme en perle à sa gloire. Telle est, dans la pensée de Dieu, la conception dans l'accomplissement de la bénédiction.

B. Nous rapprocher le plus possible de l'image de Jésus-Christ

La bénédiction de Dieu se trouve dans les moyens que Dieu met en œuvre pour qu’à travers ce que nous vivons chaque jour, nous soyons rendus semblables à Jésus-Christ.

Qui d’entre nous n’a pas un jour chanté ce chant et formulé cette prière: "Te ressembler Jésus, c’est mon espoir suprême. Penser agir, aimer toujours plus comme Toi!" Ou qui n’a pas repris dans la prière les paroles de ce psaume de David: "Sonde–moi, ô Dieu, et connais mon cœur! Éprouve–moi, et connais mes préoccupations! Regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis–moi sur la voie de l’éternité!" (Ps.139:23-24). Ou qui d’entre nous n’a pas dit à Dieu les paroles de ce chant: "Entre tes mains, j’abandonne tout ce que j’appelle mien! Oh! ne permets à personne, d’en reprendre rien! Oui! prends tout Seigneur! Oui! prends tout Seigneur! Je ne vis plus pour moi-même, mais pour mon Sauveur!"

Chers frères et sœurs, outre les difficultés que Dieu permet dans nos vies, elles sont les moyens que Dieu utilise pour répondre à ce qui devrait être notre désir principal en tant que chrétien, et c’est aussi pour accomplir le projet ultime qu’il a pour chacun de nous: nous rapprocher le plus possible de l’image de Jésus-Christ.

Outre les difficultés, le châtiment même, dit la Bible, concoure à notre bien pour que l’objectif de bénédiction que Dieu vise dans notre vie puisse être atteint: "Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang, en luttant contre le péché. Et vous avez oublié l'exhortation qui vous est adressée comme à des fils : Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perds pas courage lorsqu'il te reprend; car le Seigneur châtie celui qu'il aime, et il frappe de la verge tous ceux qu'il reconnaît pour ses fils. Supportez le châtiment : c'est comme des fils que Dieu vous traite; car quel est le fils qu'un père ne châtie pas? Mais si vous êtes exempts du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes, et non des fils. D'ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous les avons respectés, ne devons-nous pas à bien plus forte raison nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie? Nos pères nous châtiaient pour peu de jours, comme ils le trouvaient bon; mais Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté. Il est vrai que tout châtiment semble d'abord un sujet de tristesse, et non de joie; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice" (Héb.12:4-11).

C'est vrai que le châtiment, les épreuves et les difficultés ne sont jamais agréables. Mais à cause du fruit qu’ils produisent, Dieu estime qu’il vaut la peine de les administrer. Car, comme tout bon père, ce qui compte pour Dieu n’est pas d’abord ce que nous, ses fils, nous pensons et désirons, mais ce que Lui pense et désire pour chacun d’entre nous!

C. La gloire éternelle

Troisièmement, la bénédiction de Dieu est le travail que Dieu fait en nous dans cette vie, pour nous permettre d’entrer dans celle qui vient en étant doté "d’un riche capital".

Si le "plus tard " dont parle l’auteur de l’épître aux Hébreux au chapitre 12:11, au sujet du châtiment, se rapporte à cette vie, il y en a un autre qui, aux yeux de Dieu, compte plus encore: c’est le plus tard de "la gloire éternelle", c’est ça notre riche capital.

Or à ce sujet, l’apôtre Paul est clair: ce qui multiplie le plus le poids de gloire éternelle dont nous hériterons est celui des souffrances et des détresses que nous connaîtrons ici-bas: "Car un moment de légère affliction (chagrin, peine, douleur...) produit pour nous, au–delà de toute mesure, un poids éternel de gloire" (2Cor.4:17-18a). Paul dira aussi: "J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous" (Rom.8:18).

S’il nous arrive parfois de souffrir sans comprendre, il nous faut nous rappeler que les ambitions de Dieu pour nous, chers frères et sœurs, vont bien au-delà des nôtres. Dieu sait ce qui relève du temps et qui est éphémère, et ce qui relève de l’éternité et qui durera.

Aussi, dans son ambition et son plan pour nous, Dieu vise au-delà de ce que nos yeux peuvent voir et de ce que peut comprendre notre raison. Je suis persuadé que, si nous pouvions l’interroger aujourd’hui, Job dirait que, au regard de ce qu’elles lui auront apporté comme capital céleste, il ne regrette pas les souffrances momentanées qu’il a vécues sur terre. Car ses souffrances étaient passagères, et à cause d’elles, la gloire et la félicité dont Job jouit maintenant sont éternelles! Car il a fait confiance et obéi à Dieu.

CONCLUSION

Oui! en apparence, le jour qui devait être l’un des plus beaux jours de la vie de David semble avoir été gâché, assombri, par la haine et la jalousie qui sont nées à ce moment-là dans le cœur de Saül.

Un psychiatre chrétien affirme que 80% des problèmes humains plongent leurs racines dans l’amertume et l’envie qui sont réfugiées dans notre cœur. C’était le cas de Saül.

David, dans cette circonstance, n’est pas livré à lui-même. Dieu, et la suite de l’histoire le montre, contrôle parfaitement la situation. Saül, le cauchemar de David, est le moyen par lequel Dieu va prouver que David était bien le Roi qu’il avait vu pour Israël. Saül est comme une école dans laquelle Dieu place David pour révéler la perle qu’il a vue en lui!

Il y a dans la Bible deux versets qui portent la même expression! Le fait que cette expression se trouve dans ces versets n’est pas le hasard, car l’un des versets ne peut être vécu si l’on n’a pas appris à vivre l’autre!

Prenons le premier verset: "Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu" (Rom.8:28). Que Dieu nous donne de nous en souvenir à chaque moment, facile ou difficile, de notre vie! Et le second verset nous dit: "En toutes choses (ou en toutes circonstances, bonnes et mauvaises) rendez grâces à Dieu: car telle est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ!" (1Thes.5:18).

Chers frères et sœurs, voulons-nous être bénis selon Dieu ou selon nous?

Sachons que c’est Dieu qui sait comment nous bénir, et quels moyens il doit utiliser pour le faire.

Amen!