LE PERE ADMIRABLE (Luc chapitre 15)

(Prêché à Glain, le 13 août 2018) (Retranscrit dans un style parlé) GD/sa

Aujourd'hui, nous allons voir ensemble la parabole du Fils prodigue. Cette parabole est racontée aussi bien aux plus petits des enfants, qu’aux plus âgés des adultes. Tous seront émus par ce père qui accueille à bras ouverts ce fils prodigue.

La parabole du Fils prodigue est également appelée la parabole du Fils perdu, on lui donne encore bien d’autres noms, mais pour ma part, je préférerais l’appeler "La parabole du Père Admirable", c’est d’ailleurs le titre du partage d’aujourd’hui.

Tout au long du chapitre 15 de l’évangile de Luc, Jésus nous raconte trois merveilleuses paraboles: la parabole de la brebis perdue, la parabole de la drachme perdue et enfin la parabole du Père Admirable. Il y a 39 paraboles dans les évangiles, mais Luc est le seul évangéliste à nous raconter la parabole du Père Admirable.

Après ses débuts en Galilée, Jésus monte vers Jérusalem. Et comme nous pouvons le voir au début de ce chapitre, Jésus attire les foules. Et les commentaires vont bon train, les mauvaises langues se délient et elles se mettent en marche, et on dit que Jésus attire les gens de mauvaise vie. Oui c'est bien cela! Jésus rassemble les parias, les gens que l'on ne fréquente pas, ceux qui ne font pas partie de notre monde. De là à dire "Qui se ressemble s'assemble", il n'y a qu'un pas.

"Les collecteurs d'impôts et autres pécheurs notoires se pressaient tous autour de Jésus, avides d'écouter ses paroles. Les pharisiens et les spécialistes de la loi s’en indignaient, ils murmuraient, disant: cet homme accueille des pécheurs et il mange avec eux."

Déjà à la lecture de ces quelques versets, nous pourrions nous poser une question: "Sommes-nous avides nous aussi, comme ces pécheurs notoires, d’écouter les paroles de Jésus? Sommes-nous prêts non seulement à entendre les paroles de Jésus, mais aussi à mettre son enseignement en pratique?"

C’est en réponse aux critiques émises par les pharisiens et les spécialistes de la loi que Jésus va raconter ces trois paraboles. Aujourd’hui, c’est à nous que Jésus les raconte. C’est pour notre édification qu’elles ont été retranscrites par Luc.

Nous n’aurons pas le temps de voir l'ensemble de ces troisparaboles, et c’est pour cette raison que je vais vous brosser un rapide tableau de celles-ci.

Les deux premières paraboles représentent Dieu cherchant ce qui est perdu. Chose étrange, chose remarquable, mesdames, ouvrez bien vos oreilles, dans la parabole de la drachme perdue, Dieu est représenté par une femme! Les deux premières paraboles sont bâties sur le même modèle: quelqu’un perd une partie de ce qu’il possède et il se met à sa recherche. Il retrouve la chose perdue, et ensuite il se réjouit en faisant la fête.

Toutes les trois paraboles ont le même thème, elles nous montrent la miséricorde de Dieu, elles nous montrent combien Dieu nous aime.

Dans la parabole de la brebis perdue, le Bon Berger quitte les quatre-vingt-dix-neuf autres brebis, c'est-à-dire qu’il quitte l'ensemble de son troupeau pour aller chercher celle qui s’est égarée loin du troupeau, loin du Bon Berger.

Déjà ici, je voudrais vous faire deux remarques.

La première, c'est qu'aucune des brebis du troupeau ne s'est souciée de savoir pourquoi l'une d'entre elles s'est laissé distancer par le troupeau. En effet, c’est le Bon Berger qui part à sa recherche et pas une de ses consœurs. Et si nous extrapolons cette leçon dans le milieu de l’Eglise, nous pourrions nous poser cette question: que s'est-il passé? Pourquoi ce frère, égaré momentanément, ne vient-il plus aux réunions? pourquoi personne n'a-t-il pris de ses nouvelles? La souffrance de nos frères et sœurs en Christ ne nous inquiète-t-elle pas?

La deuxième chose que je voudrais vous faire remarquer, c'est que jamais, vous m’entendez bien, jamais les brebis "sages", les quatre-vingt-dix-neuf autres, n’auront le privilège d’être portées sur les épaules du Maître, objet de la tendresse du Père!

Notre Dieu est miséricorde et pardon. Il est toujours à notre recherche, j’en prends pour exemple le jardin d’Eden. Dieu part à la recherche d’Adam et Eve qui ont fauté. Dans la parabole de la brebis perdue, c’est encore Dieu qui part à la recherche du fautif. C’est lui aussi qui se met à la recherche de la drachme perdue.

Dieu désire que nous soyons réconciliés avec lui. C’est d’ailleurs pour cette raison que son fils unique, notre Seigneur Jésus-Christ, est mort pour nos péchés sur le bois du calvaire.

Tout l’évangile peut se résumer par cette simple parole: "Car Dieu a tant aimé le monde, qu'Il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle" (Jean 3:16). Quelle belle réconciliation!

Je termine cette introduction en nous encourageant à renouer avec le Père: "Car il est notre Dieu et nous sommes le peuple de son pâturage, le troupeau que sa main conduit. Oh! si vous pouviez aujourd'hui écouter sa voix! N'endurcissez pas votre cœur …" (Psaume 95:7-8).

Jamais personne n'a parlé de Dieu comme Jésus le fait dans cette parabole.

La Bible toute entière nous parle de Dieu, elle nous fait découvrir tant de facettes différentes de Dieu, mais toutes ces facettes sont vues par des hommes. Certes pas n’importe quels hommes, ils étaient inspirés par l’Esprit, mais il n’en demeure pas moins vrai que ce sont de simples mortels, tous sont des hommes comme vous et moi.

Grâce à cette parabole, nous pouvons enfin voir la vraie face de Dieu. Jésus-Christ Fils de Dieu nous donne une autre image de Dieu, Jésus-Christ Fils de Dieu nous donne la vraie image du Père. Qui mieux que Jésus connaît le Père? Qui mieux que Jésus peut nous parler du Père?

Lorsque Philippe demande à Jésus de lui montrer le Père, Jésus lui répond: "Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe! Celui qui m'a vu a vu le Père" (Jean 14:9).

Pour ne pas prendre trop de temps, je ne développerai pas le thème du fils prodigue, je m’attarderai principalement sur thème du Père Admirable.

"Un homme avait deux fils" (v.11).

Vous l'aurez compris, cet homme, ce père, c'est de Dieu qu’il s'agit. Dès la première phrase, nous sommes pris par l'intensité du récit: un homme avait deux fils. Point. La phrase s'arrête là.

Cette phrase nous donne l'impression que les deux fils, c'est tout ce que le père possède. Jésus ne nous dit pas que cet homme était un riche propriétaire avec de nombreux troupeaux, des champs à perte de

vue et des serviteurs à tous les coins de la maison. Non, Jésus dit: Un homme avait deux fils. Au travers de ces quelques mots, Jésus nous montre toute l'importance de ces deux fils pour le père.

Tu as une importance toute particulière pour le Père.

"Un homme avait deux fils." Au travers de ces quelques mots, nous ressentons combien chaque individu, chaque pécheur a de l'importance aux yeux du Père. Perdre un de ses fils, perdre une de ses filles, c'est comme si le Père avait tout perdu.

Cela me fait penser à un poème de Lamartine qui a dit ceci: un seul être (une seule personne) vous manque et tout est dépeuplé. Tout est dépeuplé, c'est le vide, et c'est ce même sentiment qu'éprouve le berger envers sa brebis égarée. C'est ce même sentiment que Dieu éprouve lorsque l'un de ses enfants s'éloigne de lui.

"Un homme avait deux fils", cela sous-entend tout le drame qui va suivre. Avant même de continuer la lecture, j'étais sûr qu’il allait arriver quelque chose, certainement le père allait perdre l’un de ses fils.

Si nous faisons une lecture rapide de la parabole, nous pourrions peut-être nous étonner de l'attitude du père. En effet, le père donne l'impression de ne rien faire pour empêcher le départ de son fils. Et lorsque le fils est parti, il ne fait rien non plus pour aller à sa recherche. Il donne l’impression, et je dis bien l’impression, de ne pas s'inquiéter de savoir si son fils va bien ou s’il ne manque de rien.

Le berger de la première parabole parcourt le désert jusqu'à ce qu'il trouve la brebis perdue. Parcourir le désert, ça, ce n’est pas une mince affaire. La ménagère de la deuxième parabole fouille toute sa maison, elle allume une lampe en plein jour et elle balaye toutes les pièces sans en oublier une, et le texte ajoute ceci: Elle la cherche diligemment, c'est-à-dire avec soin, en s'appliquant et sans traîner. Mais le père du Fils prodigue donne l'impression de ne pas bouger, c'est du moins ce que nous pourrions penser à la première lecture.

Grave erreur! Dieu n'est pas distant lorsque l'un de ses enfants veut s'éloigner de lui.

D'ailleurs, le père avait certainement discerné le mal-être de son fils. Pour ce fils, vivre dans un tel cadre familial ne lui convenait pas. Il se trouvait trop à l’étroit, trop de contraintes, pas assez de liberté. Il avait besoin de s'éloigner de ce frère dont la conception légaliste du devoir l'irritait au plus haut point. Métro, boulot, dodo... ce n'était pas pour lui. Pour lui, ce n'est pas ça "vivre". Cette vie-là devenait un véritable cauchemar. C’est pour cette raison qu’il désire prendre son indépendance et "vivre sa vie".

Arrêtons-nous un instant sur le moment de la rupture, lorsque ce fils de bonne famille, qui avait tout pour être heureux, dit à son père: "Je m'en vais, donne-moi la part de bien qui me revient! Je veux vivre ma vie!"

En enseignant cette parabole, Jésus ne parle pas des sentiments du père. Ce que le père a dû ressentir à ce moment-là, la parabole ne nous le dit pas. Apparemment, personne ne se soucie de la peine, de la tristesse que le père a dû éprouver. Mais peut-être que nous qui sommes des parents, nous pouvons facilement nous imaginer cette peine?

Trop souvent nous restons dans une espèce d'indifférence devant cet épisode du départ du fils. Nous restons indifférents face à la douleur du père. Ce que nous aimons retenir de cette parabole, c'est "le retour repentant du fils prodigue et l'accueil aimant du Père Admirable". Nous passons sous silence la douleur du père.

"Un père avait deux fils."

Arrêtons-nous un instant sur le chagrin de ce père qui voit se briser une relation filiale très profonde pour lui.

Quoi que nous fassions, le Père, le Père Admirable, notre Tendre Père, reste un père. Combien de fois avons-nous déçu ce Père Admirable? Combien de fois ai-je déçu ce Tendre Père?

Comme vous avez pu le remarquer, le père de la parabole n'a éprouvé aucune difficulté à distribuer la part de l'héritage qui revenait au fils prodigue. Le plus dur pour lui, c’est sans doute que, d'une certaine façon, son fils le considérait comme étant déjà mort. Nous le savons bien, un héritage se fait seulement à la mort de la personne et pas avant. En son for intérieur le père se dit: "Le fils que j’aime tant me considère déjà comme étant mort, puisqu’il veut sa part de l’héritage."

"Mon père, donne-moi la part de bien qui me revient. Je m'en vais, je veux vivre ma vie!" (v.12)

Nous sommes parfois placés devant des situations où nous nous demandons pourquoi Dieu laisse faire et pourquoi il n'intervient pas immédiatement. Nous pensons qu'il pourrait punir ou entraver celui qui va partir, qu'il pourrait empêcher de tomber celui qui va chuter, et qu'il pourrait faire mourir immédiatement le méchant, etc… On pourrait demander : "Seigneur pourquoi, pourquoi m'as tu laissé partir loin de la maison du Père?"

Dieu, et cela est important, ne force personne à rester auprès de lui, mais il continue à suivre du regard chacun de ses enfants, aussi bien celui qui est tout près de lui que celui qui est au loin. Même si nous nous éloignons, le Père ne cesse jamais de nous aimer et de souffrir avec nous, car il sait, il connaît les lendemains difficiles, les lendemains douloureux que nous nous préparons nous-mêmes à cause de nos mauvais choix, de ces choix que nous faisons pour notre propre vie.

Lorsqu'il y a rupture entre Dieu et l'un de ses enfants, le Père céleste entre dans le temps de la patience. Aussi longtemps que durera notre absence, Dieu, à qui appartient le temps, entre pour nous dans le temps de la patience. L'apôtre Pierre dit ceci du Père: "Il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance" (2 Pi.3:9).

Dieu nous laisse libres de faire ce que nous voulons. Nous voulons nous méconduire, c'est notre droit. "Tu étais pourtant bien dans la maison du Père, tu avais la communion avec Lui. Tu disposais de toutes ses richesses."

A nouveau nous pouvons comparer le départ du fils prodigue avec la chute d'Adam: l’homme était au paradis, il était dans la maison du Père. Tel Adam, tu as voulu t'éloigner du paradis dans lequel tu vivais, tu as voulu quitter la maison du Père. Oh pour ça, pas besoin d'une pomme, pas besoin d'une femme non plus, tout seul, tout seul tu as pris ta décision.

"Mon père, donne-moi la part de bien qui me revient. Je m'en vais, je veux vivre ma vie!" Je veux voir ce que le monde peut m'offrir. Je veux moi aussi être un dieu, je veux prendre mes décisions tout seul, comme un grand, par moi-même. Les richesses du monde et le plaisir des sens, c'est ce que je veux, c'est ce que je recherche.

Pourtant, nous qui sommes les enfants du Père, nous savons bien que ni la richesse du monde ni les plaisirs des sens n'arriveront à nous satisfaire pleinement; tout au plus nous le serons momentanément, peut-être, mais pas pleinement. Seule une relation intime avec Dieu peut combler tous les manques de notre vie.

Le sujet central de cette parabole n’est pas, comme nous le pensons trop souvent, le pardon du Père pour ce fils qui a dilapidé une partie des richesses. Non, le sujet central de cette parabole est la relation, le lien étroit qu’il y a entre Dieu et l’homme.

Dieu le Père est sur le pas de la porte et il nous attend, il guette, il espère notre retour. Il nous attend depuis si longtemps, il attend que tu reviennes à lui, et il court vers toi. Il t'embrasse.

"Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et il l'embrassa" (v.20).

Est-ce que vous croyez aux coïncidences et au hasard? Pour ma part cela ne fait aucun doute, je suis sûr que le père de la parabole n'est pas sorti par hasard sur le pas de la porte pour prendre un peu d'air frais. Non, Dieu guette, il guette le retour de son fils. Alors, se passe cette chose merveilleuse, cette chose incroyable, cette chose extraordinaire, le père se met à courir, Il se jette au cou de ce fils indigne et il l'embrasse.

Dans la culture juive, vous ne verrez jamais un patriarche, un père de cette trempe-là, vous ne le verrez jamais courir, c'est indécent et cela ne se fait pas. Et dans le cas qui nous occupe, aujourd’hui, cela se fait encore moins, car c'est le fils qui a fauté, c'est à lui de revenir et de demander pardon. Savez-vous pourquoi c'est indécent de courir pour le père? À l'époque de la parabole, les hommes portaient une tunique. Et courir avec une tunique, c'est un peu comme courir avec une longue robe. Les dames de notre assemblée vous diront que c'est parfois bien difficile, voire même périlleux, de courir avec une longue robe, on peut se prendre les pieds dans le tissu et ainsi chuter.

Alors, que fait le père de la parabole? La parabole ne nous le dit pas, mais c'est sous-entendu. Il relève sa tunique, sa longue robe, il la retient à l'aide de ses mains. Pas le temps de l'attacher. Non, il tient fermement le tissu pour ne pas tomber et il court, il court à en perdre haleine. Incroyable.

Devant une histoire pareille, les pharisiens et les hommes de la loi tombent des nues, ils n'en croient pas leurs oreilles. Quelle horreur, ce père, ce patriarche qui court les jambes découvertes, les jambes nues, à la vue de tout le monde. C'est un scandale. D’autant plus que les pharisiens et les hommes de la loi ont bien compris que le père dont parle Jésus dans la parabole, c’est de Dieu qu’il s’agit.

Pour eux, Jésus manque totalement de respect. Dieu n’est pas comme ça, il ne court pas chercher la brebis perdue, la brebis galeuse, celle qui de son plein gré a quitté le troupeau. Non, Dieu n’est pas comme cela.

Pour ces bons croyants, car ne l’oublions pas, ce sont de bons croyants, ils ont pour père Abraham, le père de la foi; non, pour eux, Dieu n’est pas ainsi. Dieu est un être impassible, un marbre froid, imperturbable et immobile. Peut-être l’imaginent-ils avec une longue barbe blanche? Pour les pharisiens et les hommes de la loi, une chose est sûre: du haut de son trône de gloire, Dieu juge. Il juge, il est impitoyable et il est sans état d’âme.

"Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et il l’embrassa."

Moi, si une de mes filles avait fait quelque chose que je réprouve, il me semble qu'avant d’aller l'embrasser, je lui demanderais des comptes et lui dirais : "Pourquoi, pourquoi m'as tu fait cela? Tu n’écoutes donc jamais les conseils que je te donne, tu n’écoutes donc jamais ce que je dis. Je te l'avais bien dit que ça tournerait mal. Maintenant que tu as tout dépensé, tu n'as plus d'amis, heureusement que je suis là pour subvenir à tes besoins." C'est sûrement ce que nous ferions, n'est-ce pas?

Dieu court, il se jette à mon cou et il m'embrasse. Il ne me demande pas de comptes, il m'embrasse et il me dit : "Comme tu m'as manqué, mon fils, je suis content que tu sois revenu. J'ai tant attendu ton retour. Tous les jours, j'ai fait le guet. Tôt le matin jusqu'à bien tard dans la nuit, j'ai usé mes yeux à fixer cette route, et te voilà enfin."

"Le fils lui dit: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs: Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir" (vv.21-24).

Les trois paraboles racontées par Jésus pourraient porter un titre unique: "Festoyons et réjouissons-nous." Les trois paraboles se terminent par la joie d’avoir retrouvé ce qui était perdu.

Dans les deux premières paraboles, Jésus ne nous dit pas de quelles réjouissances il s'agit. Nous ne savons pas de quelle manière le berger et la ménagère ont fait la fête. Par contre dans la troisième parabole, le père parle et il donne ses ordres, parce que ce sont des ordres: "Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous."

Ce repas dépasse largement les attentes du fils cadet qui rêvait des restes de pain des ouvriers de son père. "Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne, personne ne lui en donnait. Étant rentré en lui-même, il se dit: Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim!" (vv.17-18).

Mes amis, quelle joie, quelle joie dans les lieux célestes lorsque le Père accueille ce fils perdu s ans hésitation, sans hésitation aucune. Il lui passe l'anneau au doigt, signe d'appartenance à la maison. Lui qui naguère était spirituellement mort, désormais il est revenu à la vie. Tout le ciel est en liesse.

"Je vous le dis, il y aura plus de joie au ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance" (v.7). En fait, quatre-vingt-dix-neuf personnes qui "se croient justes", car l’apôtre Paul nous dit : "Il n’y a pas de juste, pas même un seul" (Rom.3:10).

Cette parabole de Jésus n'arrange pas tout le monde, il y en a même que ça dérange, vous l’aurez compris, il s’agit bien entendu "des pharisiens et des spécialistes de la loi". Et c'est là où Jésus veut en venir, dans la parabole du Père Admirable, il introduit le troisième personnage: le personnage du fils aîné.

Donc pour bien me faire comprendre, lorsque la Bible dit: "Les pharisiens et les spécialistes de la loi", on parle bien ici des personnes qui fréquentent assidûment le temple de Jérusalem. On parle bien ici des personnes qui connaissent parfaitement la loi et les prophètes sur le bout des doigts. Non seulement ils connaissent la loi, mais ils la mettent en pratique. Ils jeûnent, ils donnent la dîme, ils font tous les sacrifices requis par la loi transmise à Moïse. Ce sont de bons croyants, je vous l’ai dit tout à l’heure, ils ont pour père Abraham, le père de la foi.

Ils mettent tellement bien en pratique leur religion, parce qu’il s’agit bien ici d’une religion, qu’ils en oublient même de s'amuser. Ils disposent pourtant de toutes les richesses du Père, mais ils n'en profitent pas. Leur vie est morne, ils sont tristes, tristes à en mourir. Les pharisiens et les spécialistes de la loi ont bien compris que c’est d’eux que Jésus parle.

Pour ce fils aîné (les pharisiens et les spécialistes de la loi), tout son travail à la maison paternelle est un devoir, un devoir plutôt qu'un privilège. Ce fils obéissant a loyalement servi son père, sans jamais

éprouver la moindre joie. Et lorsqu’il s’adresse au Père Admirable, ce sont des reproches qui fusent. Il ne rate pas l’occasion de mettre en avant tous ses mérites, acquis à la sueur de son front. C'est par son travail qu'il pensait mériter l'amour et le respect du père. Il ne réalise pas que l'amour du père est un don.

En réalité dans cette parabole, le fils aîné est le fils perdu. Son cœur s'est endurci, il agit en propre juste dont le cœur s'est endurci vis-à-vis du prochain et plus particulièrement de ce frère accueilli avec tellement d'empressement par ce père débonnaire. Il est imprégné d’un sentiment de jalousie. A ce fils indigne, à ce pécheur notoire, il ne lui reconnaît pas le droit d’être pardonné et aimé par le père.

Combien de chrétiens bien-pensants se comportent comme ce fils aîné, en accomplissant toutes sortes de tâches pour gagner l'amour de Dieu. Pour eux, Dieu est un juge implacable. Ces chrétiens n'éprouvent aucun plaisir à glorifier Dieu au travers de leurs activités. D’ailleurs, ces activités, ils les considèrent comme une simple obligation. Ce sont des religieux. Ces propres justes ne ressentent pas le besoin de recevoir le pardon et l'amour de Dieu puisqu'ils croient pouvoir gagner la faveur divine par leurs œuvres impeccables.

Nous sommes tellement imbus de nous-mêmes que nous ne savons même plus accueillir celui qui revient, celui qui est différent de nous.

Pouvons-nous nous arrêter un instant et nous poser une question: cette description ne nous ressemble t-elle pas un peu? Nous venons au culte, parfois avec des mines tristes, tristes à faire peur à un croque mort. Les portes des prisons sont plus accueillantes que nos faces de chrétiens mornes. Et lorsque nous quittons l’assemblée pour rentrer dans nos demeures, nous ressortons du lieu de culte, fiers, fiers du devoir accompli. Et je me mets dans le tas. Ne croyez surtout pas que je m’exclue de tout ce qui vient d’être dit. Je suis avec vous dans la même mêlée. Lorsque je prépare une prédication, à qui croyez-vous qu’elle s’adresse d’abord? A moi, en premier lieu.

Vous me direz: la vie n’est pas facile. C’est vrai, la vie n’est pas facile. Mais au plus profond de ta détresse, mon frère, ma sœur, n'oublie jamais la joie de ton salut. La joie d'être habité par l’Esprit-Saint. La joie d’avoir ton nom inscrit dans le livre de vie.

Évidemment par nous-mêmes, nous ne pouvons pas produire une joie profonde, une joie parfaite, une joie durable, mais nous pouvons faire de ce cœur de pierre un cœur accueillant la joie de Dieu, un cœur qui choisit de se laisser habiter par l’Esprit Saint.

Le fils aîné est lui aussi invité à la fête, il n'est pas oublié par le père. Dieu n’a pas oublié "les pharisiens et les spécialistes de la loi", il n’a pas oublié les religieux. Ils sont, eux aussi, attendus à la fête. Mais le fils aîné est un invité récalcitrant, il ne vient pas à la fête et il va falloir aller le chercher. Ce fils aîné n’éprouve pas un amour sincère pour le père, parce que si c’était le cas, il irait à la fête et il partagerait la joie du père. Remarquez qu'à aucun moment le fils aîné n’appelle son frère MON frère, il l’appelle toujours TON fils.

Le repas final de la parabole rejoint la situation tant décriée par les "pharisiens". Jésus mange avec les pécheurs notoires, il mange avec ceux qui se sont éloignés du père.

Au travers de cette parabole, Jésus montre qu'il n'est pas le seul à festoyer, qu'il n'est pas le seul à se réjouir. De la même manière, le père de la parabole, le Père Céleste, le Père Admirable lui aussi mange avec les pécheurs, il mange avec celui qui s'est éloigné de lui. Il mange avec celui qui est repentant et qui est revenu dans la maison du Père.

"Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa."

Tu n’as pas besoin de faire pénitence, le Père t’attend, il t’attend depuis si longtemps. Il suffit de lui dire : "Seigneur tu vois, je ne me suis pas toujours bien conduit, je me suis éloigné de toi, j'ai voulu vivre ma vie loin de mes frères et loin de mes sœurs, loin des autres brebis de la bergerie. Pardonne-moi, Père Admirable, pardonne-moi."

Dans la parabole, comme dans la réalité, la même question est posée: Qui peut participer au repas?

"Mangeons et festoyons", lance le père de la parabole. Pour le père, la question ne se pose même pas, tout le monde est invité.

Mais le fils aîné refuse, il refuse l’invitation, il est récalcitrant. Il se met en colère et il lance des accusations sans preuve contre son père mais aussi contre son frère. Pourtant ce frère, ce pécheur notoire, est lui aussi sorti à sa rencontre. Le père et le fils cadet, voyant que le fils aîné manque à la fête, vont tous les deux le chercher. Même si ce n'est pas dit clairement dans le verset, il est tout de même dit: "Ton fils que voici", c’est donc qu’il est présent avec le père. "Ton fils que voici", celui qui est à côté de toi, celui pour lequel tu as tué le veau gras.

"Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d'entrer. Mais il répondit à son père: Voici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres… (cette description ressemble tellement bien aux scribes et pharisiens qui respectent scrupuleusement 613 commandements, ce sont de bons religieux) … et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton fils que voici, est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, … (comment sait-il qu’il était avec des prostituées? il n’était pas là, il n’est pas parti à la recherche de son frère cadet. Moi, j'appelle ça une calomnie) … c'est pour lui que tu as tué le veau gras!" (v.28-30)

Mes amis, le fils de la maison est lui aussi attendu à la fête, mais viendra-t-il?

Lorsque Jésus parle du fils de la maison, il parle des "pharisiens et des spécialistes de la loi", mais de manière plus générale, Jésus parle bien évidemment du peuple juif. Le Juif est le fils de la maison à part entière, il est invité à la fête, mais viendra-t-il?

La parabole s’achève donc sur une question: le fils aîné entrera-t-il dans la salle de fête? Jésus se garde bien de fournir la réponse.

Je termine en nous posons la question suivante : quel est le personnage qui me ressemble le plus dans cette parabole? Suis-je le fils prodigue, celui qui est revenu après avoir fauté, celui qui s’est repenti, celui qui a été porté sur les épaules du Bon Berger, celui qui a été embrassé par le Père Admirable? Ou bien suis-je le fils aîné? celui qui juge, celui qui fait tout bien, celui qui dit: "Voici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres (613 commandements)."

Ce fils aîné fait tout bien. Il vient chaque dimanche au culte, il participe aux activités, mais il ne mange pas avec les pécheurs notoires. Il ne va pas non plus à la recherche de ce frère cadet, non, il n’entre pas non plus dans la salle de fête. Malheureusement pour lui, ce fils aîné ne se réjouit pas, il ne se réjouit pas non plus d'appartenir au père. Il est triste, triste à en mourir. Il ne lui demande même pas un chevreau pour festoyer. Il est propre sur lui, il est juste et il juge les autres, les pécheurs notoires.

Suis-je tantôt l'un, suis-je tantôt l'autre? Dans les deux cas, Dieu m’attend.

Si tu es le fils prodigue, Dieu t'attend sur le pas de la porte, il guette ton retour et il dit : "J’ai tant attendu ton retour, j'ai usé mes yeux sur cette route." Reviendras-tu vers lui?

Si tu es le fils aîné, Dieu est déjà dans la salle de fête, et lorsqu'il s'aperçoit que tu ne désires pas entrer, c'est encore lui qui vient au devant de toi pour te chercher.

Le Père Admirable vient nous chercher dans nos derniers retranchements. Nous sommes enlisés dans notre propre justice, loin de la joie du Père, loin de l'amour du Père. Avons-nous bien compris l'Amour du Père Admirable pour nous?

Dans trois semaines, nous entrerons dans l'année académique 2017-2018 et Dieu nous appelle à entrer dans sa joie, sa joie parfaite.

Avant de nous quitter, je voudrais vous lire ces paroles de Jésus, elles sont importantes pour notre vie de tous les jours. Nous allons prendre nos Bibles pour lire un verset que nous devrions surligner. Jésus s'adresse au Père et il lui dit ceci: "Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses dans le monde, afin qu'ils aient en eux ma joie parfaite" (Jn.17:13).

C’est la volonté de Jésus. Jésus désire que nous ayons en nous sa joie parfaite. Dieu veut que nous soyons heureux, épanouis, souriants, pleins de vie et non pas mornes, tristes, tristes à en mourir. Bien sûr, il y a des circonstances particulières dans la vie qui font que nous ne sommes pas toujours joyeux. Mais Dieu ne veut pas que nous ressemblions aux scribes et aux pharisiens, aux religieux qui font leur devoir, la mine triste.

Je me demande parfois où est la joie parfaite de Jésus dans ma vie.

Tous ensemble, même ceux qui ont fauté, tous ensemble, d'un seul cœur, d'une seule âme, nous sommes appelés à entrer dans la joie parfaite de notre Père Admirable. Finis les préjugés, finis les regards suspicieux, finis les cancans, ensemble d'un même cœur entrons dans la joie du Père Admirable, entrons dans la joie de notre Père Admirable.

Prions.

Père Éternel, ce fils aîné, c'est moi. Je n'ai pas tes entrailles de miséricorde, je juge si facilement et je condamne encore plus facilement. Seigneur, je ne veux pas m'obstiner dans mon aveuglement. Tu nous dis dans ta Parole qu'il faut manger et festoyer, qu’il nous faut nous réjouir de t'appartenir. Seigneur, tu me demandes d’entrer dans ta joie. Comme le dit ta Parole, "Je veux entrer dans la joie de mon maître" (Mt 25:23), parce que mon maître est un maître joyeux.

Ton temps de patience est encore pour nous aujourd'hui. Tu nous demandes de nous approcher de toi, de suivre les enseignements de Jésus et de lui ressembler. Tu nous demandes d'ouvrir notre cœur à l'autre, à celui qui souffre. Tu nous dis dans ta Parole Sainte: "A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour, les uns pour les autres" (Jn.13:35). Nous voulons graver ce verset sur nos poteaux, nous voulons graver ce verset dans notre cœur.

Père Admirable, cette nouvelle année académique sera une année bénie, nous en sommes sûrs, tu as déjà fait préparer le veau gras. Nous avons tant besoin d'être nourris de ta Parole Sainte. Nous avons tant besoin de ta présence dans nos vies. Il y a un vide en nous que toi seul peux remplir.

Merci Père de nous attendre sur le pas de la porte. Merci Père de venir nous chercher alors que nous ne désirons pas entrer dans la salle de fête.

Père Admirable, je me repens de mes péchés, et je te dis: Tel que je suis, je viens à toi.

 

Amen !