SERRER LA PAROLE DE DIEU DANS SON CŒUR (Psaume 119:11)

(Prêché à Glain, le dimanche 17 juillet 2016 par Ernest SUS) (Retranscrit dans un style parlé)

Avant de commencer, nous allons prier. "Seigneur, comme il est écrit dans ta Parole : Ouvre nos yeux pour comprendre les merveilles de ta loi. Seigneur, aide-nous à la comprendre et à la serrer dans notre cœur pour ne pas pécher contre toi, mais pour porter du fruit à ta gloire. Au nom de Jésus. Amen."

Un jour à la fin de l'étude biblique, notre pasteur nous a fait prendre le Psaume 119 au verset 11 où il est écrit : "Je serre ta Parole dans mon cœur, afin de ne pas pécher contre toi", et il nous a demandé ce que cela signifiait pour nous "Serrer la Parole de Dieu dans son cœur". Je n'ai pas eu de réponse à lui donner, parce que je ne savais pas.

Mais je me suis souvenu d'une parabole dans laquelle Jésus a parlé de quelqu'un qui serrait quelque chose. Je ne vais pas apporter le message de ce matin sur cette parabole que l'on a intitulée "La parabole du riche insensé", mais nous allons la lire pour comprendre :

 I- LE SENS DU MOT "SERRER"

"Et Jésus leur dit cette parabole : Les terres d'un homme riche avaient beaucoup rapporté.  Et il raisonnait en lui-même, disant : Que ferai-je? car je n'ai pas de place pour serrer ma récolte.  Voici, dit-il, ce que je ferai : j'abattrai mes greniers, j'en bâtirai de plus grands, j'y amasserai toute ma récolte et tous mes biens; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années; repose-toi, mange, bois, et réjouis-toi. Mais Dieu lui dit : Insensé! cette nuit même ton âme te sera redemandée; et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il? Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n'est pas riche pour Dieu" (Luc 12:16-21). Relisons le verset 17 : "Que ferai-je? car je n'ai pas de place pour serrer ma récolte."

Pour connaître la définition du mot "serrer", j'ai consulté un dictionnaire et j'ai lu que ce mot avait beaucoup d'usages très différents. Je vais vous en citer quelques-un : "Serrer la main de quelqu'un", "Serrer la ceinture" qui est une expression qui a un sens propre et un sens figuré quand on n'a pas trop de moyens financiers et que les ressources diminuent. Une autre expression avec un double sens : "Serrer la vis" qui veut dire soit serrer des vis avec un tournevis soit serrer la vis quand la discipline se relâche.

Ma première surprise fut d'apprendre que le premier sens du verbe "serrer" veut dire "fermer". On n'emploie plus ce verbe avec ce sens-là de nos jours, parce qu'il est vieilli et qu'il n'est donc plus d'usage, sauf en wallon.

Donc nous voyons qu'il y a beaucoup de sens et beaucoup d'usages pour le mot "serrer", mais tous ces exemples n'expliquent pas ce que veut dire "Serrer la Parole de Dieu dans son cœur".

Cependant, le premier sens moderne du verbe "serrer", c'est "mettre à l'abri, placer en lieu sûr", et là, c'est plus clair pour comprendre notre verset : "Je mets ta Parole à l'abri et je la place en lieu sûr."

Dès lors, dans la parabole du riche insensé que nous avons lue, ce n'est pas difficile de comprendre que c'est important pour lui de mettre ses récoltes et son bétail à l'abri. Quand une bonne récolte est mal entreposée, elle peut moisir, elle peut geler, elle peut être volée, elle peut être détruite par le feu, etc. Et pour le bétail, c'est la même chose, il peut être volé et il peut tomber malade.

En temps de paix comme c'est le cas en Belgique, pour les récoltes, on n'a pas à se faire trop de souci. Par contre en période de disette pendant une guerre, il faut veiller à ce qu'on ne vienne pas voler la récolte ou la nourriture qu'on a entreposées, parce que la ration journalière d'aliments reste un souci majeur.

Selon les différentes versions plus récentes de la Bible, le mot "serrer" n'apparaît pas et il a été remplacé par "amasser, mettre, recueillir ou rassembler". Mais dans la version de Louis Segond de 1910, le mot "serrer" est maintenu et correspond bien au sens de "Mettre la Parole de Dieu à l'abri, en lieu sûr".

En préparant ce message, un mot de la même famille que le mot "serrer" a refait surface dans ma mémoire. On n'utilise plus ce mot, que j'ai probablement repéré dans un livre au cours de mes lectures, et c'est le mot "resserre". La resserre était un endroit où on mettait quelque chose à l'abri, où on rangeait, c'était une réserve.

Bien que nous vivions un temps de paix en Belgique, les différents entrepôts et les chambres froides sont toujours sous surveillance, parce qu'il y a toujours un risque de tout perdre. Mais en temps de guerre ou de famine, la resserre est encore un endroit très convoité.

Nous venons voir la signification du mot "serrer", nous allons maintenant examiner :

II- LE SENS DU MOT "COEUR "

La resserre m'a aussi fait penser au cœur dans lequel on doit serrer la Parole de Dieu. De même que la resserre est un endroit très convoité, de même le cœur de l'homme est aussi un endroit très convoité. Il est continuellement bombardé de façon ininterrompue d'offres de toutes sortes, parce que pour le cœur, c'est toujours la guerre. C'est une guerre spirituelle, parce qu'il  y a tellement de choses qui aimeraient s'y loger et le monde aimerait y faire rentrer tellement de choses aussi. D'un autre côté, il y a aussi dans notre cœur, dans notre resserre intérieure, tellement de choses qui devraient y être délogées.

Pour savoir ce qu'est le "cœur", j'ai consulté une concordance biblique. J'ai eu le vertige en voyant le nombre de fois où le mot "cœur" est utilisé, et la quantité de verbes et d'expressions auxquels il est associé est impressionnante.

Le "cœur biblique" dont parle le Psaume 119, ce n'est bien sûr pas la  pompe qui bat dans notre poitrine. Le cœur biblique, peut-on le peser, le mesurer, a-t-il une couleur et a-t-il une odeur? Je pense que non! Mais alors, qu'est-ce que c'est le "cœur biblique"?

Après avoir consulté plusieurs ouvrages, je me suis contenté de la définition du glossaire (petit dictionnaire que l'on retrouve à la fin de certaines Bibles) et qui dit : "Le cœur biblique, c'est la partie de l'homme la plus profonde, c'est le siège de sa pensée et de sa volonté."  Et à côté de cette définition, j'avais noté que c'était aussi "le centre des décisions morales et intellectuelles".

Pour expliquer cela, le glossaire fait référence à 1Rois 3:9-12, à propos du roi Salomon  qui avait demandé à Dieu de lui donner un cœur capable de discerner le bien et le mal, pour prendre de bonnes décisions morales. De plus, Salomon avait demandé un cœur sage et intelligent, c'est-à-dire un cœur capable de connaître et de comprendre, afin de prendre de bonnes décisions intellectuelles.

Pourquoi est-ce tellement important de "Serrer la Parole de Dieu dans son cœur"?

Luc 6:45 nous dit :"C'est de l'abondance du cœur que la bouche parle." Alors pourquoi, avec certains chrétiens, est-ce si difficile d'avoir une conversation, alors qu'avec d'autres, ça peut durer et on a tant de choses à partager? Tout simplement parce que "C'est de l'abondance du cœur que la bouche parle"!

Je lis souvent ce verset : "Garde ton cœur plus que toute autre chose, car c'est de lui viennent les sources de la vie" (Pr.4:23).

L'Ancien et le Nouveau Testament parlent de la "circoncision du cœur", c'est-à-dire un cœur qui est séparé du mal et un cœur qui est entièrement au Seigneur : "L'Éternel, ton Dieu, circoncira ton cœur et le cœur de ta postérité, et tu aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme, afin que tu vives" (Deut.30:6). Je vais aussi citer brièvement un texte de l'apôtre Paul où il dit : "...la circoncision, c'est celle du cœur, selon l'esprit..." (Rom.2:29). De même dans le livre de Jérémie, le Seigneur reproche à Juda de n'être pas revenue à Lui de tout son cœur, mais simplement pour sauver la face. Il dit que c'est avec fausseté qu'elle est revenue, et c'est pour cette raison que le Seigneur appelle Juda "la perfide" (Jér.3:10).

Lors de la dernière conférence d'évangélisation, notre pasteur nous a rappelé que le cœur est aussi important pour le salut, parce que pour le salut, le Seigneur nous demande une adhésion de cœur et une confession de la bouche. La Parole de Dieu nous dit : "Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car c'est en croyant du cœur qu'on parvient à la justice, et c'est en confessant de la bouche qu'on parvient au salut..." (Rom.10:9-10).

Je vais vous demander de chercher un verset dans votre Bible, et n'oubliez pas ce qu'un pasteur africain avait dit : "Que celui qui n'a pas de Bible s'asseye à côté d'un chrétien." Nous allons donc maintenant lire le Psaume 12:3 : "On se dit des faussetés les uns aux autres, on a sur les lèvres des choses flatteuses, on parle avec un cœur double."

Je vais vous montrer une photo avec un Monsieur à double face. Et nous aussi, nous pouvons rencontrer des hommes et des femmes à double face. Ils ont un côté pile avec, comme nous le voyons sur la photo, un beau sourire et la Bible sur les genoux, mais sur le côté face, on peut les imaginer avec un verre de vin et une cigare à la main dont la fumée n'est pas l'encens des prières qui montent vers le Seigneur. Etre à double face, c'est avoir un cœur double, et ça, le Seigneur l'a en horreur.

Une autre chose qui nous a aussi été rappelée lors de la dernière conférence d'évangélisation, c'est que "Le cœur de l'homme non régénéré est mauvais, tortueux par-dessus tout et il est incurable" (Jér.17:9). L'évangile de Marc est un grand catalogue des choses qui sont dans le cœur d'un homme non régénéré et qui n'est pas né de nouveau : "Car c'est du dedans, c'est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l'homme" (Mc.7:21-23).     

Dans au moins trois passages, le prophète Ézéchiel parle d'un cœur  de pierre, d'un cœur  de chair et d'un esprit nouveau. Et c'est ce que nous recevons à la nouvelle naissance, en un même temps : un cœur  nouveau et un esprit nouveau avec lequel nous ne voyons plus comme avant, avec lequel nous comprenons autrement qu'avant d'avoir accepté le Seigneur. Nous recevons, en même temps, une nouvelle nature avec, en même temps, un nouveau comportement extérieur parce que : "Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles" (2Cor.5:17).

Je vais vous lire une poésie de Pierre Coran qui est un poète et un romancier belge :

Le caillou

J’ai un caillou dans mon soulier
Qui me fait mal, très mal au pied.
J’ai un caillou dans mon soulier
Mais tant pis si j’ai mal au pied.
J’ai voyez-vous, beaucoup trop peur
Que le caillou soit dans mon cœur.

C'est une poésie pour enfants, mais je pense qu'on peut en tirer un enseignement pour chaque adulte.

En effet, "le caillou dans le soulier", qu'est-ce que ça pourrait être pour chacun d'entre nous? Ce caillou qui fait mal pourrait être une offense grande ou mineure, mais qu'on va dramatiser. Ce caillou pourrait être une injustice involontaire que nous avons subie, qui nous fait mal et qu'on ne peut pas oublier. Ce caillou pourrait être quelque chose qui reste en nous, un souvenir vivace de quelque chose de désagréable que nous avons vécu et qui nous empoisonne. Et tous ces cailloux s'appellent "la rancune".

Même s'il est Amour, le Seigneur n'aime pas les cœurs durs et il n'aime pas les cœurs "caillou". Il donne ce commandement : "... et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton peuple" (Lév.19:18). Et à propos des discordes, l'apôtre Paul dira : "Pourquoi n'êtes-vous pas prêts à souffrir  quelque injustice?" (1Cor.6:7), en d'autre mots, "Pourquoi ne pas pardonner une offense?"

Lorsque le Seigneur Jésus était sur la croix, il était déjà mort. Nous savons que "Un des soldats lui a percé le côté avec une lance, et aussitôt il sortit de l'eau et du sang" (Jn.19:34). Je ne sais pas si ce soldat visait le cœur, mais en tout cas, il sortit de l'eau et du sang, parce que Jésus n'avait pas un caillou dans son cœur, il n'avait pas un cœur de pierre.

Jésus avait un cœur qui priait : "Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font" (Lc.23:34). Et au pied de la croix, il s'est encore préoccupé de sa maman : "Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui" (Jn.19:26-27).

De son vivant, l'apôtre Pierre a dit : "Vous savez comment Dieu a oint du Saint Esprit et de force Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l'empire du diable, car Dieu était avec lui" (Ac.10:38). Et jusqu'à son dernier souffle, Jésus avait un cœur qui débordait de compassion et de miséricorde. Pour Jésus, il n'y a jamais eu "Moi d'abord", sa priorité, c'était toujours la brebis perdue qu'il était venu chercher et sauver.

Nous avons vu qu'une bonne récolte, si elle était gardée dans de mauvaises conditions, pouvait périr, elle pouvait moisir, être brûlée ou être volée. Mais il n'en est pas de même avec la Parole éternelle de Dieu qui ne périra jamais. On a jeté des Bibles au feu, on les a écrasées et déchirées, mais "La Parole du Seigneur demeure éternellement" (1Pi.1:25).

Le problème, ce n'est pas le contenu et ce n'est pas la Parole qui est impérissable. Non! Le problème, c'est le contenant et c'est le cœur.

Dans le Psaume 19:10-11 nous lisons : "Les jugements de l'Éternel sont vrais, ils sont tous justes.  Ils sont plus précieux que l'or, que beaucoup d'or fin." Ce trésor qui est plus précieux que beaucoup d'or fin, il mérite un bel écrin et il mérite le plus bel écrin qui soit. Et le Seigneur a voulu que cet écrin, dans lequel on garde sa Parole, soit notre cœur, mon cœur.

Alors, à quoi ressemble l'écrin de mon cœur? Est-ce que c'est un écrin bien rangé ou est-ce un écrin dans lequel il y a du ménage à faire et dans lequel il y a beaucoup de bazar?

Un des Sages du livre des Proverbes a dit : "Mon fils, donne-moi ton cœur, et que tes yeux se plaisent dans mes voies" (Pr.23:26).

Que le Seigneur vous bénisse!