J'AI DECHARGE SON EPAULE DU FARDEAU, ET SES MAINS ONT LACHE LA CORBEILLE (Psaume 81)

(Prêché à Glain, le 18 mars 2018- Jean-Claude Corbisier)

 

Psaume 81:1, psaume d'Asaph

 

J'aime cet Asaph, lévite de l'Ancienne Alliance, fidèle dans le service, consacré, zélé, bouillant. Il portait bien son nom: "Celui qui rassemble"!

 

Comme tout lévite, il était chargé de s'occuper du sanctuaire, de transporter le tabernacle, de dresser la tente de la rencontre, d'en prendre soin, d'assister les sacrificateurs dans leurs travaux et leurs responsabilités, d'assurer avec eux le service dans le temple et autour du temple; de participer activement aux rituels des sacrifices journaliers nécessaires pour que chacun du peuple de Dieu puisse retrouver le contact avec son Dieu Saint, selon les paroles données à Moïse, et d'organiser, plusieurs fois par an, les fêtes souvenirs des moment-clés de leur Histoire (comme par exemple la sortie de l'esclavage en Egypte), l'occasion de rappeler les bénédictions, les avertissements, les conditions de l'alliance et les lois de Dieu à respecter dans tous les domaines. Il assumait, strictement, consciencieusement.


De plus, et ce n'était pas rien, avec sa famille, il était chargé de jouer des instruments, de chanter devant Dieu, d’entraîner l'Assemblée dans les cultes d'adoration, ce qu'il faisait admirablement bien. Douze psaumes lui sont d'ailleurs attribués : les psaumes 50, et 73-83, (dont ce psaume 81 aujourd'hui). Ces psaumes étaient tous adressés à un Dieu vivant et agissant qu'il connaît et qu'il aimait, qu'il appelle dans ses cantiques: "Sa force, son refuge, son roi, le berger d'Israël, Dieu de notre salut, celui dont le nom est proche", c'est tout dire. Et il s'écrie: "M'approcher de toi, mon Dieu, c'est mon bien!" Amen!

 

Quel bouillonnement dans son cœur!

 

Asaph, un musicien, un poète, d'une sensibilité pour le service de Dieu et pour le bien de l'Assemblée, aussi un "prophète", comme il est appelé dans les livres historiques des Rois et des Chroniques, c'est-à-dire quelqu'un qui "reçoit, qui discerne la pensée de Dieu et qui la communique". Quel homme précieux dans l'Assemblée d'Israël, n'est-ce pas?

 

Asaph, un croyant vrai, pieux, pratiquant, comme il y en a certainement dans toutes les églises, cherchant en tout à plaire à Dieu, à faire tout ce qu'il demande, à suivre les règles enseignées, à aimer et à servir son prochain...


Le monde déboussolé dans lequel nous vivons a tant besoin de tels témoins authentiques d'une relation vraie et sincère, avec un Dieu vivant, digne de respect et de confiance.

 

Gloire à Dieu, aujourd'hui encore, pour le service et le rayonnement humble et fidèle de tels membres d'églises "pratiquants", des diacres, anciens, pasteurs fidèles; pour l'impact qu'ils ont dans leur famille, dans l'assemblée, au boulot, pour le bon témoignage qu'ils donnent et l'exemple qu'ils laissent partout. Amen!

 

Que nous en soyons, mes amis!

 

Mais pourtant, je n'aurais sans doute pas parlé d'Asaph ce matin, si je n'avais été interpellé par "une" parole étonnante, surprenante, incroyable dans sa bouche au cœur de son psaume 81. Après trois petits points (dans ma version Second Colombe) qui interrompent sa louange concernant l'intervention extraordinaire de Dieu lors de la délivrance de l'esclavage en Egypte du temps de Moïse, il se surprend lui-même et dit quelque-chose d'étonnant: "J'entends un langage qui m'est inconnu : J'ai déchargé son épaule du fardeau, et ses mains ont lâché la corbeille. Tu as crié dans ta détresse, et je t'ai délivré " (v.6b à 8a).

 

UN LANGAGE QUI M'EST INCONNU (v.6b)

 

Lequel?

Celui de la grâce infinie, miraculeuse, bienfaisante de Dieu qui intervient dans nos impasses.

 

Dans une religion comme la sienne, comme la nôtre parfois, faite de rites, de lois, de traditions, où on "fait le maximum" pour plaire à Dieu, mais où on ne sait jamais si on en a assez fait; où on "fait souvent semblant", mais où on n'est pas en paix, on se culpabilise; où on a tendance à "essayer de compenser nos manquements par des bonnes actions, des sacrifices" et à marchander avec Dieu: "donnant-donnant ", mais où on est déçus. Car Dieu ne semble pas jouer le jeu, il ne répond pas à nos attentes, il fait le sourd et on "reste impuissants", prisonniers de nos manquements, de nos faillites, de nos peurs, de nos soucis.

 

Dans cette religion bien réglée, légaliste, illusoire de "l'ancienne alliance", résonne au cœur d'Asaph une parole jusque-là inconnue, une parole nouvelle, libératrice: celle de "la grâce de Dieu" qui vient à sa rencontre et qui lui murmure tendrement: "J'ai déchargé son épaule du fardeau... et ses mains ont lâché la corbeille!"

 

J'AI DECHARGE SON EPAULE DU FARDEAU (v.7a)

 

Quelle épaule? Quel fardeau?

 

Certainement l'épaule fatiguée du peuple hébreux, esclave du pharaon dont il parlait au verset 6, peinant à fabriquer et à porter des briques pour construire les temples et les pyramides en Egypte, de plus en plus malheureux et incapable de se libérer lui-même, jusqu'à l'intervention miraculeuse de Dieu

 

Mais aussi l'épaule épuisée du peuple de Dieu, quelques siècles plus tard du temps d'Asaph, quand les choses ne vont pas comme elles devraient, quand l'ennemi fait son œuvre d'intimidation, de destruction...

 

Peut-être l'épaule d'Asaph lui-même, conscient de ses limites, de ses responsabilités, du ministère contraignant et exigeant qu'il porte parfois seul, incompris, critiqué par des frères qui ne sont pas tendres avec lui, comme cela arrive souvent aux serviteurs de Dieu...

 

Mais aussi l'épaule de tout croyant de chaque génération, culpabilisé par ses propres manquements, ses péchés, ses limites; miné, épuisé par des soucis, des fardeaux trop lourds à porter; conscient de ne pas être à la hauteur des attentes (les siennes, celles des autres, celles de Dieu), tellement chargé, écrasé, épuisé, découragé.

 

Peut-être ton épaule aujourd'hui, fatiguée de porter toute une corbeille pleine de fardeaux pesants que tu connais, que d'autres discernent, qui te poursuivent, qui t'écrasent, qui t'empêchent d'avancer, qui te culpabilisent depuis si longtemps ou depuis peu, de nouveaux...

 

Quel Dieu apporte aujourd'hui cette parole libératrice?

 

Un Dieu qui sait que tu ne t'en sortiras pas sans lui ; un Dieu "qui t'entend et te délivre quand tu cries à lui dans ta détresse" (v.8), un Dieu qui prend sur lui.

 

Entendez-vous sa parole bienfaisante, éternelle, la bonne nouvelle de sa grâce, l'Evangile :

 

"Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos pour votre âme";

"J'ai porté vos souffrances, vos fautes, vos douleurs, je m'en suis chargé; pourquoi les garder?"

"Tendez l'oreille et venez à moi, écoutez et votre âme vivra, abandonnez cette voie, je vous pardonne"

"Déchargez-vous sur moi de tous vos soucis ;  je prends moi-même soin de vous!"

"Qui de vous par ses inquiétudes peut ajouter une longueur à la durée de sa vie?"

"Rejetez tout fardeau et le péché qui vous enveloppe si facilement, et courez les yeux sur Jésus".

 

Viens, laisse-moi décharger ton épaule du fardeau, lâche la corbeille... et surtout ne la reprends pas! dit le Seigneur.

 

QUELLE EST LA SEULE REPONSE VALABLE A LA GRACE DE DIEU QUI EST OFFERTE?

 

Bien-aimés, quelle est la seule réponse valable à la grâce que Dieu nous offre? Que tu continues à porter, à supporter, à en souffrir ou à compenser et à faire semblant? Non! 3 fois non! Ce serait faire peu de cas de sa compassion pour toi.

 

1. C'est que tu cries à lui dans la détresse (v.8)

 

C'est que nous soyons humbles et honnêtes. Que ce soit un appel au secours sincère et vrai quand nous touchons le fond, conscients de ce qui nous pèse, convaincus que, dans sa miséricorde, Il nous entend et nous répond comme lui seul peut le faire, dans sa grâce.

 

Tous tes péchés et fardeaux qui te pèsent depuis longtemps, tes soucis, Il les a pris sur lui à la croix pour que tu en sois déchargé, délivré, libéré, pour que tu sois enfin un homme (une femme) debout!Ce n'est pas seulement valable pour ceux qui viennent pour la première fois à Christ avec leurs péchés, leur culpabilité, leurs dépendances. C'est valable aussi pour nous, chrétiens fatigués, épuisés de porter de lourds fardeaux, appelés à les discerner et à les confesser. Alors, crie-lui tes difficultés, ta détresse: " Seigneur, help, je n'en peux plus, je ne peux pas continuer comme ça!"

 

2. C'est que tes mains lâchent la corbeille, vraiment, et que tu ne la reprennes pas (v.7b)

 

Un lâcher-prise conscient, nécessaire, qui coûte un pas de foi, un lâcher-prise sans lequel la grâce de Dieu est inopérante, sans lequel la Bonne Nouvelle est vaine, sans lequel rien ne change, sans lequel on continue à porter trop lourd, à traîner des casseroles et à se débattre avec sa misère.

 

Bien-aimés, entendez-vous la voix du Seigneur ou est-ce encore un langage inconnu pour vous?

 

Ce ne l'est en tout cas plus pour Asaph, et il partage la nouvelle à ses frères en la foi. Trois fois, dans la suite de son témoignage, Asaph interpelle et supplie l'assemblée d'Israël de la part de Dieu: "Ecoute, mon peuple, Oh! si tu m'écoutais (v.9), Oh! si tu m'écoutais vraiment (v.14).

 

Trois fois le Seigneur dira: "S'il te plaît, mon peuple, écoute", c'est comme s'il disait: "Perçois-tu mon amour pour toi, mon désir et ma capacité de te décharger, de te libérer, de te redresser, de porter pour toi?"

 

Pourquoi cette insistance?

 

Parce que trop souvent, nous comme eux, nous "entendons" le message avec notre tête, mais nous ne "l'écoutons" pas avec notre cœur, et il n'a dès lors aucun impact dans notre vie. Une semaine plus tard nous l'avons oublié, c'est comme si Dieu avait parlé au mur, pour rien.

 

Pourquoi croyez-vous que Jésus s'adresse aux sept Eglises de l'Apocalypse en disant chaque fois "Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit à l’Église"? et on peut ajouter: "Repens-toi, remets-toi en question, sinon, tu passeras à côté." Parce que c'est là notre problème: nous sommes durs de la feuille et du cœur, nous ne le prenons pas au sérieux, nous ne faisons pas le pas de foi attendu!

 

A la fin d'un message, d'un culte, d'une méditation personnelle, d'une exhortation reçue d'un frère ou d'une sœur, ne devrions-nous pas toujours nous poser les questions suivantes: "Qu'est-ce que le Seigneur m'a dit, qu'est-ce qui doit changer, quel est le premier pas, quand est-ce que je commence?" Je lui fais confiance concrètement, parce qu'il est fidèle, capable et qu'il m'aime. Et là, il se passe des choses, nous marchons avec le Seigneur, nous expérimentons sa grâce et l'impossible n'existe plus!

 

Prenons deux exemples pour nous convaincre:

 

Suite au message clair et pressant de Dieu via Moïse au début de l'Exode, que seraient devenus les esclaves hébreux s'ils ne s'étaient levés pour sortir des camps, suivre Moïse, mettre les pieds dans la mer et avancer dans le désert comptant sur la seule grâce de Dieu? Eh bien, ils seraient restés des esclaves à pleurer sur leur sort. N'est-ce pas ce que nous faisons trop souvent?

 

Suite à ce psaume 81 que Dieu a inspiré à Asaph, qu'aurait-il vécu, et ses frères avec lui, s'il avait bouché ses oreilles à ce "langage inconnu" qui le bouleversait? Il aurait peut-être abandonné, il aurait été découragé et désespéré pour lui-même et pour l'assemblée.

 

APPLICATION

 

"Je décharge ton épaule du fardeau, lâche la corbeille."

 

Que signifie l’Évangile de la grâce de Dieu pour nous chrétiens "évangéliques" aujourd'hui, et pour ceux qui nous observent, nous entendent, nous regardent vivre, si nous restons prisonniers de nos péchés, de nos dépendances, de nos mauvais caractères, de nos problèmes de relations, de notre passé, de notre présent, si nous ne savons que faire des fardeaux et des soucis qui remplissent nos corbeilles, si nous continuons à porter amertumes, rancœurs, jugements, colères, refus de pardon...?

 

Mesurons-nous à quel point ces choses pèsent réellement "lourd" dans nos corbeilles, combien elles nous freinent personnellement, bloquent peut-être l'assemblée et contredisent le témoignage?

 

Resterions-nous écrasés, prisonniers, esclaves, fatigués, chargés, tristes, découragés, des perdants, des ''losers'', alors que nous pouvons ''lâcher prise'' et devenir en Lui des ''winners'', pour sa gloire?

 

CONCLUSION

 

Ce message de la grâce de Dieu vécu et proclamé par les apôtres, les premiers disciples, nous serait-il un langage encore inconnu, pas ''vraiment'' écouté, pas ''assez'' pris assez au sérieux? Il est pourtant la base d'une nouvelle alliance, le point de départ d'un réveil spirituel, la condition, le premier pas vers une vie nouvelle "debout", déchargée, libérée, remplie, paisible et rayonnante.

 

Bien-aimés, vous entendez? Il vous dit personnellement ce matin: "J'ai déjà déchargé ton épaule du fardeau", il n'y a pas de raisons pour que tu restes chargé!

 

Réfléchis: quels fardeaux pèsent encore, dans ta corbeille?

des péchés (lesquels?)

de l'amertume (envers qui?)

des inquiétudes (pour quoi?)

des soucis (pour qui?)

des peurs (de qui, de quoi?)

 

Le Seigneur te demande trois choses aujourd'hui:

 

- Mets un nom sur chacun de ces poids qui sont dans ta corbeille, ses causes, ses effets

- Dis-les à Jésus, ton Sauveur et Maître, dans une courte prière silencieuse: Il t'entend

- Fais-lui confiance: Il t'en décharge, Il s'en est chargé lui-même pour te renvoyer libre!

 

Repars de ce lieu déchargé, confiant, paisible, heureux, "debout"! Vis de la grâce de Dieu!

 

Si tu as besoin d'aide, fais appel à ton pasteur, à un ancien, à quelqu'un de confiance, mais ne repars surtout pas comme tu es venu! Amen!

 

J'ai tout remis entre tes mains,

ce qui m'accable et qui me peine,
ce qui m'angoisse et qui me gêne,
et le souci du lendemain,
j'ai tout remis entre tes mains, entre tes mains.

J'ai tout remis entre tes mains,
le lourd fardeau porté naguère,
de mon péché, de ma misère,
et le pourquoi de mon destin,
j'ai tout remis entre tes mains, entre tes mains.

J'ai tout remis entre tes mains,
que ce soit la joie, la tristesse,
la pauvreté ou la richesse,
tout ce que, jusqu'ici, j'ai craint,
j'ai tout remis entre tes mains, entre tes mains.

J'ai tout remis entre tes mains,
que ce soit la mort ou la vie,
la santé ou la maladie,
le commencement ou la fin,
j'ai tout remis entre tes mains,
car tout est bien entre tes mains!

(Cantique d'auteur inconnu)