UN MAL-ETRE GUERI
Prêché à Glain, dimanche le 16 février 2014 par Daniel FINET
(Retranscrit dans un style parlé) SA

Chers amis, ne vous étonnez pas de la manière dont je parle (avec une certaine pédagogie ou expressions didactiques), elle est issue de l'appel de Dieu sur ma vie et sur la vie de mon épouse, à savoir travailler parmi les enfants. Et comme nous sommes tous des enfants, déjà à l'avance, veuillez m'excuser si parfois il y a ces expressions enfantines qui resurgissent.

Notre accent assez typé traduit nos origines. Certains disent que nous sommes Flamands, d'autres Allemands, Irlandais, Slaves… en fait toutes les langues qui accentuent les « R » semblent être notre origine. Nous provenons d'une région méconnue des Liégeois, à l'autre bout du monde, toujours en Belgique et qui s'appelle le Borinage. C'est une région wallonne se trouvant dans la province du Hainaut, au sud-ouest de Mons, calée entre l'E42 (la dorsale wallonne) et la France, à peine à 140km de Liège. C'est un ancien site minier, cordonnier, fermier, et qui aujourd'hui connaît une extrême pauvreté. Mais pour tous ceux qui l'ont visité, je pense aux jeunes, à Jacques, à Marc, on peut dire que ses habitants ont le cœur sur la main. Le Borinage comprend plus ou moins vingt villages et Colfontaine est une de ses entités qui regroupe 25.000 habitants.

Il y a dix églises évangéliques protestantes, six églises catholiques, une mosquée, une salle du Royaume des Témoins de Jehovah et le centre laïque. C'est là, au sein de familles modestes, humbles, de milieu ouvrier (mon papa travaillait à la SNCV, actuellement la TEC et le papa de Phébé mon épouse travaillait à la RTT, actuellement Belgacom) et c'est au sein de l'Assemblée de Frères connue sous le nom de «  A.F.  », actuellement les «  A.P.E.B  » que nous avons appris à connaître Jésus-Christ; c'est là également que l'appel nous a été donné à travailler parmi les enfants. Nous avons vu et nous pouvons témoigner de la Grâce de Dieu qui animait à la fois nos parents et l'Assemblée.

C'est pour des raisons de santé, et uniquement de santé, que nous avons décidé de quitter notre modeste maison Bel-Etage de Pâturages, laissant à Dieu l'autorité de placer sur notre route ce qui répondrait à nos besoins, à la fois physiques, spirituels et aussi le désir, avec les forces qu'Il nous donnerait, de continuer à Le servir dans l'Eglise. Pour cette Eglise, nous y avions ajouté des critères missionnaires, des critères qui annoncent l'Evangile, une Eglise qui aime le Seigneur et qui vit la Seigneurie de Christ dans un chemin de sanctification, là où règne l'Amour de Christ. Notre Dieu a répondu au-delà de ce que nous avions pensé et osé même Lui demander, en nous accordant un foyer tant physique que spirituel.

Dans le cheminement qui m'a été demandé par le Conseil des Anciens, il était souligné « Pourquoi rejoindre l'Eglise et devenir membres ? » Mais parce que nous n'avons aucune conception d'un chrétien qui vit isolément, pour nous, servir Dieu c'est servir l'Eglise et une Eglise locale. Ce n'est pas dans notre conception de dire aimer Jésus-Christ et ne pas aimer l'Eglise qui est Son corps et qui passe par une Eglise locale. C'est aussi un lieu où il y a l'apprentissage, où on est constamment en formation et où on est disciple de Jésus-Christ.

Pourquoi l'Eglise de Glain  et pas ailleurs? Bien sûr parce qu'on connaît plusieurs membres parmi vous, on connaît Jacques, Marc et Ernest, et aussi plusieurs jeunes qui nous ont accompagnés dans les camps. Mais aussi parce que j'y découvre une Eglise qui est continuellement en mouvement, qui ose se remettre en question et qui a cette double vision concernant l'Eglise, à savoir vers l'extérieur, l'amour des perdus et à l'intérieur, exciter les frères et sœurs à l'Amour de Christ, à l'amour fraternel dans un chemin de sanctification. En plus, on se sent « chez nous  » puisque dans votre démarche, je pense qu'il n'y a plus de différence entre les APEB et l'Eglise de Glain. On se sent chez nous dans votre manière de célébrer les cultes et de vous réunir. Aussi, parce que nous avons besoin de vous, c'est un réel sentiment, nous avons besoin de vous parce que vous allez veiller sur nous. Et puis, parce que je découvre dans l'Eglise des hommes et des femmes enfants de Dieu, excusez-moi, pleins de faiblesse, et c'est pourquoi j'aime l'Eglise. Elle n'est pas encore parfaite et on a besoin les uns des autres.

Daniel laisse la parole à son épouse dont voici le témoignage.

Il m'a été demandé de vous faire un petit compte rendu de ma conversion. Je n'ai jamais témoigné devant une grande assemblée, permettez-moi donc de le lire.

En fait, je n'ai pas une date très précise de ma conversion. Je suis née dans l'Assemblée de Pâturages, mes parents y étaient membres et, depuis l'âge de plus ou moins quinze jours, je les accompagnais à toutes les réunions. Je grandissais donc parmi des chrétiens et j'allais régulièrement à l'école du dimanche et au groupe des jeunes. Ensuite, par Sa Parole, le Saint-Esprit m'a amenée à prendre conscience que j'étais perdue et que j'avais besoin d'un Sauveur. J'ai donc pris la décision de suivre le Seigneur et j'ai demandé pour passer par les eaux du baptême. Pour parler de la Sainte Cène à l'époque ça s'appelait « demande de participer à la communion de l'Assemblée » cela a été accepté (aujourd'hui, il s'agit de la demande d'être membre).

A notre tour, Daniel et moi, nous nous sommes occupés de l'école du dimanche qui était appelée à l'époque «  le petit troupeau  ». Nous nous sommes mariés en 1969 et nous avons eu deux fils. Tout en continuant l'école du dimanche, nous avons eu l'occasion de suivre une formation de moniteurs avec Melle PALMBERG à Bruxelles, rue du Moniteur. Nos fils, devenus des petits gamins, nous les avons inscrits au scoutisme du Temple de Quaregnon. Nous les avons suivis pendant quelques années en allant, moi pour la cuisine, et Daniel comme aumônier, à leurs camps qui étaient organisés sous tentes en Ardèche et dans la Drôme. Ensuite, on a demandé à Daniel d'être responsable du camp des Taillis à Genval où je l'ai suivi pour la cuisine pendant quelques années.

Pour en revenir à l'Assemblé de Pâturages, j'ai été désignée comme diaconesse jusqu'à notre départ pour notre déménagement. Tel est donc le parcours de ma vie dans l'Eglise.

Je vous demande de m'excuser si, quand je vous salue, j'oublie le nom de chacun d'entre vous. Mes oublis sont la conséquence d'un accident d'intoxication au monoxyde de carbone dont j'ai été victime en 1994. Le Seigneur a permis que Daniel se réveille pour me secourir et c'est grâce à lui que je suis là maintenant devant vous.

Je vous remercie de m'avoir écoutée et que le Seigneur vous bénisse tous.

Daniel FINET reprend la parole.

Il y avait une femme dans le monde entier que Dieu avait choisi pour moi, une seule, et c'est Phébé.

Pour parler de Celui qui m'a sauvé, il me faudrait des jours et des jours tellement Il est grand, Il est beau et Il est merveilleux. Pour être le plus court possible, je voudrais souligner seulement quatre points sur ce qui m'est arrivé.

1. Ma famille 
Ma vie a été une vie bien cadrée, dans une famille pieuse, qui aimait le Seigneur, où l'Evangile était vécu et proclamé. Il n'y avait rien à reprocher à mes parents, au contraire, il n'y avait que des éloges. Il n'y avait rien à reprocher à l'Eglise, il n'y avait rien à ME reprocher. Pourquoi avais-je besoin d'être sauvé? Pourquoi avoir besoin d'un Sauveur alors que dans ma vie, il n'y avait aucun excès. Il n'y avait pas de télévision chez nous, la seule chose que nous avions était un vieux tourne-disque avec un plateau en fer pour écouter des vinyles 78 tours que nous avions reçus d'Amérique à l'issue de la guerre, et ce tourne-disque était loin de nos appareils actuels.

En résumé, on peut dire que j'étais un gentil gamin, un gars bien. Il fallait que je prenne conscience que j'étais perdu.

2. Ecole du dimanche
A cette école du dimanche, il n'y avait qu'un seul groupe partant de l'âge des nourrissons jusqu'à l'âge de 18 ans, avec 60 ou 70 enfants. C'est dire que même au sein de maman, j'étais à cette école du dimanche.

Le pasteur de l'époque, Virgile Blanquet, était très pédagogique, il conduisait l'Eglise et il apportait la prédication aux enfants. Quand j'avais 10 ans, il a abordé l'épître aux Romains dont nous pourrions dire qu'elle est «  trop difficile pour un enfant de cet âge  ». Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Rom 3.23), mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous (Rom.5:8). "Mais non, je suis un gars bien." "Le salaire du péché, c'est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur" (Rom.6:23). "Mais je ne suis pas un pécheur moi, j'ai une vie bien réglée, bien encadrée."

Il faut dire qu'à dix ans, cette étude m'a marqué. Et notre pasteur de rajouter que: La mort est venue par un homme, c'est aussi par un homme qu'est venue la résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ" (1Corinthiens 15:22).

Je me rappelle de sa pédagogie, de son expression didactique que je vais essayer de vous faire revivre. Il avait trouvé un plateau semblable à celui-ci que j'ai trouvé chez moi (un plat rectangulaire dans lequel nous faisons cuire des lasagnes). Virgil Blanquet nous a dit que ce plateau à l'état neuf était parfait, puis un jour ce plateau a été lâché et il est tombé (Daniel Finet laisse tomber son plateau sur le sol). Depuis lors, le plateau porte la marque de cette chute.

"C'est comme toi Daniel, tu as l'air bien mais dans ton être intérieur, tu portes la marque du péché, par nature, tu es pécheur." Quel électrochoc pour un gars qui pense être bien, qui est bien élevé, dont les parents parlent de la Bible, pour lequel le cinéma et les dancings étaient inconnus et pour lequel tout était réglé pour la gloire de Dieu. Sauf que je perdais de vue que ma nature était pécheresse. Tel était le premier électrochoc.

3. Le chemin de la repentance
Toutes ces étapes que je vous raconte étaient liées, imbriquées les unes dans les autres. Quand j'avais 6 ou 7 ans, à l'époque on n'achetait pas, dans une chaîne suédoise ou tout autre magasin, des cadres à suspendre pour décorer une chambre. Pour décorer ma chambre, mes parents avaient utilisé des dessins avec des textes bibliques coloriés par moi à l'école du dimanche pour en faire des cadres (à l'époque, appelés des sous-verres et qui avaient été construits par papa). Un jour, je reviens de l'école et il y avait une pile avec une dizaine de ces cadres. Dans un élan de joie, je saute et mon coude fait tomber la pile de cadre par terre. La réaction de papa a été de me dire d'aller me coucher. Une demi-heure plus tard, papa frappe à la porte de ma chambre et me dit: "Gamin, je te demande pardon!" Pour moi, mon papa qui était un modèle a montré d'une manière vivante ce qu'était le chemin de la repentance.

4. Moi, une créature merveilleuse  ? Comment tout a basculé
Il restait aussi à Dieu de régler les mauvaises images que j'avais de moi, mon apparence, le regard des autres, les moqueries. Moi, je n'avais qu'une petite boule de crème glacée dans un tout petit cornet pour m'entendre dire: "Tu vas grossir!" Alors que l'autre avait son gros cornet avec 4 boules de crème glacée, de la crème chantilly et du chocolat par-dessus. Que de blessures.

Papa avait une soeur qui était engagée, elle comme concierge et son mari comme cuisinier, à la Faculté de Théologie de Paris XIVe. La loi française obligeait toute personne à se retirer de son boulot et à prendre des vacances; mon oncle et ma tante passaient leurs vacances dans des camps de jeunes. Donc chaque année, après le camp du mois de Juillet où maman était occupée à la cuisine, nous étions invités à passer avec eux 2/3 semaines à Paris.

Vous pouvez donc vous rendre compte combien j'ai été baigné, dès ma plus tendre enfance, dans cet appel de Dieu. Quand j'arrivais chez mon oncle et ma tante, à cause de mon apparence "imposante", mon seul désir était de vite rejoindre le musée Grévin où je me rendais chaque année. Là, dans une salle particulière appelée "salle des miroirs", il y avait un miroir devant lequel je prenais place et où je me disais combien j'étais beau et combien j'étais mince. Je m'y voyais comme j'aurais voulu être. Et puis, quand je sortais de cette salle, je devais à nouveau affronter les regards des autres, des regards qui, pour moi, étaient des regards méprisants et des regards de rejet.

Une année, avec une équipe de l'Eglise de Paris Nation, le pasteur Alain CHOIQUIER est venu à la sortie du musée Grévin. Là, j'ai reçu un cadeau dont je vais vous montrer la copie agrandie. On pouvait y lire: "Au verso, vous découvrirez celui qui est précieux de Dieu et pour lequel il a un projet merveilleux". J'ai donc vite retourné le cadeau (Daniel le montre à l'assemblée), c'était un miroir et je m'y suis vu! Bien-aimés, sans être narcissique, chaque matin quand je m'éveille, je me brosse les dents, je me vois dans le miroir et je me dis "Toi, Daniel Dieu t'aime".

C'est ainsi que dans la rue, sans personne, sinon que dans un contact de coeur à coeur avec Dieu, je prenais conscience que les gens autour de moi regardaient à l'apparence mais que mon Dieu regardait au coeur et qu'il m'aimait. Dans cette rue, à douze ans, j'ai pleuré sur mon péché et j'ai reçu Jésus-Christ comme mon Sauveur.

Ces versets dans la Parole de Dieu, sont des paroles qui me touchent tout particulièrement: Ainsi parle maintenant l'Éternel, qui t'a créé, ô Jacob! Celui qui t'a formé, ô Israël! Ne crains rien, car je te rachète, je t'appelle par ton nom: tu es à moi! Si tu traverses les eaux, je serai avec toi; et les fleuves ne te submergeront point; si tu marches dans le feu, tu ne te brûleras pas, et la flamme ne t'embrasera pas. Car je suis l'Éternel, ton Dieu, le Saint d'Israël, ton sauveur; tu as du prix à mes yeux, parce que tu es honoré et que je t'aime C'est moi, moi qui suis l'Éternel, et en dehors de moi il n'y a point de sauveur (Esaïe 43:11). Je le suis dès le commencement, et nul ne délivre de ma main; j'agirai: qui s'y opposera? (Esaïe 43.13).

Dans ce passage, comme à moi il y a 55 ans, Dieu TE dit encore aujourd'hui et pour toujours: "Je t'aime, tu es mon enfant".

"Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne" (Jean 15:16). Dieu me disait et Il me le dit encore aujourd'hui «Je t'aime, tu es mon enfant!». La joie du salut était mienne désormais et j'entendais le Seigneur qui me disait et qui me le dit encore aujourd'hui: "Ce n'est pas toi qui m'as choisi, c'est moi l'Eternel qui t'ai choisi, qui ai voulu que tu sois mon enfant, de tout temps je t'avais dans mes pensées, j'ai placé un appel sur ta vie".

Le Seigneur Jésus de me dire: "Comme le Père m'a aimé, Je t'ai aimé, demeure dans mon amour Daniel, mon enfant". Et au lieu d'entendre mon prénom, vous qui m'écoutez ce matin, mettez le vôtre et vous entendrez Dieu vous dire: "Je t'aime, tu es précieux, tu as de la valeur, tu n'es pas nul pour moi". Pour le Seigneur, il n'y a pas de gros, il n'y a pas de mince, pas de noir, pas de blanc, pas de jaune, pas de Borin, pas de Liégeois. Dieu nous aime qui que nous soyons.

"Tu es aimé tel que tu es Daniel!" L'Amour de Dieu devenait évident pour moi. Le regard des autres n'existait plus. J'entendais la voix de mon Seigneur me redire: "Je t'estime Daniel, Je t'honore, tu es à moi et moi Je suis à toi, Je pense à toi, Je parle avec toi, Je t'écoute!" Alors que le monde dit aux enfants: "Tu as de valeur à condition que tu sois intelligent, que tu aies du talent, que tu sois dans la bonne échelle sociale, que tu sois riche, que tu aies la grosse voiture et la dernière télévision". Mais Dieu chasse tout cela et me redit: "Tu as de la valeur pour moi Daniel. Pourquoi? Parce que c'est comme ça… tel est mon Amour pour toi, sans condition".

Depuis lors, ma vie et celle de ma chère épouse s'enracine dans le cœur même de Dieu. Dieu avait un projet pour moi qui étais un grand timide, moi qui bégayais.

Il faut savoir qu'à l'Athénée, un professeur d'histoire m'a dit: "Finet, tu es un nul, Finet, tu es un pied," c'est-à-dire quelqu'un qui se laisse marcher dessus, qu'on écrase comme un ver de terre, quelqu'un qui ne vaut rien.

Mais, bien-aimés, Dieu dans sa Grâce a fait de moi un «pied dans son œuvre, dans son Eglise» et pour cela, je Le bénis! Je suis devenu un pied qui a chaussé le zèle de l'Evangile et qui reste debout par Sa Grâce et par vos prières.

Que le Seigneur vous bénisse!