Je vous invite ce matin à partager un passage de la Parole de Dieu dans l'Evangile de Luc au chapitre 18:9. Nous allons le lire une première fois dans ma version et nous le relirons ensuite ensemble. "Un bon chrétien évangélique ayant la certitude de son salut, persuadé d'être rempli du St-Esprit, se rendit un dimanche matin au temple tout conscient de la grâce spéciale qu'il faisait l'objet. Il priait ainsi en lui-même. "Oh Dieu, je te loue de ce que tu m'as choisi moi. Merci pour ce que j'ai pu faire pour toi tout au long de la semaine écoulée. J'ai témoigné à deux personnes, qui d'autre que moi aurait pu le faire?"
"J'ai jeûné jeudi toute la journée, tu dois être content Seigneur. J'ai vraiment fait tout ce qu'il fallait pour que tu entendes ma prière. J'ai aussi visité cette soeur malade spirituellement. Si après ce que je lui ai dit elle ne revient pas à l'église, je ne comprends plus rien Seigneur. Je te loue Seigneur de ce que j'ai compris ta Parole. Jésus, merci d'avoir fait de moi un homme spirituel. Merci de ne pas être comme ce frère à la traîne, il ne doit pas avoir compris grand chose de ta Parole. Tu vois comment il est habillé pour venir au culte. Je doute même de sa conversion Seigneur. Je l'ai vu cette semaine au café avec des gens peu recommandable."
Pendant ce temps, ce pauvre frère, comme disait l'autre n'osait même pas lever les yeux conscient de son indignité et de sa petitesse devant son Dieu et de la grâce immense dont il était l'objet de la part de son Seigneur. Il s'humiliait devant son père en proclamant sa bonté et son amour.
Je vous invite maintenant à lire la version originale et vous allez constater qu'il n'y pas une grande différence. "Jésus dit encore la parabole suivante à l'intention de ceux qui se croyaient justes aux yeux de Dieu et méprisaient les autres. Deux hommes montaient au temple pour prier, l'un était Pharisien, l'autre collecteur d'impôt. Le Pharisien debout priait ainsi en lui-même: O Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont voleurs, mauvais, adultères. Je te remercie que je ne suis pas comme les collecteurs d'impôts. Je jeûne deux jours par semaine et je te donne le dixième de tous mes revenus.
Le collecteur d'impôts lui se tenait à distance, il n'osait même pas lever les yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant: O Dieu, aie pitié de moi qui suis un pécheur. Je vous le dis, ajouta Jésus, cet homme était en règle avec Dieu quand il retourna chez lui, mais pas le Pharisien. En effet, quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé."
Jésus dans ce passage nous raconte une parabole, une histoire dont il se servait pour faire passer des grandes vérités, en faitdes illustrations, pour permettre à son auditoire de le comprendre. Un événement peut-être que Jésus a observé dans le passé parce qu'il allait souvent au temple. Il montait au temple pour prier et il observait. Il devait s'asseoir dans un coin ou rester derrière une colonne et observer ce qui se passait.
Rappelez-vous l'histoire de la vieille dame qui avait donné ses deux pièces, Jésus l'avait vue et il avait noté son geste. Alors, qui sont les personnages de notre parabole? Un Pharisien et un collecteur d'impôts. Nous pouvons dire que c'était le haut de gamme et le bas de gamme dans la société juive. Le Pharisien appartenait à un parti religieux, composé de gens qui étaient attachés, à la lettre, à la Parole de Dieu, qui ne dérogeaient pas d'un iota, disaient-ils quand à la loi. L'apôtre Paul était de ceux-là avant sa conversion.
C'était des hommes qui se croyaient être irréprochables et qui parfois même, osaient dire à Jésus qu'il se trompait. Et puis d'un autre côté, un Juif, un publicain qui était un collecteur d'impôts, mais pas n'importe quel collecteur d'impôts. Les publicains étaient les chefs, en général. Ils étaient les responsables d'une section de Jérusalem ou d'une autre région de la Judée pour recueillir les impôts. Vous en connaissez peut-être un autre que Jésus a rencontré un jour, un homme très sympathique d'ailleurs qui a reçu Jésus dans sa maison. Il s'appelait Zachée.
Le petit Zachée qui avait entendu que Jésus passait dans sa ville, et qui, pour le voir, était monté dans un arbre parce qu'il était petit, peut-être parce qu'il ne voulait pas trop se faire voir des autres, parce qu'il était méprisé par la population. Et cette histoire extraordinaire se termine par un repas de Jésus dans la maison de Zachée. Jésus s'invite chez Zachée, il devait aimer ce genre de personnage.
Un de ses disciples, Matthieu était aussi un péager. Il était assis aux portes de la ville et il recueillait le droit de péage, parce qu'on devait payer à l'époque pour entrer dans une ville. De plus, les collecteurs d'impôts et les péagers travaillaient pour l'occupant. En plus, c'était un collabo. Vous vous imaginez un peu le mépris du peuple sur ces gens qui recueillaient les impôts pour l'occupant. Et pourtant, quand dans le Nouveau Testament on parle des publicains, de Zachée, de cet homme-ci et puis de Matthieu, on se rend compte que ces gens sont très proches de Dieu. Ils ont un coeur qui bat pour leur Dieu.
C'est pas tellement ces deux personnages en eux-mêmes qui sont importants pour nous aujourd'hui, mais c'est ce qu'ils vont nous apprendre sur nous-mêmes. Jésus raconte une parabole et ce récit donne une portée universelle à ce que Jésus va dire. Et Jésus dit cette parabole à l'intention de ceux qui se croyaient justes aux yeux de Dieu et méprisaient les autres. J'ai fait l'adaptation avant de lire l'original, vous vous rendez compte qu'il est très facile d'adapter cette parabole à notre vie aujourd'hui, à nos circonstances d'aujourd'hui.
Il est facile d'en faire une parabole moderne sans changer beaucoup de mots. Nous pourrions prendre d'autres exemples que j'ai cités tout à l'heure. En fait, ce que Jésus reproche au Pharisien, ce n'est pas le fait qu'il loue Dieu, on n'en parle pas. Je crois que c'est une bonne chose qu'il loue Dieu, mais ce qui lui est reproché, c'est qu'il le fait en se comparant aux autres. Voilà ce que Jésus va lui reprocher. Le fait de se placer au-dessus des autres pour dire "moi je suis meilleur que lui."
Dans le style, "moi, je suis mieux que mon frère ou que ma soeur parce que j'ai compris ce passage de la Bible. Moi, je suis plus spirituel parce que j'ai été baptisé du St-Esprit." J'ai déjà personnellement entendu quelqu'un dire: "Moi, j'ai tel don spirituel, alors effectivement je suis plus spirituel que lui qui ne l'a pas. Moi, je donne ma dîme, moi, mais lui, mon frère, je vois qu'il met une petite pièce tous les dimanches dans le sac de la collecte ou dans le panier. Moi, je donne ma dîme. Moi, je suis présent tous les dimanches au culte, quoi qu'il arrive, mais lui, s'il a fait la fête le samedi soir, on ne le voit pas le dimanche matin. Moi, je suis à toutes les réunions de l'église, tandis que lui, est-ce que ça l'intéresse vraiment."
Ça ne vous dit rien ce genre de chose. Moi, ce sont des pensées qui m'ont déjà effleurées l'esprit par rapport à des gens, des frères et des soeurs dans l'église. Le péché de ce Pharisien, c'est de se servir de l'autre, pire de le mépriser, de le juger pour se justifier devant Dieu. Je ne pense pas qu'il y ait parmi nous des soeurs ou des frères qui se croient naturellement justes devant Dieu. Nous sommes tous convaincus de notre nature pécheresse. Nous sommes tous convaincus de notre incapacité à nous rendre justes par nous-mêmes. Il est écrit, "il n'y a pas d'hommes justes, pas même un seul, il n'y a personne qui comprenne, personne qui recherche Dieu. Tous ont quitté le bon chemin, ensemble, ils se sont égarés. Il n'y a personne qui fasse le bien, pas même un seul" (Rom.3:10). Voilà comment nous sommes naturellement devant Dieu.
Je pense que si ce matin nous sommes enfants de Dieu, nous réalisons que c'est vrai, et qu'il n'y a personne parmi nous qui se dit en lui-même, "je suis juste," parce que nous avons compris que nous avions besoin de ce sacrifice de Jésus à la croix, pour recevoir de sa part cette justice, afin de se l'approprier. C'est lui qui nous a rendus juste au travers du sang de la croix. Alors si nous sommes ses enfants, nous pouvons dire "j'ai été justifié par le Père."
Mais je ne pense pas que c'est de cette justice-là que parle la parabole, c'est d'une autre justice. C'est plutôt de la propre justice, ceux qui se considèrent vraiment comme des gens bien dans la famille chrétienne. Le genre de chrétien qui croit avoir compris quelque chose et qui méprise son frère ou sa soeur parce qu'il ne semble pas l'avoir compris. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas tout compris, qu'on n'est pas chrétien ou des disciples.
Souvenez-vous des disciples d'Emmaüs. Ils n'avaient rien compris de la mission de Jésus. Ils ne l'avaient même pas reconnu à ce moment-là comme étant le Messie. Pour eux, Jésus était un prophète puissant, qui devait délivrer le peuple et jeter les Romains dehors. Et pourtant, le passage les appelle "deux disciples." Et Jésus ne contredit pas cela. Ce matin, si nous sommes dans cette position du Pharisien et que nous réalisons que bien souvent nous méprisons l'un ou l'autre, je pense qu'à ce moment-là, il y a aussi le moyen de la grâce.
Je me souviens lorsque j'étais adolescent, on passait dans un cinéma à Charleroi le film de Corrie Ten Boon, "Dieu en enfer." C'est un film qui attirait un certain nombre de chrétiens de la région de Charleroi. Et puis, je vois là un groupe de jeunes qui attendaient eux aussi pour entrer dans le cinéma et je me suis approcher d'eux pour rentrer dans le groupe. Ils m'ont regardé, et il y en a un qui, sans me dire bonjour, m'a demandé qui j'étais, et si j'étais baptisé du St-Esprit. Moi, je ne savais pas ce que c'était, parce que je venais d'une assemblée qui ne parlait pas de cela. J'ai répondu, "je ne sais pas." Et bien, comme un seul homme, ils se sont tous détournés de moi, ils ont continué à se raconter leurs histoires et je me suis retrouvé tout seul. Et j'ai compris ce jour-là ce que ça pouvait faire, d'être exclu d'un groupe parce qu'on n'était pas comme les autres spirituellement. Ça m'a fait mal ce jour-là, mais ça continue à me faire réfléchir aujourd'hui. "Je te loue oh Dieu que je ne suis pas comme les autres."
Ce matin nous sommes tous, je l'espère, dans la position de ce péager qui réalise de quelle grâce il bénéficie aujourd'hui. Vous vous rendez compte, il n'y a pas de justes, pas même un seul. Tous ont péché, tous se sont égarés. Et pourtant, nous sommes venus ce matin pour le louer, pour l'adorer, pour le remercier pour vivre ensemble cette commémoration qui est plus qu'un simple souvenir, parce que c'est vraiment l'image, le symbole de ce que Jésus a fait pour nous. Chaque fois que je partage le pain et le vin, je me rends compte d'où je viens. Je réalise ce que le Seigneur a fait de moi et je réalise aussi que je suis bien loin d'être ce qu'il attend de moi.
Et souvent, je suis en train de me retrouver comme ce péager en demandant pardon à Dieu, parce que je réalise mon incapacité à lui faire plaisir et mon incapacité à être celui qui doit être. Et en même temps, je peux lui dire que je l'aime comme dans ce dernier cantique que nous avons chanté. Je l'aime parce qu'il m'a aimé le premier. Je l'aime parce qu'il a donné sa vie pour moi. Je l'aime parce qu'il m'a adopté. J'étais un étranger et il a fait de moi son fils. Il a fait de vous ses filles et ses fils. N'est-ce pas extraordinaire! Il a fait de moi son héritier. Cohéritiers avec Christ. Ça veut dire quoi? Ça veut dire qu'on va hériter de la même chose que Christ. Héritiers en même temps que lui. Voilà ce qu'il a fait de nous.
On pourrait beau se faire croire qu'on est arrivé, de se croire plus fort qu'un autre, de se croire plus spirituel qu'un autre, le jugement de Jésus contre ce Pharisien est assez implacable: "Il est retourné chez lui non justifié." Alors que le péager lui, est retourné chez lui justifié. Ce péager est conscient de son péché et il n'essaye pas de trouver des excuses sur le compte des autres, il vient humblement devant son Dieu, reconnaissant seulement qu'il a besoin de son pardon. Je n'ai pas besoin de la grâce de Dieu une seule fois dans ma vie, ou seulement le jour de ma conversion, j'en ai besoin tous les jours, parce que c'est tous les jours que je marche, et que c'est tous les jours en marchant, que je me sali les pieds. Et nous avons besoin que jour après jour, le Seigneur vienne nous laver les pieds. Il l'a dit quand il a lavé les pieds des disciples.
Ce matin, sans doute que l'un ou l'autre d'entre nous, nous nous retrouvons dans l'un ou l'autre de ces deux personnages. Un peu dans un et un peu dans l'autre. Pas tout à fait dans le Pharisien et pas encore tout à fait dans le publicain, mais Jésus nous aime comme il a aimé Zachée, comme il a aimé Matthieu, comme il a aimé ces deux disciples d'Emmaüs qui n'avaient rien compris, mais rien compris du tout.
Jésus connaît notre coeur, notre désir sincère de l'aimer et de le servir. Cette attitude du publicain devrait être la mienne tous les jours. Je dis la mienne, parce que ce n'est pas le cas. Dans son épître, l'apôtre Jean nous dit que "si nous confessons nos péchés, nous pouvons avoir confiance en Dieu, car il est juste, il pardonnera nos péchés et il nous purifiera de toute iniquité." C'est une promesse et Dieu accomplit toujours sa promesse, alors je peux faire confiance à cette Parole. Quel que soit notre péché, il est fidèle et juste pour nous pardonner.
Si ce matin, quelqu'un d'entre nous ressent dans son coeur ce sentiment de culpabilité pour un péché qu'il a fait ou qui se perpétue dans sa vie et qui croit que c'est trop grave pour que Dieu lui pardonne, et bien qu'il se rappelle cette promesse du Seigneur: "Si nous confessons nos péchés, nous pouvons avoir confiance en Dieu car il est juste. Il pardonnera nos péchés et il nous purifiera de tout mal." Ce n'est pas parce que c'est nous qui allons le faire, c'est parce que Jésus a payé le prix à la croix. A cet endroit, Jésus a bu la coupe de condamnation qui nous revenait. C'est lui qui a été condamné à ma place et grâce à cela, je peux être certain du pardon de Dieu pour mes péchés.