M'AIMES-TU PLUS QUE NE M'AIMENT CEUX-CI? (Jn.21:15-17)
(Prêché à Glain, dimanche le 26 août 2012)
(Retranscrit dans un style parlé)

Que répondriez-vous si quelqu'un vous demandait après avoir partagé un déjeuner avec vous, "m'aimes-tu?" Vous sentiriez-vous libre de répondre non? Croyez-vous que vous auriez le choix de répondre non? Et ne serait-il pas encore plus difficile, de répondre à la question "m'aimes-tu plus que ne m'aiment ceux-ci?" Surtout lorsque "ceux-ci" dont il est question, se trouvent à la même table que vous, attendant fermement ce que vous allez répondre (v.15). Serions-nous capable de faire ce que Jésus a fait, c'est-à-dire de poser trois fois de suite la même question "m'aimes-tu" à quelqu'un que nous avons invité à manger et que nous considérions comme étant un ami?

D'un autre côté, n'avons-nous pas parfois tendance à croire trop rapidement que deux personnes s'aiment? En pensant par exemple, qu'une fois que l'amour est là, il ne changera jamais ou il ne disparaîtra jamais! Ne nous arrive-t-il pas parfois de prendre l'amour pour acquis, alors que nous ne réalisons pas qu'il n'existe plus depuis longtemps, suite aux disputes épuisantes de tous les jours? "M'aimes-tu" après tout ce que nous avons traversé ensemble? Après toutes les expériences douloureuses et décevantes que nous avons vécues? "M'aimes-tu" même si l'autre jour tu m'as laissé tombé? Même si tes paroles m'ont fait tellement de peine? Est-ce que je peux être certain de ton amour ou est-ce que je devrais te demander plus souvent: "M'aimes-tu?"

C'est pourtant la question que Jésus a posé à Pierre très tôt ce matin-là: "M'aimes-tu?" La question était saisissante. Le petit groupe assis autour du feu sur les bords de la mer de Tibériade va détourner rapidement les regards vers celui qui parlait. Il était tranquillement assis ne regardant qu'un d'eux, et attendant sa réponse. Pendant toute la nuit, ils avaient travaillé sans rien prendre. "Le matin étant venu, Jésus se trouvait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c'était Jésus" jusqu'à ce que le disciple que Jésus aimait dise à Pierre" C'est le Seigneur!" (v.4 et 7)

"Dès qu'il a entendu que c'était le Seigneur, le pauvre Pierre, plein de remords, va s'habiller, sauter dans l'eau, et avec de grandes et fortes brassées atteindre bientôt la rive. Les autres le suivent en ramenant le filet plein de poissons. Un feu de charbon brûle, et des poissons et du pain cuisent. Pas un mot n'est prononcé jusqu'à ce que le maître lui-même les invite en disant: "Venez mangez!" (v.12)

Finalement, après qu'ils eurent mangé, Jésus rompt encore une fois le silence en disant à Simon Pierre: "M'aimes-tu?" C'est à Pierre qu'il s'adresse, au grand Pierre, maladroit, le disciple qui, l'avait renié récemment, celui qui "était sorti et qui avait pleuré amèrement" (Luc 22:62). Il allait le mettre à l'épreuve. Pierre aurait à faire un triple aveu d'attachement pour ses trois reniements. Il allait le juger par la plus haute norme possible, "le test suprême." "Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu?"(v.15)

Dans les versets 15-17 où le Seigneur demande à Pierre: "M'aimes-tu?", le verbe grec agapao qui fait allusion à l'amour divin est employé dans les deux premières questions posées par Jésus. Mais Pierre se souvenant de ses trois reniements et conscient de sa faiblesse, n'ose pas se servir d'un verbe aussi fort qu'agapao. Dans sa réponse: "Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime." Il le remplace par philéo qui signifie "avoir de l'affection," "avoir de l'estime pour quelqu'un." Lorsque le Seigneur, pour la troisième fois, demande à Pierre "m'aimes-tu?" Il emploie à son tour philéo dont le sens est plus faible. Et de nouveau, Pierre dont le coeur éclate presque de douleur à la pensée que son Seigneur pourrait douter de lui, répond avec un coeur qui bat et une voix tremblante: "Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime." Et à chaque réponse, Jésus dira à Pierre: "pais mes brebis et suis-moi."

Et nous, nous avons appelé cette question, "le test suprême." Mais était-ce après tout la plus grande épreuve d'attachement et de loyauté, l'aveu le plus engageant que des lèvres humaines puissent exprimer? Jésus semblait pourtant le penser; en réalité, il était prêt à tout baser sur cette seule question. Il savait ce qu'il faisait, il savait qu'il posait la question la plus importante dans toutes les langues. Et aujourd'hui, après plus de vingt siècles, nous pouvons toujours considérer cette question comme le test suprême de notre vie spirituelle.

I- LE TEST SUPREME DU DISCIPLE
Jour après jour, à travers les siècles, Jésus-Christ a attiré des hommes et des femmes à lui-même, pas par la force, pas par la peur, mais par l'amour. Satan était bien d'accord qu'il possède tous les royaumes du monde à condition "qu'il se prosterne et qu'il l'adore" (Mat.4:9). Mais Jésus savait qu'il n'était pas de la volonté du Père de forcer les hommes à lui obéir. Ah non! Il serait bien d'accord d'attirer mais pas de contraindre, de gagner, mais pas de forcer. Les hommes auraient à le choisir selon leur bon vouloir. Ils allaient être gagnés par l'amour.

Une telle union serait beaucoup plus étroite, plus forte, plus durable qu'une obéissance forcée. L'amour l'avait amené sur la terre, l'amour l'avait poussé à mourir pour une race perdue, et l'amour allait attirer des hommes et des femmes à lui. Est-ce qu'un serment d'allégeance quelconque pourrait être plus fort que le simple test qu'il a choisi d'établir: "m'aimes-tu?"

Il ne pose aucune question sur la doctrine, le dogme, la croyance, la théologie, le péché, la repentance, le service; là-dessus, pas un mot. Une seule question est posée, et remarquez que c'est sa dernière occasion de le faire, puisqu'il va bientôt aller rejoindre son Père. C'est maintenant la meilleure occasion qu'il a de donner ses dernières instructions et ses avertissements à ceux qui veulent le suivre. Il ne dit rien d'autre. N'y a-t-il pas d'autres conditions pour devenir disciple, n'y a-t-il pas de credo ou de formule d'église à accepter? Non, pas une. Et pourquoi? Parce que "m'aimes-tu" inclut et englobe tout. Les autres choses trouveront par elle-même leurs propres places, parce que la question "m'aimes-tu?" suffira pour tout le reste. "M'aimes-tu" conduira vers tout ce qui est nécessaire.

Des milliers de gens aujourd'hui sont membres actifs d'église, sont d'excellents ouvriers, mais n'ont pas d'amour personnel pour Jésus-Christ. Etre fidèles aux grandes doctrines fondamentales de la foi ne prouve pas que vous êtes fidèle dans votre coeur à Jésus. Des multitudes qui sont en ordre dans leur tête ne le sont pas dans leur coeur. Les formes et les cérémonies ne suffiront jamais. Frères et soeurs, à choisir, n'est-il pas préférable d'être en ordre dans mon coeur et dans l'erreur dans ma tête qu'être dans l'erreur dans mon coeur et être en ordre dans ma tête? C'est à cause de cela qu'il y a tant de controverse et de ressentiment aujourd'hui dans l'Eglise. Dieu nous a donné une faucille non pour l'employer contre nos frères, mais pour ramasser des gerbes. Il est même possible d'être un martyr pour la foi et pourtant de ne pas aimer Jésus-Christ. N'est-pas ce que Paul sous-entend lorsqu'il écrivit: "Et même si je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, même si je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas l'amour, cela ne me sert à rien" (I Cor.13:3)

John Wesley en est un exemple frappant. En 1735 il quitte l'Angleterre pour convertir les Indiens d'Amérique. Il revient à la fin de 1737, l'expérience avait été décevante. Convaincu d'avoir échoué dans sa fonction, il retourna en Angleterre. Pendant son voyage de retour, il nota dans son journal: «Je suis allé en Amérique afin de convertir les Indiens. Mais qui me convertira, moi?» Mais au cours de ce voyage et lors de son retour à Londres, John Wesley a rencontré des Frères Moraves qui lui ont ouvert de nouvelles perspectives de vie. Ces chrétiens, que dirige le comte de Zinzendorf, lui font partager leurs expériences spirituelles et leur consécration totale à Dieu. Un Allemand de la Communauté des Frères Moraves fondée par Zinzendorf, s'employa à faire connaître à John Wesley le chemin qui mène à la foi vivante. Et le 24 mai 1738, John Wesley connaît une vie totalement nouvelle. Ce jour-là, au cours d'une réunion qui a lieu à Aldersgate (Londres), on lit la préface de Luther à l'épître aux Romains.

John Wesley a alors la certitude que Christ l'a sauvé «de la loi du péché et de la mort»; en une véritable conversion, il s'abandonne totalement à Dieu. L'événement le bouleverse: «J'ai senti mon coeur saisi d'une manière étrange. Je ressentais que je faisais confiance au Christ, uniquement à la délivrance par Jésus-Christ, et soudain j'eus la conviction qu'il avait enlevé mes péchés, oui les miens, et qu'il m'avait délivré de la loi du péché et de la mort.» Il ne s'agissait pas d'une approbation strictement intellectuelle de thèses dogmatiques, mais d'une foi vivante, d'une foi qui vient du coeur. La Bible appelle ce bouleversement «conversion» ou «nouvelle naissance». Les grands Réformateurs eux-mêmes nous relatent, avec plus ou moins de détails, une telle expérience.

Aujourd'hui encore, Jésus nous pose la même question. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à aimer. Nous sommes appelés à aimer Dieu, notre prochain et nous-même. Quelle est notre réponse à sa question? Quelle est l'intensité de notre amour pour Dieu et pour Jésus ce matin? Jésus répond à la réponse d'amour de Pierre en lui donnant une tâche à accomplir, une responsabilité: "Pais mes brebis, c'est-à-dire aime mon peuple, prends soin de lui."

II- LE TEST SUPRÊME DE LA CONDUITE
Il ne nous est plus nécessaire de poser les vieilles questions concernant notre attitude à l'égard des choses du monde: "Est-ce mal de faire ceci?" ou "est-ce un péché de faire cela?" Nous appliquons simplement le "test suprême" à toutes nos actions. Et cela devient "la puissance qui nous pousse à aimer les autres comme Christ nous a aimé." Ce n'est pas une question de savoir s'il est bon ou mauvais de se permettre des amusements douteux, parce qu'un homme arrive à être si rempli de l'Esprit de Dieu, si pénétré de l'amour de Christ, et si désireux de servir et de plaire à celui qui a gagné l'affection de son coeur, qu'il n'y a pas de place pour le péché, pas de place pour le monde, et il n'aura absolument aucun désir pour les choses dans lesquelles celui qui n'est pas sauvé trouve son plaisir. Pensez-vous qu'un homme ferait du mal à quelqu'un qu'il dit aimer vraiment? Je ne pense pas. D'où il ressort que la grande question, "le test suprême," c'est l'amour.

Frères et soeurs, dites-moi, l'aimez-vous? Si c'est le cas, vous désirez lui plaire. Si c'est le cas, vous désirez le suivre. Si c'est le cas, vous serez pleinement satisfait par lui, et par lui seul. Le monde n'attirera plus, ses charmes cesseront d'exister pour ce qui nous concerne, et vous ne désirerez plus participer à ses plaisirs trompeurs. Jésus, et Jésus lui-même vous suffira entièrement. Vous vous nourrirez de lui, vous vous tiendrez auprès de lui, vous demeurerez en lui, vous l'aimerez et vous le couronnerez roi de votre coeur. Toutes vos questions trouveront facilement leurs réponses si vous l'aimez vraiment.

III- LE TEST SUPRÊME DU SERVICE
Le disciple du Seigneur Jésus-Christ sert son Maître parce qu'il l'aime et non à cause d'une obligation dont il tient à se décharger. Qu'est-ce qui a poussé David Brainerd vers les tribus Indiennes en Amérique? Qu'est-ce qui l'a fait quitter son foyer à l'âge de vingt-quatre ans et demeurer seul au coeur des forêts vierges où aucun blanc n'avait encore posé le pied? Qu'est-ce qui l'a rendu capable, quoique se mourant de consomption, faible et sans force par manque de nourriture et à cause de longs voyages à cheval, par nuits froides privé de tout confort à se retrouver dans les bois sous une pluie battante, à continuer mois après mois à dire à ces Indiens que Dieu les aimait au point d'avoir donné son Fils, son Fils unique, afin qu'il mourut pour eux? Qu'est-ce qui le poussait tant? Je vous le demande! Etait-ce le devoir? Aucun homme ne penserait que ce fût son devoir d'en faire autant. Non, c'était l'amour! David Brainerd aimait son Seigneur et il désirait le montrer.

Il en est de même d'Adoniram Judson (1788-1850), de David Livingstone (1813-1873), et de Robert Morrison (1782-1834). Un jour le jeune homme écrivit cette prière dans son journal: «Jésus, je veux me donner entièrement à ton service. La question qui me préoccupe est, où te servirais-je? J'ai appris dans ta Parole que ton saint plaisir est que l'Évangile soit prêché dans le monde entier. Mon désir est, Oh Seigneur, de m'engager là où les ouvriers sont le plus en manque. Peut-être qu'un endroit particulier sur le champ est plus difficile qu'un autre. Bien que je me sente inapte, je sais que je peux faire toutes choses par ta puissance qui agit en moi. Oh Seigneur, guide-moi. Rends-moi capable d'évaluer le coût, et après être arrivé à une résolution, d'agir avec consistance ». Sa prière fut richement répondue. Morrison fut le premier missionnaire évangélique en Chine.

Malheureusement, nous n'avons pas parlé des Hudson Taylor, des William Carey et de tous les grands et héroïques missionnaires du passé. Oui mes frères, et il en sera de même pour vous, si vous l'aimez vraiment. Vous le prouverez par un service joyeux et heureux. Vous donnerez même votre vie s'il le faut, c'est-à-dire, si vous l'aimez. L'aimez-vous vraiment?

Lorsque nous cherchons à mesurer et à connaître la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur du grand coeur d'amour de Jésus et de sa compassion infinie, c'est à la croix que nous trouvons notre réponse. L'amour exige l'amour. Et rien ne satisfera un coeur qui aime, excepté l'amour. Et ainsi, parce qu'il aime tellement, il ne peut être satisfait avec rien de moins que l'amour de ses disciples. Que sont la fortune, les maisons, les voyages, le luxe et tout ce que l'argent peut donner pour celui qui soupire après l'amour? L'amour, et l'amour seul, est le moyen d'être accepté par Christ. C'est pourquoi "M"aimes-tu?" devient "le test suprême" pour chaque chrétien.

Dans une des plus grandes villes de France où l'épouse du commissaire Booth Clibborn de l'armée du Salut tenait des réunions d'évangélisation, elle reçut un jour la visite de la femme d'un riche Français. Dans sa main elle tenait une petite bouteille avec la mention "poison". Elle avait prise la décision de s'enlever la vie. Elle était une parmi les centaines qui habitaient ce pays qui vivaient sans Dieu, qui avait décidé d'emprunter le chemin du suicide. Cependant, avant de passer à l'acte, elle avait décidé de voir la seule personne dans toute la France en qui elle pouvait avoir confiance et d'avoir les yeux fixés sur elle au moment où elle mourrait. Mais laissons ses propres mots raconter l'histoire.

"Il y a quelques jours je me suis plainte à mon mari. Surpris et irrité il répondit: "Mais qu'est-ce que tu veux? Tu as accès à mon portefeuille, tu habite dans la même maison, tu manges à la même table, tout ce que ma fortune et ma position peuvent te donner est à toi, et pourtant tu te plains." "Je veux ton coeur," répondis-je, "je veux que tu m'aimes." "Oh", s'exclama-t-il, "tu ne peux pas avoir cela, parce que mon coeur appartient à quelqu'un d'autre. Tu peux avoir tout le reste, mais mon coeur, mon amour, c'est impossible." Que nous soyons riches ou pauvres, nous avons été créés pour aimer et être aimer, et rien ne peut nous satisfaire dans ce monde que de découvrir et de saisir tout l'amour que Dieu a eu pour vous et moi.

Frères et soeurs, nous pouvons offrir à Jésus-Christ tout le reste de ce que nous avons et pourtant il ne sera pas satisfait. L'amour exige l'amour, et rien de moins ne saurait le contenter. Et maintenant avec les mêmes paroles, et le même coeur qui languit, il vient à vous et à moi, et une fois de plus nous l'entendons poser la question qui constitue "le test suprême" et qui demande une réponse: "M'aimes-tu?" Si Jésus-Christ devait apparaître au milieu de nous et nous poser personnellement la question: "M'aimes-tu?" Que dirions-nous? Comment répondrions-nous? Jusqu'à quel point sa question nous interpellerait-elle? Pourrions-nous le regarder droit dans les yeux et lui dire: "tu sais tout, tu sais que je t'aime!"

Jésus a répondu à la réponse de Pierre en lui confiant une tâche, une responsabilité. "Pais mes brebis!" C'est-à-dire aime ceux qui m'appartiennent, prends soin d'eux. C'est peut-être de cette manière que nous le démontrons dans la pratique lorsque nous avons découvert l'irrésistible amour de Dieu pour nous: notre vie prend une toute autre direction, nos vies signifient tout à fait autre chose lorsque nous saisissons pleinement l'amour qu'il a manifesté pour nous à la croix.

L'amour de Dieu, se savoir aimé de Dieu, aimé Dieu, c'est ce qui détermine notre manière de vivre en attendant son retour. Et si nous avons l'impression que nous ne savons pas comment aimer Dieu, ou comment ressentir l'amour que Dieu a eu pour nous, cela peut nous aider si "nous prenons la décision de paître les brebis de Dieu, de prendre soin des autres, de faire les oeuvres que Dieu a préparer d'avance pour nous dans l'amour, de manifester notre foi et notre amour à travers nos actions. "Nous l'aimons," déclare Jean. Quant est-il vous et de moi?