L’HOMME QUI SE SEDUIT LUI-MEME (Jac.2:22-25)

(prêché à Glain, dimanche le 2 avril 2006) (21)

 

TROISIEME PARTIE

INTRODUCTION

La semaine dernière nous avons vu que Jacques parlait de deux classes de personnes dans ce passage. Dans la première, nous retrouvons ceux qui sous une apparence trompeuse de moralité et de religion, cachaient l’inimitié de leur coeur contre Dieu et réussissaient à persuader les autres qu’elles sont des personnes pieuses.

 

Cette semaine, j’aimerais examiner la deuxième sorte de personnes, c’est-à-dire, celle qui se rapporte à notre texte et qui se compose de ceux qui ne trompent pas les autres mais qui se trompent eux-mêmes. Ils sont fidèles en théorie mais relâchés dans la pratique. Ils semblent croire que la foi chrétienne se résume à un certain nombre de notions qui n’ont rien à voir avec le côté pratique de leur vie, et ils se trompent eux-mêmes en pensant qu’ils sont de bons chrétiens alors qu’ils sont dépourvus de toute véritable sainteté. Ils sont auditeurs de la Parole, mais non observateurs de la Parole. Ils aiment entendre un message qui vient de la Parole de Dieu et ils prennent un grand plaisir à entendre quelqu’un énumérer les doctrines abstraites de la foi chrétienne, au point où, leur imagination va même jusqu’à s’emporter et leurs sentiments stimulés lorsqu’ils entendent parler du caractère et de la souveraineté de Dieu. Cependant, ils ne prendront nullement soin de mettre en pratiques les préceptes de la Parole de Dieu et ils n’aimeront pas entendre prêcher les doctrines qui soulignent l’obligation de mettre en pratique l’amour qu’ils ont reçu de Christ à travers divers enseignements.

 

Je n’ai pas l’intention de prêcher à ceux d’entre vous qui tromper les autres par la grande rigueur de leur morale et par l’étalage qu’ils font de leur vie chrétienne. J’aimerais plutôt m’adresser à ceux d’entre vous qui ne mettent pas en pratique ce qu’ils savent être la vérité; c’est-à-dire, à ceux qui sont auditeurs, mais qui ne mettent pas en pratique la Parole de Dieu dans leur vie.  

 

Je ne connais pas vos noms, mais je désire que vous compreniez que si vous êtes dans cette position, vous êtes les personnes à qui je m’adresse, exactement comme si je vous nommais par vos noms. Je veux dire vous, vous qui êtes devant moi. Vous qui entendez la parole et qui la croyez en théorie, tandis que vous la reniez puisque vous ne la mettez pas en pratique. Je vous dis que vous vous trompez vous-mêmes et notre texte le confirme. Je pourrais citer beaucoup d’autres passages des Ecritures qui ne laissent également aucun doute à ce sujet, mais je désire attirer votre attention sur quelques considérations autres que le témoignage direct de l’Ecriture.

 

1) si vous ne mettez pas en pratique la Parole de Dieu c’est parce que vous ne croyez pas véritablement en elle.

Vous l’écoutez, vous admettez que ce que Dieu  affirme est la vérité, mais vous ne la croyez pas véritablement. Permettez-moi de vous dire que celui qui se trompe sur ce point est responsable de son erreur. Ce n’est pas votre conscience qui vous trompe, mais c’est vous qui ne discernez pas ce que votre conscience témoigne.

 

Je rappelle un enseignement que nous avons vu ensemble il y a quelques semaines. Deux choses sont indispensables à la foi évangélique, c’est-à-dire à la foi qui sauve:

a)      Une conviction intellectuelle de la vérité en ce qui concerne ce qu’il s’agit de croire. Je ne parle pas ici seulement de vérité abstraite, mais plutôt de vérité ayant telle ou telle relation avec vous. C’est donc cette vérité concernant votre conduite que vous devez recevoir intellectuellement.

b)      Le résultat sera que la vraie foi va alors se montrer en entraînant un état correspondant du coeur. Cet état correspondant du coeur est essentielle  à la vraie foi. Quand l’intelligence d’un homme est convaincue et qu’il admet que cette vérité qu’il a entendue va amener un changement dans sa vie personnelle, il doit encore donner sa cordiale approbation pour que cette vérité puisse opérer un changement radical dans sa vie et dans la vie des autres.  Ces deux états d’esprit sont indispensables à la vraie foi. La conviction intellectuelle de la vérité n’est pas la foi qui sauve; mais la conviction intellectuelle accompagnée d’un état correspondant des affections du coeur, correspond à la foi qui sauve.

 

Il s’en suit que là où est la vraie foi, celle qui sauve, se trouve toujours la conduite qui lui correspond. La conduite conforme à l’enseignement de la Parole est immanquablement liée à la foi qui sauve. Nous pouvons non seulement être certain que les hommes agiront comme ils croient, mais que c’est toujours la volonté qui dirige la conduite de quelqu’un. Supposez que je dise à un homme: “croyez-vous cela?” Et qu’il répond: “Oui, je le crois”, Que veut-il dire au juste? Il se peut qu’il parle d’une conviction purement intellectuelle, mais  il peut aussi avoir cette conviction sans avoir la foi.

 

Un homme peut même être d’accord concernant une vérité abstraite qu’il entend, supposant comme plusieurs le pensent que c’est la vraie foi et se tromper royalement. Par exemple, quelqu’un peut reconnaître le caractère et la souveraineté de Dieu, ainsi que le plan du salut qu’il offre à quiconque croit en Jésus-Christ, mais les considérer de manière abstraite. Beaucoup de personnes, quand elles entendent un sermon éloquent sur les attributs ou sur la souveraineté de Dieu sont transportées d’admiration à la vue des choses excellentes qu’elles ont entendues, mais sans pour autant y mettre un iota de vraie foi.  J’ai entendu parler d’un incrédule transporté même jusqu’à l’extase en entendant et en réfléchissant sur de tels sujets sans pour autant que cela change quoi que ce soit dans sa  vie. La raison est ainsi constituée qu’elle approuve naturellement et nécessairement la vérité considérée d’une manière abstraite. Les pires démons de l’enfer l’aimeraient s’ils pouvaient la considérer en dehors de toute relation avec eux-mêmes. S’ils pouvaient voir l’Evangile en dehors de toute relation avec leur comportement égoïste, non seulement ils reconnaîtraient cet enseignement comme étant vrai, mais ils lui donneraient encore leur approbation cordiale. Tous les démons de l’enfer, s’ils pouvaient voir Dieu dans son existence absolue, sans aucune relation avec eux-mêmes, ne manqueraient pas de donner leur cordiale approbation à son caractère si cela n’exigeait de leur part,  qu’ils abandonnent tout sentiment et tout comportement égoïstes. La raison pour laquelle les méchants et les démons haïssent Dieu, c’est qu’ils le voient dans ses rapports avec eux-mêmes. Leurs coeurs sont en révolte contre lui parce qu’ils le voient opposé à leur égoïsme. Ils ne veulent pas se soumettre ni à Dieu ni à sa Parole.

 

On retrouve ici la source d’une grande illusion au sujet de la Parole de Dieu. L’homme constate que ce qu’elle enseigne est la vérité, et il se réjouit réellement en la contemplant, mais il ne s’occupe pas des rapports qu’elle a avec lui. Il aime à l’entendre prêcher et il prétend en être nourri. Mais, oh surprise, il s’en va et il ne la met point en pratique. Voyez cette personne qui est malade; elle éprouve une grande émotion lorsqu’elle entend parler de l’amour et de la compassion manifestés par Jésus-Christ à l’égard du monde. Son coeur se brise en entendant les paroles de Jésus et elle éprouve une vive sympathie pour lui mais elle n’obéira pas à son enseignement. Pourquoi? Pour la même raisons que lui ferait éprouver les plus vives émotions au sujet du héros d’un roman. Elle n’obéit pas à Christ parce qu’elle n’agit jamais pour l’amour de Lui. Elle l’apprécie comme personnage, mais elle ne s’intéresse pas à ses enseignements parce qu’elle ne veut pas y obéir. Il est donc évident que votre foi si elle est réelle, va régler votre conduite et produira les bonnes oeuvres, autrement ce n’est point la foi de l’Evangile, ce n’est pas la foi qui sauve.

 

2) si vous ne mettez pas en pratique la Parole de Dieu c’est parce que vous ne voulez pas vous soumettre à son enseignement

Il est d’autant plus évident que vous vous séduisez vous-mêmes, puisque que toute personne disant avoir la foi va le manifester par une obéissance à la Parole. Quelle que soit l’approbation que vous donnez au Christianisme, vous n’avez pas la foi qui sauve si vous n’obéissez pas à la Parole de Dieu. Toute vraie foi se démontre par l’obéissance, je ne parle pas ici de l’obéissance extérieure (comme les Pharisiens la pratiquaient si bien) mais bien de l’obéissance du coeur. La première obéissance, c’est la foi elle-même, la vraie foi qui opère par l’amour et qui produit des actions en conséquence. Si le coeur n’est pas soumis à Dieu il est impossible qu’il puisse y avoir une réelle obéissance à sa Parole. L’amour est l’accomplissement de la loi; et la foi consiste dans l’obéissance du coeur avec la conduite extérieure qui en résulte. Celui donc qui entend la vérité, l’approuve et ne la met pas en pratique, se trompe lui-même. “Il est semblable  à un homme qui contemple son visage naturel dans un miroir, et qui après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt comment il était”.

 

Cet état d’esprit que par erreur vous confondez avec la foi, cette conviction intellectuelle de la vérité et cette approbation que vous lui donnez quand elle se présente dans sa forme abstraite, sont si loin d ‘être la preuve que vous êtes pieux, qu’on peut pratiquement le retrouver autant chez les méchants que chez les bons, du moins lorsqu’on leur présente la vérité en excluant son côté pratique.  C’est la raison pour laquelle il est souvent si difficile de convaincre les pécheurs qu’ils sont opposés à Dieu et à la vérité. L’homme est ainsi constitué qu’il approuve la vertu, qu’il admire le caractère et la souveraineté de Dieu, et qu’il approuverait et admirerait toutes les vérités de la Bible, s’il pouvait les voir abstraitement, sans aucune relation avec sa propre personne.  Et quand il est soumis au régime d’une prédication qui présente la vérité de manière à ce qu’elle n’ait pas beaucoup de rapports avec sa propre vie intérieure et avec la conduite qui doit en découler, il peut entendre cette prédication pendant des années et des années sans jamais reconnaître qu’il est un rebelle opposé à Dieu et à sa loi.

 

Je suis de plus en plus persuadé que dans beaucoup d’églises il y a un nombre incalculable de personnes à qui les doctrines abstraites de l’Evangile sont prêchées, une multitude qui aime la prédication, qui aime à entendre parler de Dieu et de toutes les choses de Dieu et qui cependant sont encore inconverties. Le problème, c’est qu’ils n’ont pas été placés sous l’influence d’une prédication approfondie et pénétrante qui leur a montré la vérité dans tous ses droits sur leurs propres personnes; et maintenant qu’ils sont dans l’Eglise, toutes les fois que la vérité leur est prêchée dans sa relation pratique avec eux-mêmes, ils montrent que leur coeur est toujours rebelle à Dieu et qu’ils ne sont pas nés de nouveau en s’opposant à la vérité et en ne mettant pas en pratique ce qu’ils entendent..

 

Ils sont convaincus qu’ils sont chrétiens, et comme tels, ils se joignent à une Eglise parce qu’ils aiment entendre la prédication de la Parole de Dieu et qu’ils l’approuvent, ou parce qu’ils lisent la Bible et approuvent ce qu’elle dit. Mais si leur foi n’est pas assez puissante pour influencer leur conduite, c’est parce qu’ils ne  considèrent pas la vérité qu’ils entendent dans sa relation avec leur vie pratique de chaque jour. On peut dire sans se tromper que leur foi ne les affecte pas plus que la foi des démons n’affecte les démons.

 

Beaucoup supposent qu’ils sont chrétiens parce qu’ils éprouvent des émotions lorsqu’ils entendent la vérité, mais ils ne la reçoivent que lorsqu’elle leur est présentée de façon à ce qu’ils ne voient pas les droits qu’elle a sur eux, c’est-à-dire se soumettre à cet enseignement et le mettre en pratique. Si au contraire vous leur présentez la vérité de façon à ce qu’ils doivent non seulement se remettre en question mais aussi lui obéir, c’est-à-dire, de manière à détruire leur orgueil et à les arracher à l’esprit du monde à laquelle ils sont attachés, ils manifesteront aussitôt de la résistance, et pire encore, ils vous diront que vous êtes un fanatique et un étroit d’esprit.

 

Jetez un regard autour de vous et voyez le nombre de chrétiens qui  se nourrissent et vivent de doctrines abstraites (qui n’appellent aucun changement dans leur vie). Regardez autour de vous le nombre de chrétiens qui vivent comme le monde la semaine et qui fréquentent l’Eglise le dimanche pour se donner bonne conscience et espérer qu’ils sont sur le chemin qui mène au ciel. Considérez maintenant leur vie et voyez combien peu la foi qu’ils professent a de l’influence sur eux. Ont-ils la foi qui sauve? Non, cela ne se peut pas. Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas de membres dan ces Eglise qui ne soient pas pieux; je dis que ceux qui ne pratiquent pas ce qu’ils reçoivent en théorie, sont des auditeurs oublieux et non des observateurs de la Parole. Ainsi, ils se trompent eux-mêmes.

 

CONCLUSION

Il s’agit de savoir maintenant combien il y en a parmi vous qui croit réellement les vérités que vous entendez prêcher. Ce que je désire savoir de vous, si vous en tant que chrétiens vous voulez faire ce que vous savez être vrai.

 

Avez-vous conscience que l’Evangile produit sur vous un effet pratique en rapport avec la connaissance que vous acquérez? Vous a-t-il sevré du monde et des choses qui appartiennent au monde? Est-ce là votre expérience, que lorsque vous admettez quelque vérité pratique, vous l’aimez, vous aimez l’appliquer à votre propre personne et vous prenez plaisir à la pratiquer? Si vous ne progressez pas dans la grâce, devenant de plus en plus saints, vous abandonnant vous-mêmes à l’influence de l’Evangile, vous vous séduisez vous-mêmes.

 

Quand vous entendez un sermon, vous en emparez-vous, l’emportez-vous dans vos demeures et vous exercez-vous à le mettre en pratique? Ou bien serait-il vrai que vous le recevez dans votre esprit, que vous l’approuvez  et que vous ne le pratiquez jamais? Malheur à l’homme qui admet la vérité, puis s’en retourne ne la pratiquant point, ressemblant à celui qui “regarde son visage naturel dans un miroir et qui, après s’être regardé, s’en va et oublie aussitôt qui il était!”