LA REALITE DU PECHE: QUI EST UN MEURTRIER? (Mat.5:21-26)

(prêché à Glain, dimanche le 3 juin 2007) (82)

retranscrit dans un style parlé)

PREMIERE PARTIE

INTRODUCTION

Les Pharisiens se glorifiaient de ce qu’ils ne commettaient pas de péchés, tandis que leurs coeurs étaient remplis de meurtres, de mauvais désirs, de mensonges, de colère et de haine. Pour pouvoir justifier leur péché et paraître juste devant les hommes, ils avaient dû diminuer les standards qui se trouvaient dans la loi de Dieu. Voilà pourquoi Jésus va les ramener non pas aux actions qu’ils commettaient mais aux motifs qui les poussaient à commettre de telles actions. Il va  insister sur le fait que les pensées sont aussi importantes que les actions et il va clairement démontrer que les hommes et les femmes ne sont pas jugés uniquement pour leurs actions ou pour leurs oeuvres qu’ils font mais aussi pour les désirs et les attitudes de leurs coeurs. Les Scribes et les Pharisiens ne se préoccupaient pas du tout d’examiner leurs pensées et encore moins leurs attitudes, et c’est là que Jésus veut les amener.

 

Ils disaient, “si nous n’avons pas commis de meurtres, nous sommes justes”. Mais Jésus dira, “votre notion de justice doit surpasser cela, ne pas commettre de meurtre, ne suffit pas.”  Il va leur donner un enseignement sur le meurtre qui va littéralement les bouleverser et les affecter dans trois domaines de leur vie: premièrement, dans leur façon de se voir eux-mêmes,  deuxièmement, dans leur façon de voir Dieu et troisièmement dans leur façon de voir les autres. Ce que Jésus va dire, sera tellement spectaculaire, qu’il va anéantir le trop plein de confiance qu’ils avaient d’eux-mêmes.

 

I- L’EFFET DES PAROLES DE JESUS SUR L’EXCES DE CONFIANCE QUE LES PHARISIENS AVAIENT D’EUX-MEMES (vv.21-22)

“Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens: Tu ne tueras point; celui qui tuera mérite d'être puni par les juges.”

 

Jésus n’est pas en train de leur dire que l’enseignement qu’ils avaient reçu des rabbins n’était pas biblique, mais que cet enseignement  n’allait pas assez loin. Les Juifs interprétaient la loi de Dieu de manière à pouvoir justifier leurs agissements. Ainsi, ils interprétaient le sixième commandement de la façon suivante: “ne commettez pas de meurtre, sinon, vous aurez des problèmes avec la loi des hommes.” En cherchant ainsi à éviter  d’être uniquement conduit devant les tribunaux et à y être jugés par un juge, ils avaient oubliés que Dieu est trois fois saint et qu’il est le juge de tous les hommes.  Ils craignaient davantage d’être traduit devant une cour de justice que de comparaître devant Dieu. Ils avaient rendu ce commandement tellement banal que l’enseignement qu’ils avaient reçu ne parlait même pas de Dieu ou de son jugement. Ils jugeaient à partir des actions des hommes et ils avaient oubliés ce que disait le reste de l’A.T. qui affirme que Dieu regarde au coeur (Ps.51:6).

 

Jésus va confirmer cette vérité lorsqu’il dira, “Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force et tu aimeras ton prochain comme toi-même” (Mc.12:30a-31a). Bien que l’Ancien Testament enseigne clairement que Dieu connaît les coeurs et qu’il éprouve le coeur de l’homme, les Juifs avaient mis de côté cet aspect de la loi de Dieu. Ce qui comptait pour eux, ce n’est pas ce qu’ils pensaient, mais ce qu’ils faisaient. Ils avaient réduit la portée du  sixième commandement de Dieu à une cour de justice terrestre et au fait de tuer quelqu’un.  Voilà  pourquoi  ils avaient besoin d’entendre l’enseignement de Jésus. “Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges; que celui qui dira à son frère: Raca! Mérite d’être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira: Insensé! mérite d'être puni par le feu de la géhenne” (v.22).

 

1.2) L’ACCUSATION DE JESUS

Jésus est en train de leur dire, “vous vous croyez justes parce que vous n’avez pas tué quelqu’un, mais si votre coeur est rempli de colère, vous ne valez pas mieux qu’un meurtrier.” Les paroles de Jésus vont non seulement affecter la notion de justice des Juifs, mais elles devraient nous affecter nous aussi. Nous cherchons continuellement à  nous justifier, étant convaincu que nous ne tuerons jamais personne, alors que nous avons souvent le coeur débordant de colère contre quelqu’un.

 

Jésus va écarter toutes les bêtises enseignées par les rabbins et il va mettre l’accent sur l’attitude du coeur de l’homme. Jetant du revers de la main la notion de justice que les Juifs avaient reçu de leurs rabbins,  il va enseigner que ce qui conduit quelqu’un au meurtre, c’est la colère, la haine et l’amertume qui résident dans son coeur, et c’est pour cela que celui qui se met en colère contre son frère,  mérite par conséquent de recevoir la même punition que quelqu’un qui commet un meurtre. Jésus est en train de dire que Dieu juge non pas seulement les actions des hommes mais ce qui se trouve dans leur coeur. Vous pouvez n’avoir jamais tué quelqu’un, et être trouvé aussi coupable aux yeux de Dieu parce que vous vous mettez régulièrement en colère. “Quiconque hait son frère est un meurtrier” (I Jn.3:15a). Jésus frappe fort ici, il veut pour nous montrer que même l’homme qui paraît  extérieurement  sans  reproches,  peut correspondre au pire des hommes,  si nous pouvions seulement lire dans son coeur. 

 

1.2.1) le péché de colère  (v.22a)

quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges (v.22a)

a) l’exception

Bien que la colère constitue un péché grave, il y a une colère qui est juste. Par exemple, il y a ce récit que Jean rapporte où “Jésus monta à Jérusalem et qu’il trouva dans le temple les vendeurs de boeufs, de brebis et de pigeons, et les changeurs assis. Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les boeufs; il dispersa la monnaie des changeurs, et renversa les tables” (Jn.2:13-17). Il y a des moments où l’indignation de Dieu atteint sa limite absolue et qu’il manifeste sa colère. Il y a des moments où les enfants de Dieu peuvent être en colère, lorsqu’ils voient leurs propres enfants être exposés à toutes sortes de choses pernicieuses parce que des promoteurs avides d’argent, salissent les yeux de leurs enfants en projetant toutes sortes d’images que nous ne pouvons pas décrire ici en détails. Nous pouvons avoir cette sorte de colère qui est juste et qui n’est pas un péché: “Si vous vous mettez en colère, ne péchez point” (Eph.4:26a). Il y a donc une sorte de colère qui est juste.

 

b) son explication

La colère que Jésus décrit au verset 22 fait référence à une colère qui est suscitée par l’orgueil et qui se manifeste par pure égoïste. « Je n’ai pas eu ce que je veux, je me mets en colère. » C’est un péché, puisque je ne pense qu’à mes propres intérêts. Lorsque vous gardez rancune contre quelqu’un, peu importe si cette rancune est petite ou grande, Jésus dit que vous êtes aussi  coupable  que la  personne qui  tue quelqu’un et par conséquent, vous méritez d’être punis par les juges. Cette déclaration de Jésus est lourde de sens parce qu’elle nous force à revoir nos propres attitudes. Il nous rappelle que ce n’est pas tellement ce que nous faisons mais plutôt ce que nous vivons dans notre coeur qui intéresse Dieu.  Je ne connais pas une cour de justice dans ce monde qui condamnerait à mort quelqu’un pour s’être mis en colère, mais si Dieu est Celui qui est assis sur le trône et qu’il est Celui qui va rendre un verdict, alors nous sommes mieux d’accepter le fait que celui qui se met en colère est aussi coupable que celui qui tue quelqu’un.

 

1.2.2) le péché de mépris (v.22b)

“que celui qui dira à son frère: Raca! mérite d'être puni par le sanhédrin”

Jésus déclare que celui qui dira à son frère « Raca » mérite d’être traité comme un meurtrier. A l’époque de Jésus, ce mot était synonyme de mépris à l’égard du prochain. Il pouvait signifié  un écervelé,  un homme sans valeur, un idiot, une tête vide, un crétin, une tête dure, et ainsi de suite. Nous savons qu’il avait pour but de rabaisser et d’humilier quelqu’un. Jésus dit que celui qui prononce une parole méprisante mérite autant la mort que celui qui commet un meurtre et qu’il doit être puni par le sanhédrin.

 

1.2.3) le péché de calomnie ou de médisance (v.22c)

“et que celui qui lui dira: Insensé! mérite d'être puni par le feu de la géhenne.”

Apparemment, c’était la pire chose à dire à quelqu’un puisque celui qui traitait son prochain d’insensé méritait d’aller en enfer. C’était tuer la réputation de quelqu’un en calomniant ou en médisant sur son dos.  Seul Dieu peut traité quelqu’un d’insensé parce qu’il sait ce qui se passait dans le coeur des gens. Lorsque Jésus va dire aux Pharisiens, “Insensés”  (Mat.23:17), il n’a  pas péché en disant cela parce que cela était vrai. Ils étaient des insensés qui s’étaient rebellé contre Dieu. L’ultime rébellion est mentionné dans le Psaume 14:1:L”'insensé dit en son coeur: Il n'y a point de Dieu...” L’insensé  “pervertit sa voie,” et  “c'est contre l'Éternel que son coeur s'irrite” (Prov.19:3).

 

Le mot que Jésus utilise pour parler du “feu de l’enfer” provient du mot grec “gehenna” qui est traduit habituellement par “enfer” (Mat. 5:22, 29, 30; 10:28; 18:9; 23:15, 33; Mc. 9:43, 45, 47; Lc. 12:5). Jésus fait référence ici à la vallée de Hinnom qui se trouvait du côté sud de la vieille ville de Jérusalem. Cette vallée était historiquement utilisée comme dépotoir pour la ville de Jérusalem. La vallée de Hinnom était un endroit que les gens identifiaient comme étant répugnant et maudit, où les choses sales et inutiles étaient détruites. Il y avait un incinérateur public qui brûlait continuellement, et Jésus va l’utiliser comme illustration, pour décrire que l’enfer est un endroit maudit dans lequel les déchets du coeur de l’homme brûleront éternellement. Voilà pourquoi Jésus dit, que même si vous êtes en colère, ou que vous prononcez des paroles  méchantes et destructrices contre les autres, vous êtes aussi coupable et aussi responsable qu’un meurtrier et que vous êtes digne d’être jeté en enfer pour l’éternité. Il vous rappelle que ce que vous pensez, ce qui habite dans votre coeur, peu aussi bien vous envoyer pour l’éternité en enfer que les mauvaises actions que vous commettez.

 

Les Pharisiens  lisaient la loi et parce qu’ils n’avaient pas commis de meurtre, ils se trouvaient justes aux yeux de Dieu. Pourtant, ils étaient suffisamment en colère pour comploter et trouver un moyen pour faire mourir Jésus, bien qu’ils ne feraient pas eux-mêmes cette sale besogne. Nous passons à côté des intentions de Dieu lorsque nous lisons sa loi sans chercher à comprendre les intentions qui se cachent derrière sa loi.

 

Commettre un meurtre est un péché épouvantable, mais être en colère contre quelqu’un est un péché aussi grave parce qu’il va à l’encontre du commandement de Dieu qui nous dit d’aimer notre prochain comme nous même.  La colère ici, fait référence à quelqu’un  qui bouille de colère et qui rumine contre quelqu’un. C’est un péché grave parce que nous ne savons jamais à quel moment nous risquons de perdre le contrôle de nos moyens et de passer à l’action contre notre prochain et de réagir comme Caïn. Jésus veut non seulement que nous apprenions à nous contrôler mais il veut aussi que nous apprenions à contrôler nos pensées puisqu’il dit que “c’est du dedans du coeur de l’homme que viennent les mauvaises pensées qui le poussent à agir de façon immorale, à voler, à tuer, à commettre l’adultère, à vouloir ce qui est aux autres, à agir méchamment, à tromper, à vivre dans le désordre, à être jaloux, à dire du mal des autres, à être orgueilleux et insensé” (Mc.7:21). Jésus dit que nous serons redevables devant Dieu non seulement de nos actions mais aussi de nos attitudes.

 

 

 

CONCLUSION 

Si vous êtes en colère contre quelqu’un, si vous avez prononcé des paroles méchantes sur le caractère de quelqu’un, si vous avez sali la réputation de quelqu’un, Jésus dit que vous faites partis de la même catégorie qu’un meurtrier et que vous méritez d’être jeté dans le feu de la géhenne. Frères et soeurs nous sommes tous coupables de meurtre. Nous avons tous péché et nous sommes tous privé de la gloire de Dieu (Rom.3:23), et le salaire que nous méritons pour notre péché, c’est la mort (Rom.6:23a). Si nous sommes tous des meurtriers et qu’aucun meurtrier  ne  peut  hériter du  Royaume de Dieu,  parce  qu’il  mérite de mourir et d’aller en enfer, alors comment y peut-on y échapper? Après tout, nous avons tous été un moment donné en colère, prononcer des paroles méchantes, pensé ou dit des paroles calomnieuses sur le dos de quelqu’un. Nous avons tous fait ces choses, n’est-ce pas ! Que pouvons-nous faire pour échapper au jugement de Dieu? C’est la question que Jésus voulait que ses auditeurs lui posent. Il veut amener ses auditeurs à réaliser qu’ils ne peuvent pas être reconnus justes aux yeux de Dieu par leur propres forces ni par leurs propres oeuvres afin qu’ils viennent à lui.

 

Nous devons  réaliser que Jésus est mort à notre place sur la croix et qu’il a subit notre châtiment afin que nous recevions le pardon de nos péchés. Vous et moi nous méritons la mort parce que non seulement nous sommes des meurtriers, mais parce que nous avons commis de nombreux autres crimes.

 

Par conséquent, Jésus nous offre le pardon de nos péchés à travers la croix afin que nous soyons reconnus justes devant Dieu non pas pour ce que nous avons fait mais pour ce qu’il a fait pour nous. Il n’y a rien que nous puissions faire pour mériter le ciel et il n’y a rien que nous puissions faire pour que Dieu nous aime davantage. Cette justice que nous avons si désespérément besoin est un cadeau qui vient uniquement de Dieu,  “parce que personne  ne sera reconnu juste devant Dieu pour avoir accompli les oeuvres de la loi, la loi permet seulement à l’homme de savoir qu’il a péché” (Rom.3:20a).  “C’est ainsi que David parle du bonheur de l'homme que Dieu considère comme juste sans tenir compte de ses oeuvres: heureux ceux dont Dieu a pardonné les fautes et dont il a effacé les péchés! Heureux l’homme à qui le Seigneur ne compte pas son péché!  (Rom.4:6-8). “Le Christ était sans péché, mais Dieu l’a chargé de notre péché, afin que, par lui, nous puissions bénéficier de l’oeuvre par laquelle Dieu nous rend juste à ses yeux”  (2 Cor.5:21).

 

Dieu a toutes les raisons du monde d’être en colère contre nous. Il a toutes les raisons du monde de nous mépriser et de nous maudire parce que nous sommes des meurtriers, mais peu importe ce que nous avons pu commettre comme péché, il nous aime et il a payé le prix pour nous sauver. Et ce qu’il y a de plus étonnant, c’est qu’il cherche à nous réconcilier avec lui pour que nous puissions passer l’éternité dans son Royaume éternel parce qu’il a choisi de vivre une relation avec nous. N’est-ce pas incroyable! Si un tel Dieu trois fois saints désire du plus profond de son coeur que des meurtriers comme vous et moi se réconcilient avec lui, pouvons-nous à notre tour suivre l’exemple de son Fils et ne jamais dire du mal de quelqu’un, ni nous mettre en colère contre un frère, peu importe ce qu’il nous aura fait. Demandons à Dieu de “créer en nous un coeur pur, de renouveler et d’affermir notre esprit” (Ps.51:12) afin de pouvoir penser, agir aimer comme Jésus nous a aimé.