L’INFIRME GUERI (Jean 5:1-15)
(prêché à Glain, dimanche le 5 mars 2006) (17)
INTRODUCTION
Dieu est le même depuis toute éternité. Il est aussi puissant aujourd’hui qu’il ne l’était hier, qu’il ne l’est aujourd’hui et qu’il le sera demain. La puissance qui permettait que le premier qui descendait dans la piscine après que l’ange eut agité l’eau de temps en temps soit guéri, était exactement la même puissance qui agissait à travers les paroles de Jésus, et c’était également, dans un cas comme dans l’autre, la même bonté qui s’occupait des misérables pour les guérir.
La condition de l’infirme qui était sans espoir, jusqu’à l’arrivée de Jésus, correspond à notre incapacité de nous approprier par nous-même, tout moyen de guérison par nos propres forces. Jésus vient, et là, nous voyons une différence flagrante entre une religion qui demande à l’homme de faire quelque chose pour être sauvé et la délivrance que quelqu’un reçoit gratuitement à travers la foi qui sauve.
-- Examinons la vie de l’infirme de Béthesda. Il pouvait être guéri pourvu qu’il arrive à temps dans l’eau après que l’ange eut agitée celle-ci. Cet homme malade se trouvait là depuis trente-huit ans, le même temps d’épreuve vécu par Israël dans le désert (Deut. 2:14) sans pouvoir entrer à temps dans la piscine. Il n’avait qu’à faire les quelques pas nécessaires pour se plonger dans l’eau, ou ramper jusqu’à elle, et pourtant, ce sont ces quelques pas qu’il ne pouvait pas faire, précisément parce qu’il était infirme. Il pouvait parler, appeler, supplier, se lamenter, cela ne servait à rien. Les autres, autour de lui, étaient si préoccupés d’eux-mêmes qu’ils ne se souciaient pas de lui. Comment auraient-ils pu lui venir en aide? Ils étaient tous aussi malades que lui? (v.3). C’était chacun pour soi.
L’impuissance ne venait aucunement de Dieu, même si l’eau n’était agitée que de temps en temps puisqu’à partir du moment où elle était agitée, elle avait la puissance nécessaire pour guérir toute maladie et tout malade confondue. Mais il fallait s’y jeter sur-le-champ, et l’infirme se retrouvait chaque fois devant la terrible réalité de sa condition: Il lui aurait fallu être guéri pour se déplacer, et on lui demandait de se déplacer pour être guéri.
Mais voici que la puissance de guérison se déplace. Elle n’est plus dans l’eau qui guérit et qui est inaccessible pour la grande majorité des malades, elle est dans la parole de Jésus. Il n’est plus question de marcher avant d’être guéri, mais d’être guéri d’abord, pour marcher ensuite. Il n’est pas demandé à l’infirme qui n’a aucune force, de faire un seul pas pour être guéri, c’est Jésus qui dans sa grâce, va s’approcher de l’infirme pour interroger puisqu’il est la vérité. “Veux-tu être guéri?” Pour le pécheur cela signifie : “As-tu le sentiment de ton état, ta conscience te parle-t-elle, sens-tu le besoin d’être sauvé?” Avez-vous remarqués? Jésus ne lui fait aucun reproche, il essaye à travers sa compassion de l’éclairer en lui posant la question “veux-tu être guéri?”
L’infirme ne répondra pas par un simple oui, mais en avouant désespérément son impuissance. “Seigneur, je n’ai personne pour me jeter dans la piscine quand l’eau est agitée, et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi” (v.7). L’infirme ne peut rien faire par lui-même et il n’a ni parents ni amis qui puissent faire quoi que ce soit pour lui. Il est comme ce pécheur qui se réveille et constate qu’il est impuissant pour se sauver lui-même et que le monde autour de lui est égoïste, impuissant et insensible devant la détresse morale. Il se dit en lui-même “Je n’ai personne” pour me sauver. Combien de personnes sont dans la même situation que cet infirme et ne peuvent qu’avouer leur impuissance à être guéri et sauvé?
Jésus va alors donner un ordre à l’homme: “Lève-toi, prends ton lit, et marche”. L’infirme avait espéré pendant trente-huit ans ramper assez tôt vers l’eau agitée. Cependant, se lever, prendre son lit, marcher, cela lui était impossible selon la loi, puisque c’était le sabbat! Eh bien, pour obéir à un ordre impossible il faut avoir la foi. Pour être en mesure de se lever, il n’est pas question de savoir si nous avons la force, mais de croire et d’obéir, car l’occasion est unique, puisque la puissance pour te délivrer, se trouve dans la parole de Jésus. “La foi vient de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la Parole de Dieu.” L’infirme entend celui qui est la parole, il écoute, il s’y abandonne, il obéit et il est guérit.
Ce qui est remarquable ici, c’est que l’infirme ne savait pas qui était Celui qui le guérissait. Il va l’apprendre par la suite et il va constater la colère que ce miracle va produire chez les chefs religieux qui l’avaient laissé infirme pendant tant d’années, sans pouvoir faire quoi que ce soit pour lui. Il ne s’agit pas, pour être sauvé, d’avoir acquis beaucoup de connaissance, ni d’être approuvé par notre entourage, mais de croire la Parole de Jésus qui correspond à la volonté de Dieu.
-- Si Dieu a été capable de créer le monde à partir de sa parole, il est capable encore aujourd’hui de guérir et de sauver à travers la Parole de son Fils qui est “Esprit et vie” (Jean 6:63).
Dans la dispute qu’il aura ensuite avec les Juifs à la suite de ce miracle au bord de la piscine de Béthesda, Jésus va identifier ses oeuvres avec l’activité même de son Père (versets 17, 18), et il dira : “Je ne puis rien faire, moi, de moi-même... car je ne cherche pas ma volonté mais la volonté de Celui qui m’a envoyé” (v. 30). Cette parole qui a permis la guérison de l’infirme, est la même parole qui donne la vie éternelle à qui l’entend et croit en Celui qui a envoyé Jésus (v. 24). Elle fait vivre les morts qui l’entendent (v. 25), et un jour elle fera sortir tous ceux qui sont dans les sépulcres (v. 28). «Tu as les paroles de la vie éternelle» dira Pierre, et Jésus déclarera à ses disciples : “Vous êtes purs à cause de la parole que je vous ai annoncé” (15:3).
-- ”Sachez-le, mes frères bien- aimés. Ainsi que tout homme soit prompt à écouter.” Nous ne nous arrêterons jamais assez pour écouter cette Parole. On ne l’écoute pas seulement avec notre intelligence, mais on obéit à ce qu’elle dit. Voilà la foi qui guérie et qui sauve. “Lève-toi, prends ton lit et marche.” “Aussitôt cet homme fut guéri; il prit son lit et marcha”. La parole de guérison, est ici un ordre donné à celui que Jésus vient de guérir. Puissante pour délivrer, elle a toute autorité sur celui qu’elle délivre : “Prends, marche”. L’homme ne raisonne pas, comme le font les Juifs incrédules, en disant: “C’est le sabbat, nul ne doit faire aucun travail, même pas porter un lit ce jour-là.” La parole s’est fait entendre ce jour-là, et elle a guérit. “Celui qui m’a guéri m’a dit: “prends ton lit, et marche” (v.11). Non seulement Jésus l’a guéri mais lorsqu’il va le rencontrer dans le temple il va se faire connaître à lui et il va lui dire autre chose: “voici, tu as été guéri; ne pèche plus de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire” (v.14).
On ne sait rien d’autre de et homme et on en saura rien de plus, mais nous pouvons penser que toute sa vie a été changée, et qu’il n’a pu oublier la voix qui lui avait dit : «Lève-toi» et ensuite : «Ne pèche plus». Il n’avait pas besoin d’autre chose. Il n’avait pas été guéri des plus douloureuses conséquences du péché pour vivre ensuite selon les convoitises du péché, mais comme quelqu’un qui avait été guéri, et qui s’en souvenait. “Il n’était pas un auditeur oublieux.”
Qu’en est-il de nous mes amis? Est-ce que les paroles de Jacques: “mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements” (Jac.1:22), ne retentisse pas dans notre coeur comme celles prononcées par Jésus à l’infirme: “marche et ne pèche plus!”
“Puisque ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu” (Rom. 8:14). Ceux qui sont enfants de Dieu n’ont pas la liberté de suivre leur nature humaine, puisqu’ils ont été délivrés pour ne pas faire ce que leur nature ordonne, mais pour obéir à la Parole. “de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire” (v.14), dit Jésus au paralytique qu’il avait guéri. Oserions-nous dire que ce “pire” ne s’adresse pas à nous? La condition de quelqu’un qui, a déclaré un jour suivre Christ, et qui le renie, est pire que sa condition précédente. “Lorsqu’une terre abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, produit une herbe utile à ceux pour qui elle est cultivée, elle participe à la bénédiction de Dieu; mais si elle produit des épines et des chardons, elle est réprouvée et près d’être maudite, et on finit par y mettre le feu” (Héb.6:7-8).
CONCLUSION
Le Seigneur veut toujours guérir encore aujourd’hui. Particulièrement les âmes désespérées et paralysées suite à des expériences traumatisantes vécues dans ce monde livré à lui-même. . “La foi vient de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la Parole de Dieu.” L’infirme a entendu celui qui est la parole, il a écouté, il s’y abandonne, il obéit, il est guérit et il marche.
Entendre sa parole, croire sa parole, enfin garder sa parole, voilà ce qui caractérise le vrai disciple de Jésus. La conversion et la marche chrétienne, que l’on sépare parfois de façon un peu théorique, ne peuvent se séparer dans la réalité. Quelqu’un qui prétendrait marcher à sa guise tout en se disant converti s’expose non seulement à ce que les autres doutent de sa conversion, mais à en perdre lui-même la certitude. Il n’y a ni joie ni sécurité dans un tel chemin, l’amour pour Christ ne s’y trouve pas et l’on ne peut bénéficier de l’amour de Christ. “Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père; je l’aimerai, et je me ferai connaître à lui” (Jean 14:21). “Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’oeuvre, celui-là sera heureux dans son activité” (Jac.1:25).