TEMPERER LA LANGUE (Jacques 3:1-5; Mat.7:16-17)

(prêché à Glain, dimanche le 16 juillet 2006) (36)

(écrit dans un style parlé)

 

PREMIERE PARTIE

 

“Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvaise fruits” (Matthieu 7:16-17).

 

 

INTRODUCTION

Nous avons plusieurs arbres fruitiers dans notre jardin; entre autre un prunier qui donne des prunes bleues. Je ne vous dis pas cela pour vous montrer la grande connaissance que j’ai de la botanique, mais plutôt pour souligner que si je peux vous dire que c’est un prunier, c’est parce que j’ai déjà cueilli des prunes bleues dans cet arbre et parce que je sais qu’un prunier ne peut donner que des prunes.

 

Jacques écrit au chapitre 3 qu’à partir d’une source, il ne peut  jaillir par la même ouverture de l’eau douce et l’eau amère. Un figuier ne peut produire des olives, ou une vigne des figues. L’eau salée ne peut pas produire de l’eau douce. En d’autres mots, une personne qui n’est pas remplie de l’Esprit de Dieu, ne peut pas manifester les fruits de l’Esprit. Tout ce que vous pouvez manifester extérieurement, c’est ce que vous êtes intérieurement.

 

Au chapitre 2, Jacques à parler de l’importance de mettre en pratique la Parole, c’est-à-dire de manifester les vérités de Dieu dans nos vies et de ne pas se borner à l’écouter. Pour illustrer cet enseignement, il va soulever au chapitre 2 le problème du favoritisme qui régnait dans l’Eglise et il va faire ressortir le principe suivant: si vous faites du favoritisme, vous commettez un péché, vous faites mal (v.9). Vous voulez accomplir parfaitement la loi, vous voulez faire bien, alors aimez votre prochain comme vous-même (v.8).

 

Il dira ensuite que celui qui a la foi qui sauve, va démontrer dans la pratique, à travers ses oeuvres, qu’il aime Dieu et son prochain. Les oeuvres qu’il accomplira, seront des oeuvres de justice, des oeuvres qui seront différentes de celles des démons qui croient mais tremblent parce que leurs oeuvres sont mauvaises. Il termine le chapitre 2 en disant que comme le corps sans esprit est mort, de même la foi sans les oeuvres est morte.

 

Si au chapitre 2 Jacques mentionne que la réalité de la foi d’une personne se manifeste par des oeuvres, il mentionne au chapitre 3 que la réalité de la foi d’une personne se manifeste également par le contrôle de la langue et qu’elle apporte un jugement encore plus sévère.

 

I- LA LANGUE APPORTE UN JUGEMENT PLUS SEVERE

“Mes frères, qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement” (3:1).

 

Jacques avertit ici ceux qui voudraient enseigner la Parole de Dieu. Vous devez toujours prendre garde à ce que vous dites afin de ne pas induire en erreur ceux que Dieu a placé sous votre responsabilité. Vous aurez à répondre de toute parole que vous aurez prononcée en mon nom. Pour être en mesure de parler adéquatement, vous devez vous conduire aussi de façon adéquate, parce que vous ne pouvez pas enseigner ce que vous ne mettez pas en pratique.

 

1.1) c’est un avertissement pour les enseignants:

Qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner” (3:1).

 

Avez-vous remarqué comment Jacques appelle ses lecteurs au tout début du verset1?  Il les appelle “mes frères”. Cela signifie qu’il ne s’adresse pas seulement à de simples chrétiens mais à des chrétiens qui appartiennent à la même race que lui, c’est-à-dire à des descendants des douze tribus d’Israël qui sont dispersés à travers le monde.

 

Cependant, parce que l’Evangile a pénétré dans la plupart des villes de l’empire romain, des chrétiens non Juifs commencent à prendre part à la vie de l’Eglise et se mélangent avec les chrétiens qui sont Juifs. Ainsi, lorsqu’un besoin urgent d’enseignants se fait sentir dans l’Eglise il est tout à fait normal qu’on choisisse des chrétiens Juifs pour assumer cette responsabilité puisqu’ils avaient été élevés selon les Ecritures, qu’ils connaissaient l’Ancien Testament et qu’ils ne provenaient pas d’un arrière-plan religieux où on adorait des idoles.

 

Jacques va donc avertir ces chrétiens Juifs d’y penser  à deux fois avant de prendre la position d’enseignant dans l’Eglise.

 

1.2) parce qu’ils seront jugés plus sévèrement. 

“Qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement(3:1).

 

La raison pour laquelle nous devons être prudent avant d’assumer un poste d’enseignant c’est parce qu’enseigner, peu importe le ministère dans lequel nous sommes appelé, implique une lourde responsabilité. Jacques avait déjà averti que “le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde” (2:13). Jésus l’a souligné de cette manière: “car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on mesurera avec la mesure dont vous mesurez” (Matthieu 7:2).

“Ou dites que l’arbre est bon et que son fruit est bon, ou dites que l’arbre est mauvais et que son fruit est mauvais; car on connaît l’arbre par le fruit. L’homme bon tire de bonnes choses de son bon trésor, et l’homme méchant tire de mauvaises choses de son mauvais trésor. Je vous le dis au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée. Car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné” (Mat.12:33-37).  Un enseignant est quelqu’un qui juge parce qu’il interprète les Ecritures, il interprète toute situation à la lumière de la Parole. Lorsqu’il enseigne, il ne peut pas se permettre de dire à ses auditeurs : « ceci est bien » alors que c’est mal, ou « ceci est mal » alors que c’est bien. 

 

Jacques veut faire ressortir un principe important ici: ceux qui enseignent dans l’Eglise acceptent d’assumer une grande responsabilité. Plus vous assumer une tâche importante, plus la responsabilité est grande. Si un clochard déclare la guerre à la Chine cela n’ébranlera pas grand monde parce que personne va le prendre au sérieux, mais si le président des Etats-Unis déclare la guerre à la Chine cela va ébranler tous les gouvernements de la planète. Voilà pourquoi un poste de dirigeant ou d’enseignant implique une lourde responsabilité.

 

II- LA LANGUE A UNE GRANDE PUISSANCE (2-5)

“Nous bronchons tous de plusieurs manières. Si quelqu’un ne bronche point en paroles, c’est un homme parfait, capable de tenir tout son corps en bride. Si nous mettons le mors dans la bouche des chevaux pour qu’ils nous obéissent, nous dirigeons ainsi leur corps tout entier. Voici, même les navires, qui sont si grands et que poussent des vents impétueux, sont dirigés par un  très petit gouvernail, au gré du pilote. De même, la langue est un tout petit membre, et elle se vante de grandes choses. Voyez, comme un petit feu peut embraser une grande forêt” (3:2-5).

 

Ceux qui enseignent sont plus susceptibles de trébucher parce que tout ministère implique l’utilisation de la langue, et la langue est un outil efficace pour faire trébucher quelqu’un. Dieu ne juge pas les enseignants en fonction de l’importance de leur ministère ou en fonction de la grosseur du bâtiment dans lequel ils se réunissent. Les enseignants sont jugés par ce qu’ils disent.

 

“Nous bronchons tous de plusieurs manières”  (3:2).

Nous avons tous nos points forts et nos points faibles qui nous amènent à tomber.  Quelqu’un a dit que la vie est remplie de pelures de bananes et qu’il y en a quelques-unes sur lesquelles votre nom est inscrit dessus. Un des  domaines où nous manifestons souvent que nous sommes faibles c’est dans le domaine de la parole. Pourtant, Jacques écrit que si nous pouvons contrôler ce que nous disons, nous pouvons alors contrôler aussi ce que nous faisons.

 

“Si quelqu’un ne bronche point en paroles, c’est un homme parfait, capable de tenir tout son corps en bride” (3:2).

 

Jacques a déjà mentionné que “la foi d’Abraham agissait avec ses oeuvres lorsqu’il offrit Isaac sur l’autel et que par ses oeuvres sa foi fut rendue parfaite” (2:22). Au chapitre 3:2, il écrit que “celui qui ne bronche pas en paroles est un homme parfait, capable de tenir tout son corps en bride.

 

Il est important de souligner que Jacques utilise le verbe broncher ici au présent. Cela signifie que Jacques n’est pas en train de dire que le chrétien va finir par atteindre un niveau de maturité qui va l’amener à ne pas broncher, mais il parle plutôt ici d’une habitude de vie. Le chrétien mature est quelqu’un qui ne bronche pas continuellement en paroles. C’est quelqu’un qui n’utilise pas sa langue pour faire du tort à son prochain, mais plutôt pour lui faire du bien.

 

Pourquoi est-il si important d’apprendre à contrôler notre langue?

Après tout, est-ce que les oeuvres ne sont pas plus importantes que les paroles? Pas nécessairement. Ce sont nos paroles qui conduisent souvent à passer à l’action. Jacques utilise ici deux illustrations différentes pour confirmer ce que je suis en train de dire.

 

1) l’illustration du cheval.

Lorsque j’étais enfant, il m’est déjà arrivé d’aller en vacances sur une ferme où il y avait plusieurs chevaux et où j’ai pu à l’occasion d’en conduire quelques-uns. Une fois, j’ai essayé de conduire un cheval sans utiliser la bride. Ce fut la seule et unique fois que j’ai tenté  l’expérience et je ne l’ai plus jamais refait. J’ai constaté pendant cette balade que je n’avais absolument rien à dire en ce qui concerne le chemin que nous devions prendre. A un certain moment, le cheval se dirigea vers un arbre dont une des branches étaient passablement basse et j’ai terminé ma course en heurtant la  branche au  lieu de rester sur le cheval. J’en  suis arrivé à me  retrouver sur mon derrière tandis que le cheval a poursuivi sa route sans que je puisse faire quoi que ce soit.

 

Ce cheval n’aurait jamais été capable d’effectuer cette manoeuvre s’il avait eu une bride à son cou parce que j’aurais été le seul à contrôler la situation. De la même manière qu’une simple bride contrôle un cheval, de même la langue contrôle également le corps.

 

2) l’illustration d’un navire.

La deuxième illustration que Jacques utilise c’est celle d’un navire. Un navire représente quelque chose de très lourd. C’est tellement gros qu’il semble pratiquement impossible de manoeuvrer un tel engin. Et pourtant, un seul homme est capable de diriger un énorme paquebot sans même transpirer une seule goutte.

 

Comment cela est-il possible? Tout simplement parce qu’un énorme bateau est dirigé par un instrument relativement très petit appelé un gouvernail. Si Jacques devait écrire son épître à notre époque, il écrirait ceci: “voyez,  cet énorme avion, ce 747,  qui est contrôlé par un simple levier.”   

 

De la même manière, “voyez votre corps, il est dirigé par un tout petit organe qui ne pèse que quelques grammes, la langue.”

 

“Voyez comment un petit feu peut embraser une grande forêt” (3:5).

La majorité des feux de forêts commence par une simple étincelle. Des milliers d’arbres sont souvent détruits par l’étincelle d’un tout petit morceau de bois appelée “allumette”.  De la même manière,  un  simple  mot prononcé par inadvertance peut provoquer d’énormes dégâts. Vous avez déjà entendu quelqu’un dire: “je ne contrôle pas mes émotions. J’explose et puis c’est fini ensuite.” On pourrait dire la même chose si on parlait d’une bombe:” j’explose, puis c’est fini ensuite”. Nous risquons d’obtenir les mêmes résultats aussi dévastateurs avec les paroles qui sortent de notre bouche.

 

Il est important de spécifier ici que Jacques ne parle pas de paroles qui sont prononcées sous l’impulsion de la colère mais de paroles qui sont prononcées dans des situations normales. Le Proverbe 26:18-21 souligne le danger de paroles prononcées soit pour rire, soit pour diminuer son prochain ou pour exciter le caractère des gens.

 

“Comme un furieux qui lance des flammes, des flèches et la mort, ainsi est un homme qui trompe son prochain, et qui dit: n’était-ce pas pour plaisanter? Faute de bois, le feu s’éteint; et quand il n’y a pas de rapporteur, la querelle s’apaise. Le charbon produit un brasier, et le bois du feu; ainsi un homme querelleur échauffe une dispute” (Prov.26:18-21).

 

Ce proverbe décrit trois différents types d’hommes qui sont tous mauvais.

1) vous retrouvez  celui qui fait des farces. Il utilise sa langue pour exagérer certaines choses lorsqu’il s’adresse à quelqu’un et qu’il termine en disant: “oublie ça, c’était juste pour rire.”  “T’as pas tellement de goût, c’est pas grave, c’est pas donné à tout le monde d’avoir du goût. Oublie ce que je viens te dire, c’est une blague.”

2) le deuxième c’est celui qui chuchote: Ses médisances semblent ajouter de l’huile sur le feu et il ne permettra jamais que le feu s’éteigne: “Est-ce que je t’ai déjà dit qu’untel mange comme trois? Si jamais tu l’invites chez toi, achète au moins le double en viande parce qu’il a un faible pour la viande.”

3) finalement, vous avez le querelleur. Il semble prendre plaisir à argumenter. C’est celui qui va toujours rappliquer lorsque vous venez de terminer une phrase en disant: “oui mais...”

 

Ces trois hommes sont très différents l’un de l’autre, mais ils ont tous une chose en commun. Ils utilisent leur langue d’une mauvaise manière. 

 

Quelle différence avec Jésus alors qu’il se trouve sur la croix, cloué entre deux brigands parce qu’il a accepté de prendre sur lui le châtiment de nos péchés et d’être condamné à mort afin que nous puissions être réconciliés avec Dieu. Lui le juste qui meure pour des injuste. Nous pouvons retenir au moins deux phrases qu’il a prononcées sur la croix: « je te le dis aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis et père pardonne leur car ils ne savent ce qu’ils font ».

 

CONCLUSION

Dieu ne jugera pas les enseignants en fonction de l’importance de leur ministère ou en fonction de la grosseur du bâtiment dans lequel ils se réunissent. Les enseignants sont jugés par ce qu’ils disent. Jacques nous rappelle que de la même bouche peuvent sortir des paroles de  bénédiction et de malédiction. Il ne faut pas mes frères qu’il en soit ainsi parce que la langue doit être soumise à la loi de l’amour et lorsqu’elle prononce des paroles, ce doit être pour le bien-être de mon prochain.

 

 

 

 

 

 

 

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