QUELLE GRACE, QUE CELLE D’ETRE PATIENT (Jacques 5:7-11)

(prêché à Glain, dimanche le 29 octobre 2006) (51)

(retranscrit dans un style parlé)

 

PREMIERE PARTIE

 

“Soyez donc patients, frères jusqu'à l'avènement du Seigneur. Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu'à ce qu'il ait reçu les pluies de la première et de l'arrière-saison. Vous aussi, soyez patients, affermissez vos coeurs, car l'avènement du Seigneur est proche. Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères, afin que vous ne soyez pas jugés: voici, le juge est à la porte. Prenez, mes frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment. Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion.”

 

INTRODUCTION

Lors de nos dernières rencontres, nous avons vu que Jacques s’est attardé à dénoncer une situation que plusieurs personnes vivaient dans l’Eglise primitive. Des frères en Christ, étaient exploités de manière abusive par des riches sans scrupule qui ne reculaient devant rien pour arriver à leurs tristes fins afin de pouvoir non seulement garder leur richesse, mais augmenter leur fortune. Tout en condamnant de telles personnes dans les six premiers versets de ce chapitre, Jacques va exhorter les chrétiens à réagir selon l’esprit de l’Evangile et non selon l’esprit de ce monde: “Soyez donc patients, frères”. La patience est un des fruits de l’Esprit tellement important à mettre en pratique pour le croyant que Jacques va répéter ce mot à six reprises dans les versets 7 à 11. En d’autres mots, il est en train de leur dire que peu importe la pression qu’ils subissent, c’est sur eux que reposent la responsabilité d’être inébranlables parce qu’ils sont animés de l’Esprit de Christ,. Ils doivent manifester beaucoup de patience à l’égard de ceux qui les persécutent en les aimant comme Christ les a aimés, car “les épreuves que nous connaissons, ont toutes été de celles qui se présentent normalement aux hommes. Dieu est fidèle à ses promesses et il ne permettra pas que nous soyons  éprouvés au-delà de notre capacité de résistance; mais au moment où surviendra l’épreuve il nous donnera aussi la force de la supporter, et ainsi, le moyen d’en sortir” (I Cor.10:13).  

 

Il y a certaines démocraties dans le monde qui permettent aux gens de protester librement dans les rues et qui permettent aux différents médias d’exprimer leur point de vue afin de dénoncer certaines injustices. Il y a des pays où les systèmes politiques permettent à des minorités d’obtenir justice pour les opprimés, mais le chrétien doit se rappeler que sur une grande partie de la planète, les plus faibles sont exploités par les plus forts et qu’il doit apprendre à être patient comme Dieu est patient, et ne pas réagir contre l’ordre social et politique. Jésus n’a pas donné le mandat à son Eglise de dominer le monde, mais de l’éclairer, parce que le monde vit dans les ténèbres. Le chrétien doit se rappeler les paroles de son Sauveur qui a dit,  “vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde” (Jean 16:33). “Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde” (Mat.28:19-20).

 

Le chrétien est appelé à être une lumière dans ce monde de ténèbre. Paul rappelle qu’il y aura “des temps difficiles dans les derniers jours. En effet, les hommes seront égoïstes, amis de l’argent, vantards, orgueilleux; ils parleront contre Dieu et seront rebelles à leurs parents, ils seront ingrats et sans respect pour ce qui est saint; ils seront durs, sans pitié, calomniateurs, violents, cruels et ennemis du bien; ils seront traîtres, emportés et gonflés d’orgueil...” (2 Tim.3: 1-5). Peu importe les moyens légaux qui sont mis à notre disposition pour faire respecter les droits des citoyens, plus nous approchons de la fin de toute chose et plus il y aura d’injustice et d’abus de toutes sortes. Même si tout chrétien  a le devoir de soutenir la cause de la veuve et de l’orphelin, Jacques rappelle que cela ne doit pas se faire dans le désordre et que le chrétien doit compter sur le Seigneur parce que le temps de Dieu n’est pas nécessairement le nôtre.

 

Le plan de Dieu se développe souvent lentement parce que Dieu a tout son temps pour accomplir ce qu’il a prévu. Philipps Brooks (1835-1893) un homme reconnu pour son grand calme, exerça un ministère en tant que prédicateur dans le Massachusetts au 19ième siècle. Un jour, un de ses amis le voyant arpenter la pièce de son bureau comme un lion enragé, lui demanda: “Qu’est-ce qui vous trouble à ce point pour que vous soyez dans cet état? “C’est que je suis pressé,” dit-il, “j’aimerais voir certaines choses urgentes se régler, mais Dieu lui,  ne semble pas être pressé, puisqu’il ne me répond pas.” N’avez-vous jamais ressenti à différentes reprises dans votre vie le même sentiment que Philipps Brooks?

 

Certains des grands missionnaires à travers l’histoire de l’Eglise ont répandu avec dévouement la semence de la Parole de Dieu et ils ont dû malgré tout attendre de longues années avant de voir le fruit de leurs efforts aboutir. Par exemple,  William Carey, a travaillé pendant 7 ans avant de voir le premier indien de Birmanie se convertir à Jésus-Christ. Adoniram Judson peinât pendant 7 ans avant de voir apparaître les fruits de sa prédication. En Afrique de l’Ouest, cela prit 14 ans avant que les missionnaires de l’époque puissent voir une seule personne se tourner vers Christ. Les missionnaires de la Nouvelle-Zélande ont dû patienter 9 ans et ceux de Tahiti 16 ans avant de pouvoir récolter la première moisson d’âmes dans ces différents endroits. Noé a prêché pendant 120 ans aux gens de sa génération, et il n’a vu aucun entrer dans l’arche, sauf, les membres de sa famille. Quelle patience, n’est-ce pas!

 

Thomas a Kempis qui a écrit le livre “l’imitation de Christ” a décrit cette sorte de patience en ces termes: on ne doit pas penser que ces gens ont été patients parce qu’ils ont accepté de souffrir pour l’oeuvre qu’ils accomplissaient, mais plutôt parce qu’ils savaient quel Maître ils servaient, et qu’ils désiraient lui plaire pardessus tout, et ce, peu importe ce qu’ils auraient à supporter, parce qu’ils faisaient confiance à celui qui tenait leur destinée entre ses mains et qu’ils avaient les yeux fixés sur la récompense à venir.” 

 

I- LA PATIENCE, LA PREMIERE EXHORTATION DE JACQUES

1.1- la nécessité de la patience: (5:7a).

“Soyez donc patients, frères jusqu'à l'avènement du Seigneur. Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu'à ce qu'il ait reçu les pluies de la première et de l'arrière-saison

 

Lorsque Jacques dit aux croyants “soyez patients” le temps qu’il utilise (temps aoriste) les appelle à être patient pendant une période de temps. “Soyez patient maintenant!”  Pourquoi le dit-il de cette façon? C’est peut-être parce que Jacques savaient que ces chrétiens allaient passer par des temps d’épreuves assez particulier qui exigeraient d’eux une patience immédiate ou peut-être parce que nous devons apprendre à être patient aujourd’hui parce que nous ne savons pas ce que demain sera fait.

 

D’un autre côté, il y a une limite dans le temps à s’attacher à ce commandement d’être patient. Nous ne sommes pas appelés à être patient éternellement tout comme le Seigneur ne restera pas patient éternellement. Il y a un temps qui vient où sa patience prendra fin et ce sera lors de son retour. Vous êtes appelés à être patient jusqu’au retour du Seigneur” (5:7). En nous exhortant à prendre patience, Jacques vise un but bien précis ici et nous le voyons dans l’illustration qu’il nous donne dans les versets 7 et suivant. “Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies de la première et de l’arrière-saison” (Jac.5:7b).

 

Le laboureur que décrit Jacques ici n’est pas le simple ouvrier des champs, mais le propriétaire de la terre en question. C’est l’homme qui a investi sa vie à travailler sur sa terre afin de récolter les fruits de son travail. C’est celui qui se lève à tous les matins pour aller labourer le sol, planter les semences, arracher les mauvaises herbes, cultiver, fertiliser et qui accepte d’attendre encore et toujours. Pendant un certain temps, il n’y a rien qui se passe, parce que la terre ne produit aucun fruit pendant une certaine période de temps. Puis, les premières pluies font leur apparition devenant de plus en plus violentes en octobre et en novembre, assouplissant le sol durci et desséché par le soleil pour le rendre fertile. Finalement, les pluies de l’arrière-saison commencent en avril et mai, accompagnées par des températures plus élevées aidant ainsi les fruits à pousser et à arriver à maturité pour donner une récolte abondante.

 

L’image que Jacques utilise est une image courante qui représentait bien le peuple Juif. Dans l’Ancien Testament, on utilisait “les pluies de la première et de l’arrière-saison” comme image des bénédictions que Dieu voulait déverser sur la nation: “connaissons, cherchons à connaître l’Eternel; sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore. Il viendra pour nous comme la pluie du printemps qui arrose la terre” (Osée 6:3). “Et vous, enfants de Sion, soyez dans l'allégresse et réjouissez-vous en l'Éternel, votre Dieu, car il vous donnera la pluie en son temps, Il vous enverra la pluie de la première et de l'arrière-saison, comme autrefois” (Joël 2:23). Peut-être que vous passez à travers une de ses saisons “dite de sécheresse”, une période où les choses ne vont pas nécessairement comme vous le souhaiteriez. Jacques vous dit de garder espoir parce que la pluie s’en vient.

 

1.2) la récompence de la patience (5:8-9)

Vous aussi, soyez patients, affermissez vos coeurs, car l’avènement du Seigneur est proche. Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères, afin que vous ne soyez pas jugés: voici, le juge est à la porte”.

 

La venue du Seigneur est proche. Elle est imminente. Elle peut survenir à n’importe quel moment. En tant que chrétiens, nous avons besoin de vivre avec cette vision du retour de Jésus-Christ et nous devons éviter de sombrer dans deux extrêmes:

1) le premier extrême, c’est celui qui voit le retour de Jésus comme étant tellement proche, qu’il ne planifie absolument rien pour le futur. C’est ce que Paul souligne dans 2 Thes.2:1-3 et 3:10-12.

2) L’autre extrême, c’est de penser que le retour du Seigneur est tellement loin dans le futur, qu’il n’a aucun impact dans ma vie. Après un certain temps, j’oublie qu’il va un jour revenir.

 

1.3) un exemple de patience (5:10-11)

“Prenez, mes frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment. Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion”.

 

Les récits des patriarches de l’Ancien Testament sont des récits de vie de patience. Tous gardaient les yeux fixés sur le retour du Seigneur mais personne parmi eux ne le disait à cette époque. “C'est dans la foi qu'ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises; mais ils les ont vues et saluées de loin, reconnaissant qu'ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre”. (Hb.11:13).

 

Abraham avait reçu la promesse d’une postérité qui remplirait toute la terre. Est-ce qu’il a vécu pour voir cette promesse s’accomplir à son époque? Non, il est mort sans voir cette promesse s’accomplir. Et pourtant, l’histoire d’Abraham ne se résume pas à une vie ratée. On ne jette pas un regard en arrière sur Abraham pour dire, “pauvre fou! Avoir attendu pendant toutes ces années pour rien.” Au contraire, lorsque nous lisons la vie d’Abraham, nous réalisons jusqu’à quel point Abraham a reçu de grandes bénédictions de la part de Dieu (Hb.6:15).

 

Jacques écrit au verset 11, “nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment”.  Les mots “nous disons bienheureux ceux” proviennent d’un seul mot grec “makarzomen”. C’est ce même mot que Jésus a utilisé dans les Béatitudes (Mat.5:3-12). Nous pouvons traduire ce mot par “heureux”. Jacques est en train de dire ici, “nous voyons ces saints de l’Ancien Testament comme étant heureux parce qu’ils ont souffert patiemment.”

 

“Etre capable de souffrir patiemment” n’est pas normalement considéré comme étant une qualité qui apporte le bonheur dans notre société. Comment pouvons-nous comprendre que des gens qui ont souffert peuvent avoir été considérés comme étant des gens heureux? C’est parce qu’il y a un noble but qu’ils vont atteindre comme conséquence de leur patience.  “Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion” (5:11b). Le jour viendra où parce que nous avons enduré patiemment,  nous entendrons celui qui est plein de compassion et de miséricorde dire, “viens, bon et fidèle serviteur”.  

 

 

CONCLUSION

Prenez patience, rappelez-vous l’exemple du laboureur : « il attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies de la première et de l’arrière-saison” (Jac.5:7b).

 

Frères et soeurs, l’apôtre Paul nous demande de nous revêtir de patience (Col.3:12) et d’user de patience envers tous (I Thes.5:14). Il continue en disant “Prenez garde que personne ne rende à autrui le mal pour le mal; mais recherchez toujours le bien, soit entre vous, soit entre tous. Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ” (I Thes.5:15-18).